Événement qui a fait trembler le Cigale, le groupe MPL était (enfin !) de passage à Paris en début novembre pour faire chanter leur public et annoncer leur prochain album.
Vous adultes – ou adultes en devenir – quelle est la dernière fois que l’on vous a plongé dans un autre univers ? Quelle est la dernière fois que vous vous êtes oublié.es, envolé.es vers d’autres cieux ? Quelle est la dernière fois que l’on vous a raconté une histoire ? L’homme-arbre, Mr. Lichen de son nom, entre en scène, invoque quelques guitares, des maracas et une voix. Le conte peut commencer…
Cinq drôles de garçons entrent en scène, chemises à motifs et bermudas, sourires d’enfants posés sur des regards rieurs. « Tu ne vas pas me croire – Viens je t’emmène voir – Là-bas sous la mousse – Se cache une pousse de maison. » On est en pleine forêt. Ils ouvrent la porte de « La maison » (Bonhommes – 2022), dévoilent leur plume et installent toute la salle autour de la table. Cela ne fait que quelques secondes mais tout le monde déjà vagabonde.
MPL donc, pour anciennement Ma Pauvre Lucette, tout part d’un dicton, c’est le jeu que voulez-vous… Les règles et le sort en sont ainsi, il faut s’y résigner, mais en musique s’il vous plaît ! Voilà en somme ce qu’on imagine avoir émergé dans la tête de ces cinq adorables gugus en 2012, cinq amis qui ont décidé qu’avec un tempo et quelques notes, la vie passerait mieux, que les poèmes qu’ils avaient en eux, il valait mieux les partager, que peut-être à d’autres cela pourrait parler.
Alors ils ont écrit, et à écouter la salle, ils ont tapé dans le mille. Toute la Cigale chante en c(h)œur, connaît les paroles par cœur, peut-être parce que ces hommes sont des conteurs, à la plume délicate, d’une douceur joyeuse. « Lequel de nous deux parlera le premier ? Ce silence murmure que la rumeur dit vrai ; ton histoire ancienne est de retour en ville, et je sens déjà vaciller notre idylle » … A croire qu’il n’y a qu’eux pour parler de nos « Histoires anciennes » (Bonhommes – 2022), peindre nos cœurs en joie et ceux qui saignent.
MPL sait nous parler d’amour et de séduction, inventer des images pour parler en chansons. Ils n’ont pas peur de dire qu’ils sont de grandes « fleurs bleues » qui s’épanouissent (et on attend avec impatience ce titre à paraître sur le prochain album !), qui attendent de danser au bal avec une autre silhouette, qui ont encore l’audace de dire à leurs beaux et belles qu’iels sont des « Diamants » (LU7 – 2015) dans le ciel… Plus qu’on les écoute, on les regarde broder des contes et des images d’un nouveau genre. Comme celui où irréductiblement, un homme à des béguins immédiats, qui l’enflamment chaque fois, et se les tatouent sur le corps, encore et encore, jusqu’à ce que toute la place sur sa peau s’évapore… et qu’il attende de rencontrer celle qu’il aimera un jour un peu plus fort (« Que des cœurs » – L’étoile 2020)
Leur verbe est imagé, vous imprime des mélodies dans le corps, des images comme des dessins animés… Des histoires de bouches qui se retrouvent « pendues comme {des} boucles, à {une} oreille gauche », et qui chuchotent et accompagnent… la sensualité de la suggestivité (« Ma bouche » – Bonhommes – 2022). Des histoires de tempêtes, et de prénoms, de prédestination, comme on se (re)pose des questions toutes bêtes, comme des enfants peut-être (« Joséphine » – L’étoile – 2020). Des histoires sur « Le mystère abyssal » (L’étoile – 2020), et tout ce qui fait un peu mal.
Comme leur texte la mise en scène est simple, mais juste. Quelques cubes pour se surélever, de bons choix de lumière, cinq micros sur pied, une couverture patchwork, celle de la pochette de leur dernier album. Et un peu celle aussi sous laquelle on se cachait enfant pour se raconter des histoires qui font peur et des souvenirs. Pour se parler des dimanches, des « cendres » à répandre (L’étoile – 2020), de la douleur et des grands-parents, du « blanc » de la neige qui ne parait plus chaque hiver (Bonhommes – 2022).
Si le groupe existe depuis plus de 10 ans, il ne s’assoit pas plan-plan sur ses lauriers. Preuve en est avec la parution ces derniers mois de nouvelles versions d’anciens titres… Un « Lulu 2 » et un « Petit chat 2 ». Deux titres emblématiques du groupe, sortis il y a presque 10 ans, et qu’ils ont réécrit, parce que les paroles ne voulaient pas dire ce qu’eux voulaient dire, trop de violences et de sexisme intégrés. Dans leur « Petit chat 2 », désormais, on ne dira plus « Je t’arracherai la vie neuf fois s’il le faut » mais « Je t’attendrai pendant tes neuf vies s’il le faut ». Ce n’est pas grand-chose, mais quand il s’agit de mots, c’est toujours beaucoup.
Comme c’est touchant de constater que leur staff n’est pas un concentré 100% testostéroné, que puisqu’ils sont déjà cinq hommes sur scène, dans leur équipe, ils veulent faire travailler des filles. C’est banal, mais si normal dans l’industrie musicale. Et puisque dans leurs chansons, ils veulent parler de choses qui comptent, comme dans ce titre à paraître, en duo avec Clou, où ils racontent que pour partir en voyage, il suffit de partage plus que d’avion au décollage. Et que pour faire passer leur message, leur bienveillance et leur joie, ils jouent avec leur public qui plane sur un nuage. Dans la fosse, il n’y a qu’à voir, on rit, on pleure, on s’embrasse et on s’étreint.
Alors d’aucuns diront que ce ne sont que des mots et des mélodies, nous répondront qu’un mot, une mélodie, c’est gigantesque. Parce que les mots sèment des images qui restent dans les têtes et dans les cœurs, comme de délicieuses fleurs ou des petits malheurs. Avec leurs voix et leurs vers, ces cinq-là repeignent les imaginaires, se questionnant sur le sens et la portée, inventant d’autres couleurs et d’autres rimes. Ce sont des « Bonhommes » (Bonhommes – 2022) comme ceux-là que l’on veut aujourd’hui, sûrs de ne pas avoir besoin d’être durs pour être du futur.
MPL se compose de Julien Abitbol (guitare), Cédric Bouteiller (chant), Arthur Dagallier (chant, machines, jeu), Andreas Radwan (basse) et Manuel Rouzier (guitare).
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