Le théâtre du Châtelet qui accueille les pièces de théâtre les plus classiques du répertoire fait aujourd’hui peau neuve avec une programmation moderne et innovante. Du 10 au 13 octobre, l’Urban Festival prend ses quartiers dans cet écrin aux 2036 places… La classe.
Les rideaux s’ouvrent sur un solo au piano. Issam Krimi nous envoûte et soudain, une rappeuse d’exception, Chilla, ouvre le bal, vite rejointe par Vicky R, parée pour l’occasion d’une tenue 100% strassée. Une mise en bouche puissante qui donne le ton du show à venir, puis c’est un premier morceau que l’artiste propose avec comme seul accompagnement un quatuor à cordes. Surprenant ? Bien évidemment !
C’est dans cette combinaison inattendue que le spectacle, Proses, vient creuser son essence : “Proses/Volume 1 interroge et renouvelle ainsi les pratiques conventionnelles des compositeurs, en bousculant les codes et en mélangeant les esthétiques : comment l’énergie musicale et textuelle du rap est-elle susceptible d’enrichir la musique classique, pourquoi tenter de mixer sample, groove, trap, harmonie, contrepoint et orchestration ?” décrit le théâtre.
Et pour cela, qui de plus à même d’incarner une nouvelle génération du rap, que deux femmes qui s’émancipent des codes du “genre”. Vicky R et Le Juiice font partie d’une nouvelle scène qui se refuse à scinder le rap en deux catégories “féminin et masculin” : pour elles, il n’y a qu’une seule et même catégorie : elles sont interprètes et artistes, point barre. Durant plus d’une heure, nous assistons donc à un enchaînement de morceaux en solo, duo, a cappella. Les voix des rappeuses se posent avec justesse sur le rythme des instruments, et inversement, une agréable complicité se noue.
Si elles sont aujourd’hui réunies sur scène, Vicky R et Le Juiice se sont rencontrées sur Reines, pour l’amour du rap ou cinq femmes à la conquête du rap français, une création documentaire du groupe Canal+. Alors lorsque Issam Krimi leur a proposé de participer à cette résidence artistique à la Cité internationale de la langue française, les deux acolytes ont tout de suite accepté : de là est née cette musique de chambre hip-hop qui casse les codes et ouvre des ponts, et même des autoroutes entre des tendances musicales trop souvent mises en confrontation. Plus déterminée que jamais, Vicky R l’assure “peu importe les guerres, peu importe d’où l’on vient, la musique et l’art nous réunissent toujours, alors chantons”. Et l’on s’exécute volontiers. Le festival propose également de la danse, des battles de hip-hop … Un week-end comme on les aime !
Urban festival, 10-13 octobre au Théâtre du Châtelet. Sur réservation
Visuel : affiche