Le retour de celui qui a marqué notre jeunesse avec « Love me, please love me », « Lettre à France », « Goodbye Marylou » et « Holidays » ne pouvait être qu’un événement majeur. C’est donc avec empressement, mais non sans appréhension, que nous avons découvert ce nouvel opus. Il faut dire que son dernier véritable album remontait à février 1990 — une éternité !
L’artiste nous propose huit titres, dont quatre instrumentaux, ce qui s’avère excessif. Les morceaux s’enchaînent sans susciter de réelle émotion, et le sentiment dominant demeure, hélas, l’ennui.
Les compositions manquent de relief et semblent simplement pasticher des œuvres antérieures. Les paroles, grandiloquentes, peinent à captiver l’auditeur. On cherche en vain le révolutionnaire qui entendait bousculer les mentalités. Même le morceau phare, « Tu n’m’entends pas », déçoit tant il évoque des mélodies passées.
Ce qui frustre davantage encore, c’est qu’en trente ans, Polnareff semble avoir ignoré l’évolution du rock, la sophistication des arrangements et l’émergence de nouvelles sonorités.
Faut-il pour autant parler d’échec total ? Restent les morceaux instrumentaux qui confirment que Polnareff demeure un pianiste d’exception, au toucher remarquable. Mais là encore, l’inspiration fait défaut, jusqu’à emprunter des réminiscences de « Layla » de Clapton dans « Un moment », titre conclusion de l’album.
Est-ce donc un disque conçu uniquement pour justifier une tournée financièrement lucrative ? Peut-être, mais le résultat déçoit. La preuve que tout le monde n’est pas Elton John.
Visuel : ©Warner Music / Michel Polnareff – Album « Un temps pour elles »