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Musiques Métisses 2023, une fenêtre sur le monde

par Farah Malaoui
10.06.2023

Une édition festive et réussie, malgré des coupes budgétaires drastiques.

 

Musiques métisses : Un bouillon de culture dans la renommée d’Angoulême

Carrefour des musiques du monde, la 47ème édition du festival Musiques Métisses a attiré près de 10000 visiteurs à Angoulême du vendredi 2 au dimanche 4 juin. Cette année encore, la programmation de Patrick Duval, son Directeur artistique depuis 2018, a délivré un passeport pour un voyage sonore réussi autour de la planète.

Depuis près de 50 ans, le festival lancé par Christian Mousset brasse les cultures. L’initiative est née de sa volonté farouche de fédérer et mobiliser les énergies pour défendre une certaine idée de la culture, une certaine vision de la planète, et une certaine richesse des relations humaines et culturelles.

Il est réputé dans la France entière pour avoir fait connaitre Johnny Clegg, Cesaria Evora, Tina Riwen, Malouma entre autres figures de la scène mondiale. D’autres comme Gaël Faye, Angélique Kidjo, Rachid Taha, Iam, Tiken Jah Fakoly, Les négresses vertes, Salif Keita, Mélissa Lavaux, Ibrahim Maalouf, Alfa Blondy,… ont trouvé un écho à la mesure de leur notoriété.

Amateurs exigeants de musiques, curieux de découvertes, défenseurs de la création artistique, de la communication entre les peuples, Musiques Métisses n’a cessé d’œuvrer en faveur de l’ouverture en prônant l’interculturalité. Dans son sillon, la réalisation de nombreuses actions déployées toute l’année ont largement contribué à forger la tradition festivalière d’Angoulême qui figure en bonne place parmi les villes de France dans lesquelles il fait bon vivre. Résidences d’artistes à travers la région, concerts décentralisés, chantiers d’insertion, implication des écoles, valorisation du tissu associatif, partenariats avec les entreprises privées et les institutions publiques, et l’entraide avec les autres festivals locaux ont façonné l’engagement solidaire du territoire charentais pour le mieux vivre ensemble. Dans la mémoire collective, Musiques Métisses a été longtemps l’artisan essentiel de cette spirale vertueuse, fabrique de responsabilité citoyenne au service de l’insertion culturelle, l’insertion professionnelle et l’insertion sociale. Une vision claire de la valeur ajoutée culturelle dans notre société, une politique définie support à la décentralisation, des actions décloisonnées utiles pour des résultats durables ont créé cet éco-socio-système.

Coupes budgétaires : la dépolitisation culturelle à l’œuvre

Aujourd’hui le festival a radicalement réduit la voilure. Manque d’accompagnement, de moyens, de logique gestionnaire. Délogé de son site naturel l’île de Bourgines, il a fait un temps moins de bruit. Il a même failli être réduit au silence. Et il a résisté, car c’est la force du patrimoine de survoler les clivages pour témoigner du temps qui passe même lorsque la période est moins favorable à une politique culturelle diversifiée et accessible.

Les festivals comme celui de la BD, le Circuit des remparts et Musiques Métisses ont tendu au-dessus d’Angoulême cette voûte audacieuse, artistique et culturelle unique, attirant des nouvelles initiatives scintillante comme le Festival du Film Francophone d’Angoulême. Alors que ce dernier bénéficie d’une dotation de la Mairie d’environ 180000 euros en prestation et en cash confondus, le Festival Musiques Métisses s’est vu retirer brutalement sa part de subvention par la ville. Approximativement 100.000 euros qui mettaient plus que des pois chiches dans le couscous. Dernier arrivé, dernier servi, cela ne fait pas une politique. On peine à comprendre l’intention en matière culturelle.

À l’heure où les acteurs politiques déplorent le repli communautaire et l’intolérance des réseaux sociaux, QUID du repli politique sur le terrain social et culturel d’une équipe municipale qui affiche négligemment sur son site internet les dates du festival Musiques Métisses de… 2017 ?

L’édition 2023 : résistance culturelle

Ce week-end, le festival international des musiques du monde a franchi le mur du son : tour complet des continents pour un maximum d’influences sonores en trois jours !

Dès le vendredi soir sur la grande scène, Souad Massi accompagnée de sa guitare folk nous a offert un généreux tissages de mélodies et sons plus trashs. Les titres emprunts de mélancolie de Raoui qui l’a fait connaître, ont contrasté avec les morceaux de son dernier album Sequana, plus vigoureux qui a dévoilé sa facette hard rock. La jauge était au maximum à l’arrivée de Faada Freddy. Dans le circuit musical à travers différents projets, il en a fait du voyage depuis son premier passage au festival en 2015. Une tournée planétaire, un passage dans Taratata, et un nouvel album Tables will turn entre rap, soul et gospel, du bonheur en barre qui nous a rappelé parfois les samples mythiques du regretté Manu Dibango.

Le samedi soir, le public a baigné dans la voix chaude et profonde de Blick Bassy portée par des cœurs envoutants, forts en émotion. L’auteur-compositeur-interprète camerounais a partagé lui aussi des titres de son prochain album dans une fusion très personnelle afro-soul jazzy. De quoi surchauffer l’ambiance pour le très attendu Danakil qui a fait le show dans une énergie communicative. Même la pluie n’a pas réussi à dissiper les fans. Le groupe était déjà présent à Angoulême il y a une dizaine d’années. Il a conservé dans son adn, l’essence purement jamaïquaine de son inspiration et s’est imposé sur la planète raggae en apportant sa french touch à travers des textes engagés et exigeants.

Enfin, le final du dimanche a mis la barre haut. Le grand Monsieur du mani mambo, Roberto Fonseca nous a transportés à Cuba dans les vapeurs d’un club des années 30 aux grandes heures du Nacional de la Havane. Avec son nouvel album La Gran Diversión, l’artiste réinvente le style cabaret des années folles. L’élégance du grand Monsieur, la subtilité des arrangements, ont répandu un charme hors du temps. Les derniers festivaliers ont profité de l’alchimie. Enfin, le groupe Gnawa Diffusion a clôturé cette édition. La formation emmenée par Amazigh Kateb a diffusé son pop raï foisonnant inspiré des sonorités subsahariennes d’où le gnawa tire ses origines.

Côté découverte, la petite scène a bien fait le job avec le tango chaloupé sous la voix de velours de Carolina Katún, la chanteuse mexicano-suisse. Autre style, avec le rap mélodieux de Maya Kamaty qui explore les accords résolument modernes pour rythmer une pop créole. Surtout Gérald Toto et son groove acoustique nous a enveloppé dans la ouate de sa voix. Nous étions conquis déjà au moment des balances. Sa concentration, ses mélodies douces sont hypnotiques. Une petite scène qui vaut bien la grande. Inventive, bouleversante, rafraîchissante.

Bon an mal an, la mission continue…

Musiques Métisses continue de rayonner malgré tout, il suffit de voir les têtes d’affiche qui mettent la ville sous les feux de la rampe au niveau international. Une équipe d’organisation resserrée autour de Patrick Duval référent en musicologie du monde -il œuvre également au Rocher de Palmer dans la région bordelaise et à d’autres scènes musicales-, l’engagement bénévole, l’activisme des acteurs sociaux, le volontariat des lieux artistiques, même les fidèles institutions départementale et régionale prennent leur part de cette grande mission culturelle et artistique. Chapeaux les artistes !