L’Avenue Montaigne reste fidèle pour le dernier mandat de Michel Franck, à un modèle qui a fait ses preuves : quelques opéras mis en scène, beaucoup d’œuvres lyriques en version-concert, opéras, oratorios, messes, des concerts prestigieux avec invitations des plus grandes formations et des chefs de qualité internationale et des récitals chant ou instruments.
Les titres choisis sont variés et intéressants, faute d’être tous très novateurs dans la maison. Le premier, dès novembre, n’est d’ailleurs pas un Opéra mais une œuvre religieuse, la célèbre Passion selon Saint Jean de Bach, qui fêtera ses trois-cents ans dans une mise en scène-chorégraphie de Sasha Waltz, grande dame de la danse contemporaine et l’ensemble Cappella Mediterranea sous la direction de Leonardo Garcia Alarcon.
En décembre, ce sera au tour du Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc que le Théâtre nous a déjà proposé en 2012, et qui revient, toujours dans la mise en scène inoubliable d’Olivier Py, avec quelques-uns des interprètes de sa création, notamment le trio Patricia Petitbon, Sophie Koch et Véronique Gens. Vanina Santoni, fidèle du TCE que l’on retrouve toujours avec plaisir dans les murs de même qu’Alexandre Duhamel et Jodie Devos ainsi que le merveilleux Sahy Ratia, complèteront cette distribution sous la direction de Karina Kanellakis. Et pour parfaire la qualité musicale de cette reprise, nous aurons « Les Siècles » dans la fosse.
En février nous irons faire un tour dans le répertoire baroque avec le Semele de Haendel, l’une des plus belles partitions du compositeur, une œuvre en anglais qui réunira une distribution prestigieuse avec Pretty Yende, Ben Bliss, Carlo Vistoli ou Alice Coote sous la direction d’Emmanuelle Haïm et dans une mise en scène de Oliver Mears, directeur artistique de Covent Garden.
Et comme il en faut pour tous les goûts nous aurons ensuite dès mars un véritable quarté gagnant avec le Werther de Massenet, mis en scène par le toujours inventif Christof Loy, sous la direction musicale de François-Xavier Roth (et les « Siècles » dans la fosse à nouveau), Benjamin Bernheim dans le rôle-titre (qu’il a déjà chanté sur d’autres scènes mais pas encore à Paris) et la prise de rôle de Marina Viotti en Charlotte. Savoureux !
On se réjouit de retrouver du Richard Strauss avec Le Chevalier à la Rose en mai, l’un des chefs-d’œuvre du couple formé par le compositeur bavarois avec le poète de génie Hugo von Hofmannsthal, avec Marlis Petersen, Marina Viotti, Regula Muhleman et Jean-Sébastien Bou, sous la direction d’ Henrik Nánási et dans une mise en scène de Warlikowski.
Enfin n’oublions pas l’opéra adapté pour les petits dont le Théâtre s’est fait une spécialité en montant tous les ans une œuvre classique re-visitée, traduite et raccourcie pour le jeune public avec préparation dans le cadre scolaire et participation aux séances. Cette année ce sera Un Elixir d’amour, d’après Donizetti (en juin).
Notons d’abord une sorte de cadeau d’adieu de Michel Franck, la trilogie Mozart-Da Ponte, avec Cosí fan Tutte en septembre, Don Giovanni en janvier et Les Noces de Figaro en mars, direction musicale et distributions variées à découvrir.
Avec l’Opéra de Lyon et son directeur musical Daniele Rustioni, l’avenue Montaigne nous proposera Andrea Chénier en une seule séance le 18 octobre avec une distribution prestigieuse (Anna Pirozzi, Riccardo Massi et Amartuvshin Enkhbat). À ne pas rater ! Le Théâtre nous avait déjà présenté une luxueuse version concert de ce même opéra, cette fois avec l’orchestre de l’Opéra de Munich et son directeur de l’époque Kiril Petrenko.
Le baroque se taille la part du lion, avec notamment, des oratorios et opéras de Haendel, Le Messie, Alcina, Jephté et le rare Deborah, de Lully, Persée, de Monteverdi, le Couronnement de Poppée.
Il faudra aussi s’intéresser aux brillantes distributions qui verront des stars comme Michael Spyres, toujours fidèle à ce brillant répertoire malgré ses incursions dans Wagner, et qui sera Jephté aux côtés de Joyce DiDonato. On trouvera une autre star, des contre-ténors cette fois, le très charismatique Jakub Józef Orliński dans l’oratorio Deborah, Elsa Dreisig, Sandrine Piau dans Alcina et bien d’autres chanteurs de qualité à découvrir.
Outre la trilogie déjà citée, le Théâtre nous propose également le Mithridate de Mozart, avec une distribution belcantiste idéale très brillante, Jessica Pratt et Serguei Romanovsky en tête, sous la direction de Christophe Rousset avec ses Talens lyriques. Réjouissant !
Et le bel canto se taillera aussi une belle part avec trois titres très excitants de Rossini, L’Italienne à Alger, le Comte Ory et Semiramide, Marie-Nicole Lemieux et Levy Segkapane pour le premier, Cyrille Dubois et Sara Blanch pour le deuxième, Karine Deshayes et Franco Fagioli pour le dernier.
Enfin la période romantique sera illustrée par le Freischütz de Weber avec Charles Castronovo, Golda Schultz et Kyle Petersen.
Les récitals « voix » auront la part belle également comme tous les ans avec quelques duos et quelques solistes, stars actuelles ou en devenir. Ainsi pourra-t-on découvrir le ténor américain Freddie de Tommaso qui fait beaucoup parler de lui ces derniers mois, en compagnie de la soprano Adriana Gonzalez, entendue récemment à l’Opéra de Paris en Liu, dans un programme varié d’opéras, puis Les Lieder et Mélodies de Jakub Józef Orliński, habitué des lieux comme d’ailleurs son ainé Philippe Jarrousky qui se produira à deux reprises, dont l’une pour fêter ses vingt-cinq ans de carrière.
Anna Netrebko donnera des Scènes d’opéra italien avec son mari le ténor Yusif Eyvazov, Pretty Yende proposera quant à elle, des airs de comédies musicales de Broadway et Patricia Petibon, Olivier Py et Jean-Sébastien Bou des extraits de La Grande-duchesse de Gérolstein (Offenbach) et de Ciboulette (Reynaldo Hahn).
Deux concerts à plusieurs voix seront également au programme : le Concert des Diapasons d’or, avec Julia Lezhneva et Pene Pati et le Concert des Voix nouvelles avec les lauréats de l’édition 2023 du concours.
Les grands orchestres sont invités et illustreront tout particulièrement l’année Bruckner. Le Wiener Philmarmoniker se produira deux fois : sous la direction de Daniele Gatti dans un programme Stravinski, Chostakovitch en octobre et celle de Zubin Mehta en janvier pour Mozart et Bruckner.
Le Concert de la Loge de Julien Chauvin fêtera ses dix ans lors d’un gala en janvier, revisitant les œuvres phares de cette formation musicale.
L’Orchestre National de France donnera trois concerts, Mozart et Bruckner d’abord puis, avec Marie-Nicole Lemieux, un programme Ravel et enfin avec Sabine Devielhe un programme varié, de Schubert, Haydn, Mozart, Tchaïkovski.
L’Orchestre de chambre de Paris, parmi de très nombreux concerts, illustrera également l’année Bruckner sous la direction de Thomas Engelbrock, son tout nouveau directeur musical.
Des grands pianistes donneront également des récitals : Nelson Goerner, Evgueni Kissin, Nicolaï Lugansky, Adam Laloum, Jean Lisiecki et bien d’autres encore.
Et ce n’est pas sans émotion que nous apprenons que cette saison sera la dernière des « concerts du dimanche matin » de Jeannine Roze. Après 50 ans, cette dernière a décidé d’arrêter cette formule mythique.
Ce dernier programme est comme d’habitude très riche…
Photo : © Théâtre des Champs-Élysées