Les petites voix de la scène musicale française germent et se déploient. Le 10 avril 2014, Illa a partagé son deuxième EP « Autolyse », une belle promesse pour la suite.
La bedroom pop et son univers intimiste ont de beaux jours devant eux. Depuis l’essor de November Ultra et Zaho de Sagazan, et plus récemment Solann ou Yoa, les femmes aux guitares et aux claviers percent nos casques de leurs témoignages universels.
En 2023, Illa s’était déjà distinguée avec un premier EP, “Averses” habité par un son clavier-voix léger, une mélodie tremblante, pour évoquer ses angoisses et le mal-être cuisant que peuvent renfermer les premières expériences de la vie. Avec ses quatre premiers titres sortis l’année dernière, elle impose son style et sa voix.
Dès Chanel 5, on embarque dans sa 205 et on se laisse guider dans l’amour en auto-dépendance destructrice, et le sentiment d’abandon qui prend place, Encore et encore, parfois quand tout s’arrête.
De sa voix aiguë et cristalline émerge une confidence, celle de s’en sortir et de s’affirmer, mais un peu d’assurance manque encore. Sous les averses, les plaies sont béantes, mais la musique a des vertus consolatrices, apaisantes, et ce deuxième EP de six titres, « Autolyse », acte une progression, un tournant, une affirmation de soi, bien loin de l’autodestruction éponyme.
La souffrance s’est fait dérober sa prédominance par la colère que l’on sentait poindre. Désormais entourée d’une folle équipe – guitare, basse et batterie ont rejoint les claviers -, Illa déploie un grain de voix aux aigus plus roque, sans casser la douceur de son ton. Enveloppantes, ses mélodies dépouillées lui permettent d’exercer sa poétique sur une rythmique guerrière implacable. « Les Nuages grondent », autant que la rage. Elle nous le dit : « le bien est une arnaque inventée par le Truman show », alors autant tout flamber, tout questionner.
L’artiste semble moins sage, aussi tendre que menaçante, déterminée à ne plus se laisser faire par les autres comme par ses propres travers. Ses textes travaillés racontent la propension que l’on peut tous avoir à se saborder, à se fier aux mauvaises intuitions comme aux mauvaises personnes. Écrire semble être pour elle un moyen de comprendre ce qui se trame dans le réel et d’enrayer l’autolyse, l’autodestruction. Ses titres et son univers intimiste, tels des talismans, défendent contre l’oubli de soi. Il est bon parfois de résister pour ne pas s’oublier, avoir la rage de se battre pour le meilleur avec talent, et tout cela, Illa, elle l’a.
Illa sera en concert groupé le 26 avril à la Maroquinerie puis en solo le 29 mai aux Trois Baudets.
Illa_Autolyse – © Ilan Brakha