Le concert d’ouverture du 12 mai 2025 a présenté le pianiste Bojan Z et la chanteuse coréenne Youn sun nah . Deux talentueux artistes qui ont livré une performance en duo au manque d’impertinence.
Le jazz, mes amis, ce cher jazz ! Mais où est-il passé ? Qui l’a vu récemment ? Y a-t-il des avis de recherche placardés sur les poteaux dans les rues ? Des signalements sur les réseaux sociaux ? Parce qu’entre nous, cela fait un moment qu’on ne le trouve plus tout à fait là où on pensait qu’il était… et on commence à se poser des questions. Dans ce lieu magique qu’est le théâtre de l’Odéon, on s’attendait à le retrouver. Faux espoir ! On a tellement aimé les éditions précédentes du festival jazz à Saint-Germain-des Prés. Ce soir, on a perdu le jazz, l’art du rythme et de la liberté, cette musique qui fait rêver par sa spontanéité, son âme festive et son festin d’émotions. Rappelez-vous, il fut un temps où le jazz était partout à Saint-Germain-des-Prés. Miles Davis, Django Reinhardt, Boris Vian , auraient-ils monté un coup pour nous le cacher ? La marche est longue pour le retrouver. Pourtant, on a penché la tête au-dessus des balustrades dorées du beau théâtre, on a tendu l’oreille, on avait envie d’y croire. Youn Sun Nah a indéniablement des capacités vocales incroyables, Bojan Z, un talent pianistique sans aucun doute. Mais le problème, mes amis, c’est que le jazz a perdu un peu de son côté sauvage, et que les pieds ne dansent plus. Le pauvre jazz a été mis dans une cravate – littéralement. Il est devenu… poli. Peu de prise de risque, peu d’improvisation, malgré un beau choix de répertoire : « Feeling good » de Nina Simone, « Summertime », des touches brésiliennes version Maria Joao. Les deux talentueux artistes, à la technicité irréprochable, ont offert une prestation maîtrisée mais sans vertige, sans complicité. Un duo qui aurait pu incendier la scène mais a préféré l’éclairer à la bougie.
Dis, jazz, quand reviendras-tu ? Nous parler avec le langage des tripes et nous donner un peu d’imprévu ? Avec ton swing, tes folies perdues ? Et puis non, le jazz ne s’est pas « perdu », il s’est juste mis en retrait. Car on le trouve encore, dans une cave sombre, quelque part, avec des chaises inconfortables et des éclairages maladroits, toujours prêt à rugir de l’âme d’un musicien convaincu. Ce que l’on aimerait, c’est que cette soirée d’ouverture n’ait été qu’une fausse alerte, et que la prochaine édition de jazz à Saint-Germain-des-prés fasse tomber les masques et que le jazz se libère et se déchaîne de nouveau dans des solos endiablés. Parce qu’il serait beau de voir les lieux mythiques de Saint-Germain-des-Prés au service de la liberté des fugitifs et des passionnés.
Du 12 au 19 mai 2025
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Visuel : ©Mario Forte