Le Festival des cultures juives ouvre avec un grand concert de musique classique arabo-andalouse

Un monument de musique classique du Maghreb

La chaleur était, jeudi soir, le maître mot dans une salle Gaveau pleine avec une météo marocaine, un public de tous âges et de toutes religions ainsi qu’avec un discours habité de la maire de Paris, Anne Hidalgo, en défense de la culture, pour ouvrir le bal. En présence de diplomates marocains et israéliens, ce sont des figures légendaires de la musique classique arabo-andalouse qui se produisaient sur scène. Ce genre, défini à Cordoue par Ziryâb au IXe siècle, réunit aujourd’hui tous les genres de musique classique du Maghreb.

Lorsque les huit musiciens, habillés de manière traditionnelle, prennent place, la salle est déjà presque debout pour applaudir. On bat le rythme dès l’introduction musicale. Septuagénaire charismatique, le mythique Emile Zrihan, chanteur attitré de la synagogue d’Ashkelon, immigré de Rabat en Israël en 1963, connaît à la fois le répertoire de la musique arabo-andalouse et la hazanout (chant synagogal). Il chante de sa voix extrêmement puissante de contre-ténor en arabe et en hébreu. Il prend place au sein des instrumentistes et chauffe doucement son timbre en écho aux voix enveloppantes de certains interprètes. Plus tard, il chante debout devant l’orchestre et cela semble être une toute autre discipline.

Nostalgie et communion

Le public chante et scande avec lui, bat des mains à ses signaux et certains dansent, assis, avec leurs mains. On entre dans un univers aussi vivant que spirituel, qui a aussi quelque chose du jazz quand les extraordinaires instrumentistes se produisent en solo (notamment le joueur de luth Driss Berrada) ou quand « le rossignol marocain » semble défier les lois de la gravité des notes. Au milieu de la première partie, il prend la parole dans un français imagé, ainsi qu’en hébreu, pour parler de son plaisir d’être là et de son art. Plusieurs fois pendant le concert, les musiciens sont applaudis debout.

La deuxième partie gagne encore en intensité ; nombreux sont ceux et celles qui sont venus pour retrouver les rythmes et les sons de leur enfance. On sent leur émotion de les retrouver intacts, préservés. Le public a du mal à quitter la salle quand le concert se termine, à 23 heures passées.