Le 5 avril dernier, Keziah Jones (chant, guitare), Pandit Dinesh (percussions indiennes), Damian Nueva (contrebasse et chant) et Astrønne (harpe électro-acoustique, guitare et chant) investissaient l’auditorium de la Seine Musicale et nous présentaient un project acoustique d’envergure mêlant blues, funk et rhythm & blues. Retour sur un concert événement.
En guise d’introduction, la jeune harpiste Astrønne, robe blanche et bottes cognac, se présente en solo sur la scène baignée de lumières chaudes de l’auditorium. Par un subtil effet de réverbe, sa voix est magnifiée et les sonorités se propagent avec élégance dans l’air. Dans un mouvement souple et gracieux, on l’observe caresser les cordes de sa harpe. Comme un souffle de beauté, les sons mélodieux envoûtent la salle.
Chapeau et costume noir assorti, T-shirt et baskets blanches, Keziah Jones fait alors son entrée. D’un pas vif et élancé, il s’installe au milieu de la scène, saisit une guitare et s’assoit sur une petite chaise noire postée entre deux enceintes. Le public, venu nombreux pour l’occasion, l’accueille chaleureusement. Avec son style blufunk (mélange de blues et de funk) immédiatement reconnaissable, les premiers accords de guitare entrainent la salle dans une rythmique groovy irrésistible. Quand il se met à chanter, ce sont toutes ses good vibes et son énergie contagieuse qui se déploient dans l’atmosphère.
Influencé par Fela Kuti, Miles Davis, Prince et Jimi Hendrix, Keziah Jones (Olufemi Sanyaolu, de son vrai nom) est né à Lago au Nigéria. Il apprendra le piano puis la guitare avant de jouer dans les rues de Londres puis de Paris, dans le métro et dans quelques clubs. Il se fait rapidement remarquer, sort un premier album en 1992 intitulé Blufunk is A Fact!, sur lequel on retrouve notamment son tube « Rhythm is Love », qui fait de lui une star internationale. Ses thèmes de prédilection sont la quête d’identité, l’exil, la politique, la transmission et l’amour… Il enchaine depuis les concerts et les tournées un peu partout dans le monde et chaque passage dans la capitale parisienne est un événement.
En cette soirée d’avril à la Seine Musicale, Keziah Jones semble monté sur ressorts. Il ne tient pas en place. Entre chaque morceau, il se lève, sautille, voltige, tourbillonne. Sa silhouette longiligne arpente la scène avec une certaine frénésie. Quand il joue, il est à 100% dans sa chanson, avec fougue et passion. Pendant le concert, il doit régulièrement faire réparer ses guitares, dont les cordes sautent au fil des titres : « One of the main problem when you play music like this is that you can break the guitare. Well let’s play something less violent… » nous dit-il.
Vêtu d’une longue tunique beige, Pandit Dinesh s’installe aux percussions, lève les bras en l’air et semble invoquer l’invisible avant de se mettre à chanter. Sa voix ouatée remplit l’espace et nous enveloppe de spiritualité. Quand il commence à frapper sur les tablâs et les pakhawajs, c’est tout un langage rythmique qui résonne et nous plonge dans un halo de splendeur.
Dans un style chic décontracté, Damian Nueva impulse une rythmique formidable à la contrebasse et apporte une touche de funk à l’ensemble. Astrønne reprend sa harpe et fait tintinnabuler les cordes. Tous les artistes sont désormais sur scène, leurs instruments vibrent ensemble et leurs voix mélodieuses s’entremêlent magnifiquement.
« You look great, you look like you have great voices, let’s do a voice test » nous dit Keziah Jones. Il se lève, prend le micro dans sa main et fait un tour de piste en chantant pour inviter la salle à le suivre. Il lance des « hooo heee », le public répond et applaudit en rythme. La basse retentit avec un riff qui donne la pêche.
« Let’s rhythm up » entonne-t-il avant de reprendre son hit absolu « Rhythm is love ». Debout, un pied sur sa petite chaise noire, Keziah Jones nous offre une version live dont on se souviendra longtemps. Le public se lève, porté par la rythmique incroyable et percuté par les ondes musicales puissantes.
« Joy in Repetition », « Milion Miles from Home », « Beautiful Emily » feront partie des morceaux choisis pour la soirée. Lorsque les artistes quittent la scène, c’est une foule en délire qui se met à hurler, à frapper des mains et des pieds. Les acclamations vont crescendo. Cris et sifflements se superposent dans un brouhaha festif. Après un rappel jubilatoire, le public repart heureux et se dit que ces 2h sont passées à une vitesse folle…
Visuel : (c) GE
Keziah Jones Acoustic Project feat. Pandit Dinesh
Auditorium de la Seine Musicale
Keziah Jones, chant et guitare
Pandit Dinesh, percussions indiennes
Astrønne, harpe electro acoustique, guitare et chant
Damian Nueva, contrebasse et chant