Huit ans après la sortie de leur dernier album Music Complet, le groupe britannique New Order continue d’offrir des concerts parcourant leur répertoire mythique, mêlant synthpop et punk-rock. Retour sur l’unique date française de leur tournée européenne.
Pionner et emblème de la new wave, le groupe britannique New Order donnait un concert exceptionnel au Zénith de la Villette ce 26 septembre. Après la sortie de la version définitive de l’album Low-Life en janvier, suivie d’une tournée nord-américaine, le groupe de Manchester s’offre une tournée européenne, de Copenhague à Glasgow, en passant par Paris. Né des cendres de Joy Division après la disparition du chanteur Ian Curtis en mai 1980, New Order fait figure de phœnix musical avec une discographie riche de plus d’une dizaine d’albums.
Des images de plongeons en noir en blanc. Un silence attentif et impatient. Lorsque les clichés se colorisent progressivement, la salle comble du Zénith accueille avec ferveur les cinq membres de New Order. Initialement formé par les trois membres restants de Joy Division, Bernard Sumner, au chant et à la guitare, Peter Hook à la basse et Stephen Morris à la batterie, la formation sera complétée par Gillian Gilbert aux claviers dès le début des années 1980. Après le départ de Peter Hook en 2006, Tom Chapman assure désormais la basse et Phil Cunningham les guitares. Si l’on peut déplorer un faux-départ sur « Crystal », premier morceau de l’album Get Ready (2001), le groupe retombe sur ses pattes avec les deux titres phares « Age of Consent » (Power Corruption and Lies, 1983) et « Ceremony » (Substance, 1987). Une ouverture de concert avec trois premiers morceaux d’album donc. Une jolie mise en abyme qui synthétise leur(s) marque(s) de fabrique : des expérimentations électroniques et mélodiques, des hybridations entre le post-punk et la house, et une énergie prise en étau entre mélancolie et euphorie.
Au fil de la track-list, le quintet a entrepris de sortir des morceaux de l’ombre comme « Shake It Up », de l’album Lost Sirens (2013), qui n’avait jamais été interprété en live, et « World – The price of love », accompagné du clip, tourné en un seul plan séquence. Suivent le dernier morceau inédit du groupe « Be A Rebel » et une interprétation de « Waiting For The Siren’s Call », issu de l’album éponyme, sans grande saveur. Mais de là, les mancuniens enchaînent les titres les plus dansants de leur répertoire, nous faisant complétement oublier la notion du temps : « Sub-culture » (Low Life, 1985), « Bizarre Love Triangle » (Brotherhood, 1986), « Plastic » (Music Complete, 2015), « True Faith » (Substance, 1987). Et en apothéose, sous des lumières tout droit sorties des années 80, le concert se clôture, de façon prévisible mais délicieuse, sur les tubes « Temptation » et « Blue Monday ». Dernier morceau qui est tout simplement le maxi 45 tour le plus vendu de l’industrie musicale…
Au long de sa carrière, New Order a régulièrement repris des titres des albums de Joy Division, en proposant parfois des réinterprétions, comme ce soir avec le morceau « Isolation », figurant sur l’album Closer. Et pour son rappel, le groupe a choisi deux morceaux emblématiques du quatuor post-punk. Au rythme des images du clip du titre « Atmosphere », réalisé par Anton Corbijn, et au rythme de la déliquescence d’un amour raconté par « Love will tear us apart », un silence ému parcourt la salle. Et on ne peut réprimer quelques frissons à l’écoute de ces morceaux qui n’ont rien perdu de leur puissance et de leur émotion…
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@ Julien Tournecuillert