Avignon, c’est du théâtre, mais pas que. Dans le tourbillon de la programmation qui nous entraîne dans les douleurs les plus vives de notre monde, quelquefois, il est bon de faire une pause. Eh bien, Il nous restera la musique de Nelson-Rafaell Madel, à la Manufacture (seulement jusqu’au 12 juillet), est exactement cela : un moment léger où l’on fredonne « Seras-tu là ? » bien après la fin de la représentation.
Le spectacle est un tour de chant augmenté de témoignages sur l’amour. Sur scène, elle et lui sont muscien.e.s, elle est Sanson, il est Berger. Ils se sont aimés à la folie, et cela ne s’est jamais arrêté, même après les ruptures et les mariages avec d’autres. Toute leur vie, il et elle se sont parlé à travers leurs chansons et leurs mélodies, répondant mots pour mots aux tourments de l’autre. De façon presque littérale, les voix tentent d’être celles des icônes de la chanson française.
Les chansons sont entrecoupées de questions : C’est quoi pour toi, l’amour, être amoureux·se, aujourd’hui ? Sanson/Berger, tu connais ? Et leur histoire d’amour ? Après une rupture, est-ce qu’il y a un lien (épistolaire, musical, relation réelle…), qui résiste au temps, aux autres relations, à la séparation, à la mort ? On savoure cette « relation épistolaire en musique », ce jeu classique de cache-cache entre amants qui là se faisait devant des salles combles. C’est un adorable spectacle qui évidement vous donne envie de réécouter tout Berger et Sanson, en tentant de déceler si d’autres messages ont été dissimulés.
À la Manufacture à 21 h 10 le 12 juillet
Visuel : © Damien Richard