Vendredi 22 mars, le 38 RIV mettait à l’honneur un quintet d’exception avec Moeun Son (violon), Julian Leprince-Caetano (piano), Galindo Cuadra (guitare), Florent Allirot (contrebasse) et Gabriel Ferrari (batterie). Un concert flamboyant.
Imaginez un club de jazz lové au cœur de Paris. Ses murs de pierres blanches, sa cave voûtée du XIIᵉ siècle et ses lumières tamisées lui confèrent une ambiance authentique et intimiste. La jauge est restreinte et lorsque vous vous installez sur les petits fauteuils de velours sombre, vous savez déjà que le moment partagé sera spécial. Ce lieu chargé d’histoire se remplit rapidement et quand les musiciens investissent la scène, ils sont chaleureusement applaudis.
Un cliquetis délicat se fait entendre, comme un bruissement léger. Un riff de guitare envahit l’espace avec douceur et volupté. L’archet glisse sur les cordes du violon qui frémit. La contrebasse fait résonner les graves. Le piano s’immisce délicatement entre les cordes et dépose ses accords mélodieux. Quelques arpèges jaillissent comme des éclairs, les notes éclatantes se détachent. On croirait alors entendre le doux clapotis de l’eau. Tout vibre à l’unisson et la musique propage ses mélodies mystérieuses. « Reflet » sera le morceau d’ouverture du concert, plongeant l’auditoire dans une sorte de transe contemplative.
Moeun Son fait danser son archet dans les airs, dessinant des volutes évanescentes. Son jeu est sensible, virtuose, fluide. Elle emporte avec elle dans un tourbillon de beauté les notes cristallines du piano, les pizzicati bondissants de la contrebasse, les motifs fous de la guitare, la rythmique des percussions. Son violon exprime toutes les émotions et nous entraine dans un halo poétique irrépressible.
Entourée d’artistes chevronnés, Moeun Son nous offre un moment en apesanteur, où tout devient léger, flottant, sublime. Les notes de Julian Leprince-Caetano scintillent et s’élèvent, majestueuses. Galindo Cuadra, véritable Jimi Hendrix du jazz, nous gratifiera d’une performance extraordinaire, où les sonorités sont réinventées et où les doigts fusent à une vitesse hallucinante. Florent Allirot lance une pulsation, ancre les sons telluriques de la contrebasse dans le cœur des compositions et fait tout résonner dans une nouvelle dimension. Enfin, Gabriel Ferrari crée un climat envoûtant dès les premières secondes. Il joue avec les éléments et les textures, explore les possibilités. Ça chuchote, ça murmure ou bien ça explose carrément dans une rythmique redoutable.
De « Song of us » à « Daybreak », que l’on retrouve sur un premier album très réussi intitulé Intérieurs sorti en 2022, en passant par « Nuit d’été en Corée », « La route des grands crus » ou encore « Oiseau Migrateur », autant de compositions inspirées que de voyages polysensoriels évocateurs.
Une très belle soirée.
Photo : (c) GE
Son Moeun Project
Moeun Son (violon)
Julian Leprince-Caetano (piano)
Galindo Cuadra (guitare)
Florent Allirot (contrebasse)
Gabriel Ferrari (batterie)