La lumière de Weyes Blood fait battre le coeur de la Salle Pleyel
par Juliette Brunet12.11.2023
En novembre 2022, Weyes Blood dévoilait son cinquième album And In The Darkness, Hearts Aglow, un sublime mélange de folk psychédélique et de pop symphonique. Après avoir enchanté le Trianon de Paris, en février dernier, la chanteuse américaine a illuminé de sa voix la salle Pleyel, ce mercredi 8 novembre, durant le Pitchfork Music Festival.
Composé dans une Californie qui flambe, l’album And In The Darkness, Hearts Aglow est le second d’une trilogie que Weyes Blood a voulu consacrer à la crise aux mille visages de notre modernité. Au travers d’orchestrations harmoniques aux accents de sacré, la chanteuse enferme la destruction climatique, le règne des algorithmes, la société du spectacle ou la perte de sens, dans des morceaux sublimes. Dans son acclamé et précédent album Titanic Rising (2019), Natalie Mering observait notre destin à venir, tout ce qui risquait de nous désunir et de nous détruire. Ce premier opus, né d’anxiétés lucides, trouve sa suite dans le second, qui cherche les traces de l’espérance dans cet étrange chaos. Flamboyante esquisse d’espoir, la performance qu’elle a offerte à la salle Pleyel a illuminé plus d’un cœur…
Parée d’une robe scintillante et mystique, Weyes Blood entre en scène sur les premières notes de l’orchestration baroque « It’s Not Just Me, It’s Everybody ». Si les paroles racontent mélancoliquement le sentiment de solitude, elles en font une émotion unificatrice, puisque si commune, si partagée. Toute la magie de l’artiste est là : lever magnifiquement des paradoxes en indiquant une troisième voie avec ferveur. Après un détour par « Diary », un morceau issu de son troisième album, Weyes Blood nous offre le transcendant « God Turn Me Into A Flower », réinterprétation du mythe de Narcisse, de sa signification dans l’ère du numérique et de la mise en scène de soi. Quittant la terre ferme, le voyage se poursuit vers une autre galaxie, la brillante « Andromeda », dans laquelle nous imaginons parfois quelque chose de mieux, un espoir coincé dans ses étoiles.
Après avoir interprété « Grapevine » et « Seven Words », chantant les attaches aux amours passées, ces poids doux-amers dont on ne peut se délester, Weyes Blood prend place au piano pour « Everyday ». Si l’ensemble de son répertoire est empreint de thèmes spirituels et de sonorités religieuses, c’est avec ce morceau que l’on ressent le plus les accents du gospel. À cette balade, succèdent « Twin Flam » et « Hearts Aglow », sur lesquels s’illumine un cœur rouge inséré dans la robe de la chanteuse. L’esprit de communion et de transcendance cher au sacré emplit une fois de plus la salle Pleyel. Le concert touche à sa fin avec le suprême « Movies », où Weyes Blood ajoute à son interprétation magistrale, des fleurs qu’elle offre au courant de la foule…
Visuel : © Julien Tournecuillert
