La gravité n’existe pas dans Piano Rubato : entre danses aériennes, déambulations maritimes, quelques pas sur la terre ferme, on ne sait plus où l’on se trouve. Le monde dans lequel évolue le duo est indéfinissable mais totalement hypnotique.
Époustouflante, la mise en scène déploie un piano-bateau à la fois structure, agrès et scène de concert, fusionnant musique et mouvement. À la croisée entre la coque d’un navire et une cage thoracique, la structure respire au rythme du spectacle, où la musique et le corps dialoguent en parfaite harmonie, au rythme de la mélodie jouée par le pianiste installé au cœur de la structure.
Intrinsèquement lié.e.s, la circassienne et son souffle, le pianiste et ses notes, le bateau et ses mécanismes proposent une danse organique où chaque mouvement en provoque un autre. La rigidité première de cette structure-instrument est allégée et poétisée par les rondeurs des côtes du bateau ainsi que par les espaces au sein même de la structure.
Ici, rien n’est figé : la circassienne insuffle littéralement le mouvement au piano-bateau. Son souffle, à peine perceptible, met en oscillation la structure, donnant à cet étrange navire une vie propre, comme mû par les vents d’une tempête invisible.
De fait, c’est un réel voyage au cœur d’une poésie artistique, mythologique et intime que nous offre Piano Rubato.
Surgissant de l’intérieur du piano, dans des volutes de fumées, la circassienne ne cesse de conjuguer son corps, son visage et ses mouvements à différents imaginaires. Capitaine d’un navire, sirène ou créature mythologique, Mélissa Von Vépy métamorphose son corps et nous entraîne dans un ballet aérien fascinant. Ce voyage aérien évoque également les mythes maritimes, notamment la légende du Hollandais volant, ce navire fantôme condamné à errer éternellement. À son image, Piano Rubato dérive entre ciel et mer, entre visible et invisible, porté par le souffle du vent et des songes.
L’alliage entre danse, trapèzes, contorsions et les mouvements continus de l’instrument, nous transporte dans un périple où monts et marées nous apparaissent à travers les états que traversent la scénographie et le duo d’artistes, Stéphan Oliva au piano et Mélissa Von Vépy dans les airs.
Entre errance, perdition, lumières et espoirs, le spectacle explore les notions de voyages, de frontières et d’entre-deux mondes.
C’est à voir au Théâtre de la Cité Internationale jusqu’au 20 mars et pour prendre des places ou avoir davantage d’informations, c’est ici !
Visuel : © Christophe Raynaud de Lage