Le 17 Décembre 2023, le Théâtre des Champs Élysées propose un concert de musique de chambre avec le flûtiste Emmanuel Pahud et les solistes de l’orchestre philharmonique de Berlin. Ils interprètent des œuvres de W.A Mozart et d’Antonin Dvorak.
Quoi de plus agréable que d’écouter de la musique de chambre un dimanche d’hiver. Le 17 décembre à 11h, le Théâtre des Champs Élysées nous invite à écouter les quatuors N° 1 et 3 pour flûte et cordes de Mozart et le quatuor à cordes N°12, dît «l’Américain» d’Anton Dvorak. Nous entendons l’œuvre dans une transcription pour flûte et trio à cordes de Stephan Koncz. Le flûtiste franco suisse Emmanuel Pahud, est accompagné de la violoniste d’origine yougoslave Maja Avramovic, de l’altiste espagnol Joaquin Riquelme Garcia et du violoncelliste américain d’origine coréenne Tim Park. Un quatuor de composition originale pour le plus grand bonheur des auditeurs: le chant de la flûte va éclaircir, illuminer le jeu des cordes qui la soutiennent, lui conférant profondeur et sérénité.
Le quatuor N°1 à été composé par Mozart à Mannheim en 1777 – 1778 à la demande de Ferdinand Dejean, chirurgien et… flûtiste amateur. Dans l’allegro initial, la flûte développe le thème, avec légèreté, agilité puis entame un dialogue avec les cordes. L’interprétation d’Emmanuel Pahud met d’emblée en valeur la beauté de la musique de Mozart. Le son de la flûte est sensuel, suave, il rappelle la douceur du velours. L’adagio est très émouvant. C’est un chant d’amour, très pur, très paisible aussi. La flûte est accompagnée par les cordes pincées qui se font discrètes, soulignant la sensualité de la mélodie. Le Rondo s’enchaîne sans pause. Les quatre instruments paraissent se fondre en un seul . La musique est vive, joyeuse gracieuse, l’auditeur pourrait imaginer une fête galante.
Le quatuor N° 3 est plus tardif. Il a été composé à Vienne en 1781 -1782 et ne comporte que deux mouvements. Avec l’allegro initial nous restons dans une musique légère, joviale mais … touchée par la grâce de Mozart. Les cordes répondent au chant de la flûte, de ce dialogue se dégage un sentiment de grande harmonie. L’andantino expose un thème et des variations. Quelle délicatesse, quelle subtilité! Nous sommes dans une douce rêverie parfois teintée de mélancolie. Les élans lyriques sont presque romantiques. Lorsque le violon et l’alto s’effacent le violoncelle est mis en valeur, il reprend le thème lui donnant profondeur et gravité. La musique se fait ensuite très douce, invitant au recueillement avant de retrouver la joie lors de la coda.
Antonin Dvorak (1841-1904) a écrit son quatuor N°12 pendant l’été 1893 à Spillville, Iowa, où vivait une importante colonie tchèque. Il dirigeait depuis un an déjà le conservatoire de New-York. Le quatuor est contemporain de la Symphonie du Nouveau Monde.
Le premier mouvement débute par la flûte rapidement relayée par l’alto. Le rythme est rapide, soutenu, presque haletant. Les influences de la musique américaine s’allient aux chants traditionnels de Bohème surtout dans le deuxième thème. Il est très doux, introduit par la flûte puis le violoncelle avant que l’optimisme américain n’éclate à la fin de l’allegro ma non Troppo.
Le lento exprime un lyrisme très émouvant, inspiré par le blues. La douceur, l’harmonie laissent aussi la place à une nostalgie un peu mélancolique. Le chant du violoncelle de Tim Park s’élève accompagné de quelques notes en cordes pincées du violon et de l’alto. Ce superbe lento se termine par une note tenue, comme dans un murmure.
Retour au dynamisme, aux rythmes brusques, syncopés dans le 3ème mouvement Molto Vivace. Apparaissent quelques notes de la flûte, brèves légères, malicieuses: c’est le chant de la «scalet tanager» la fauvette qu’entendait Dvorak dans son jardin.
Le final évoque «une harmonie américaine», l’auditeur pourrait penser aux prémices du jazz. La flûte insouciante paraît badiner au dessus du rythme grave, envoûtant, assuré par les cordes. Un court passage lent rappellerait la musique chorale qu’accompagnait, à l’orgue de l’église, le compositeur. Ensuite la joie l’optimisme s’imposent jusqu’à la coda où se déploie une grande énergie.
Emmanuel Pahud nous offre en bis un menuet de Mozart en remerciement de l’enthousiasme du public. Un public qui a été effectivement conquis par l’élégance des quatuors de Mozart, l’expressivité de celui de Dvorak et la symbiose parfaite entre la flûte, le violon, l’alto et le violoncelle
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