Pour cette 20e édition, Rock en Seine s’est offert plusieurs têtes d’affiche au Parc de Saint-Cloud : les Strokes, Cypress Hill, ou encore Christine and the Queens. Mais la star suprême est Billie Eilish. Elle régnait à 22 h sur ce mercredi d’ouverture très girly et gonflé d’une jolie énergie rock de filles. Des « millenials » nées avec le XXIe siècle qui ont des convictions et qui les expriment…
Alors que les consommations se paient désormais via une application cashless (et des stands disponibles sur tout le festival), Rock en Seine brille plus que jamais par son organisation : entrée et sécurité au cordeau, immense foule bien drivée, concerts pile à l’heure, estrades pour les spectateurs à mobilité réduite. Les foodtrucks sont quasiment gastronomiques et les marques se sont précipitées, des mirabelles de l’Est à Transavia ou Doc Martens avec des stands aux jeux multiples (karaoké, babyfoot…). Et il y a bien sûr Mini Rock en Seine pour les enfants.
Bref, c’est un festival tous publics au sens large et ce mercredi soir, même si beaucoup d’adolescentes étaient venues écouter des stars de quasiment leur âge, toutes et tous étaient bienvenus. Avec par ailleurs tout un monde de classes savamment organisé derrière la grande scène : les professionnels, les VIP, les super VIPs, celles et ceux qui ont accès au jardin (tarif « Garden ») et les spectateurs qui ont payé plus chers leurs billets pour un accès plus smooth et des espaces où se reposer (« Primary entry »). Le festival dure quatre jours de mercredi à dimanche, avec une relâche le jeudi.
La programmation de ce mercredi soir est concentrée sur deux scènes : La Grande Scène où la percussionniste virtuose Lucie Antunes, la Suédoise Tove Lo et l’autrice chanteuse et interprète norvégienne Girl in Red précèdent Billie Eilish avec des sets travaillés et un public déjà très attentif qui connaît les paroles de leurs chansons. Pour Girl in Red, l’attitude est rock avec un charisme dingue, mais il y a aussi beaucoup de douceur, notamment dans la voix et un brin de nostalgie pour la britpop des années 1990. Le discours, assez léger, avec la joie d’être à Paris, de manger des croissants, tranche avec les textes simples mais très engagés LGBTQI de ses tubes comme « Girls ».
Du côté de la scène Firestone, la galloise Hanna Grae révélée par sa reprise du tube de Aqua « Barbie Girl » sur Tiktok est une bombe d’énergie. Avec un look plus « Spice Girls » que Grunge, elle partage à chaud les affres des années collège dans son album « Hell is a Teenage Girl ». On revit nos années Beverly Hills avec grande joie. Elle laisse place à la tout aussi jeune Nieve Ella qui vient de sortir un EP carrément pop « Young & Naïve » chez AWAL.
L’entrée de Rock en Seine s’est vidée et le public s’est massé autour de la Grande Scène. C’est la nuit, le concert commence à pile 22 heures et des milliers de téléphones portables sont brandis pour accueillir l’enfant prodige qui prépare son troisième album. Dès les premières notes de « Bury a friend », deux choses sont claires : la production du concert est délirante, VJing compris. Et de 7 à 97 ans, il n’y a que des fans qui connaissent toutes les paroles de la révélation made in LA. Et ses textes si travaillés font toujours leur effet. Habillée réellement grunge, à sa manière de fashionista qui refuse d’être un objet, avec une superposition de couches où jogging, t-shirt de sport et short souples sont assortis à des tresses noires et, un temps, une caquette à motif militaire, Billie Eilish est une apparition généreuse. Les chansons s’enchainent, dans un show hyper travaillé, où l’on commence dans une lumière rouge urgente avec l’énergie âpre de l’album When We All Fall Asleep, Where Do We Go?.
Mais peu à peu le titre du deuxième album « Happier Than Ever » prend vie sur le beau visage radieux de la chanteuse. Et elle semble réellement dans un état de bonheur suprême qu’elle est là pour partager. GO d’un soir, elle nous demande de chanter, de lever le bras, de pogoter et surtout de « sauter sur place et de perdre la tête ». Elle n’oublie pas les titres plus suaves, notamment la quête existentielle de la Barbie de Mattel et Greta Gerwig « What was I made for? ». Elle invite son co-auteur, grand frère et complice, Finneas O’Connor à un moment de duo qui annonce l’album à venir. Et une araignée passe sur « You should see me in a crown », mais contre toute attente, le concert de Billie Eilish est un vrai moment de joie partagée. Pas trop de cris existentiels, pas trop de politique non plus, à part un Vjing qui rappelle l’importance des animaux et un rainbow flag dans lequel la chanteuse s’enveloppe. Mais plutôt un vrai rythme, la voix que l’on aime et un grand plaisir à voir un tour de chant aussi bien travaillé.
À 23h30, la nuit est tombée vers sur Rock en Seine et, mis en appétit par des jeunes artistes nées quasiment en même temps que le Festival, le public attend vendredi pour entendre le reste de cette programmation alléchante des 20 ans de Rock en Seine.
Visuels (c) Photos Officielles et YH