On s’éloigne de l’ambigu mois de septembre pour se jeter dans l’automne de la ville.
C’était presque beau, pour le moins enchanteur, que de flotter sur l’eau en levant les bras au ciel, et entendre de loin le chant des sirènes ; « Almost beautiful » avec la toujours formidable Anne Homler. Bruits de vague, température très acceptable, été tardif si ce n’est ce retour de bâton de l’amour qui perd sa qualité de fluide et écorche les bords d’une chanson. « GIRLS GIRLS GIRLS » (LSDXOXO) dans le blues 2024 d’un trip hop des ténèbres. Sombre oui, mais héroïque alors forcément à la recherche du grandiose, narcissisme amoureux qui s’enflamme et se répand en cendres dans le vent, sur la plage. Sombre première page d’automne avec ce qui peut-être poserait la signature en tube de FKA Twig. « You feel alone/You’re not alone » … Lorsque le désir devenu solide, du moins en présente toute la stature du refoulée (« Eusexua »). La transition était sans doute un peu abstraite, et le « Tommy » du prometteur album de Fcukers installe son rythme old-school plus ordinaire. La chansonnette dont Noga Erez en donnera la version moqueuse. Nina Hagen des abîmes et de la théâtralité (« Sad generation »).
Une pause, un cri entre félin blessé et canard sauvage ; la verticalité enflammée d’un Magnificat qui tranche dans le vif, du sérieux et de la chair de l’amour, du désir comme conduction de l’âme. Un interlude pour tomber – qui comme Alice- sur un chant de ruine pop, faussement calme, faussement latino, strictement anglais. Voilà où nous en sommes avec Ugly : in a « Icy Windy sky ». Interlude encore pour un printemps disparu, biggUp jazz to Anne Holmer (« The vernon spring », SK-1). On le savait déjà (« I knew it », Laroze), c’est déjà (re)party automnal, vers la chaleur conditionnée et hyper pop d’un dance floor improvisé (« Reason why », SOPHIE).
Retour au grand amour perdu, « GIRLS GIRLS GIRLS » déjà vu et corrigé par Marianne Faithfull et Nick Cave (« There is a ghost ») logorrhée presque médiévale pour l’amant de toujours. Logorrhée ? Besoin morbide de parler sans arrêt, qui survient surtout dans les états de choc, d’excitation ou les états maniaques. Reste à établir le contact « en respectant les règles » ou alors à peu près, en suivant les codes de la danse sociale, la danse de salon, la « Salsa », de Tom Carruter, peut-être l’erreur de cette playlist, trop plate, trop froide. On jugera à l’usage. Le « Good Puss » vénéneux de COBRAH remettra les pendules à l’heure, avant de replonger dans la torpeur sous acide d’une maison de banlieue chérie par deux hypothétiques amoureux (« Suburban house », Lana del Rey/Holly Macve). Où se poser, où s’aimer, sinon dans les vapeurs du rêve et des stupéfiants. Ce que l’on retrouvera dans ce creux de saison (« Wanna »), le mantra de Jamie XX qui réussit cette rentrée à faire mieux qu’avant, à distiller la magie et sa représentation, à extraire de la musique son culte sacré, « In Waves » bien sûr, comme son nom l’indique.