Après la Route du Rock et Rock en Seine 2022, Fontaines DC est de retour en Europe et jouait hier au Zénith de Paris. Il déborde, vibre, en attentant le groupe irlandais. Pourtant, la foule ressortira légèrement déçue du temple parisien…
Fontaines DC est en tournée pour son quatrième album Romance sorti le 23 août 2024. Deux fois plus vendu que Skinty Fia, Romance est une renaissance pour le groupe. Ils ont quitté Partisan Records pour XL Recordings, symbole d’un nouveau départ, loin de l’inertie – pire cauchemar du rock. C’est l’ancien batteur de Last Shadow Puppet James Ford qui s’occupe aujourd’hui de la production de Romance (Depeche mode, Arctic Monkeys, Last Dinner Party, Gorillaz…). Possible d’y voir la promesse de devenir le plus grand groupe de rock des années 2020… Poètes et instrumentistes remarquables, ils semblent tout avoir pour décrocher le titre de “groupe culte”.
La Villette est envahie depuis déjà un moment. Les basses de la première partie Wunderhorse s’exfiltrent hors de la salle. À 21 heures, il est temps. Un immense rideau argenté est tendu devant la scène. Les lumières s’éteignent bientôt. Projecteurs verts. Basses sourdes. Des silhouettes sombres entament Romance. Le Zénith demande. Le voile finit par tomber, découvrant les six musiciens. Le Zénith hurle. Fontaines DC est surligné par son propre nom au-dessus de la scène. Un immense cœur est suspendu – rappelant l’immonde couverture de l’album – et un drapeau de la Palestine est accroché au clavier de Carlos O’Connel. Rappelons que le groupe s’est engagé en faveur de la cause palestinienne en participant, entre autres, à une initiative du collectif « La culture pour un cessez-le-feu » ou encore dans la publication d’un vinyle exclusif dont les bénéfices ont été reversé à Médecins Sans Frontière.
Le concert continue sur Jackie Down The Line. La balance est excellente, les sonorités lancinantes, les dissonances punk et les sursauts pop sont rendus à la perfection. Les inflexions tout aussi particulières que mélodieuses de la voix de Grian Chatten sont proches de l’absolu. Ce soir, il nous rappelle quelqu’un, le dos courbé et les mains dans le dos. On se croirait à un concert de Oasis. Se mélangent des chansons de A Hero’s Death (Televised Mind, A Lucid Dream), de Skinty Fia (Roman Holiday, Big Shot) et de Dogrel (Big, Boys In the Better Land). La setlist est un sans-faute.
Au bout d’une petite heure et quart, Fontaines DC quitte la scène et s’ensuit un long rappel – peut-être un peu trop long pour les trois simples chansons qui seront jouées. Le show se finit sur In The Moderne World, I Love You et enfin l’iconique Starburster. Le public psalmodie. Toute la soirée, les gobelets ont fusé dans la salle et un pogo tournoyant a habillé la foule.
Mais pourtant, c’est avec une très légère frustration que l’on quitte le Zénith. Elle est grandissante tout au long du trajet retour, comme un arrière goût désagréable. Celui du trop peu. Le concert était court. Et si Fontaines DC sont d’excellents techniciens, spécialistes d’un orchestre rock rarement égalé, il semble manquer une émotion, quelque chose d’organique. Ce soir aurait pu être n’importe où et les membres ne se sont pas adressés la parole une seule fois. Est-ce le pendant de la perfection ? Le moment où méthode devient froideur ? Donc oui, hier soir, Fontaines DC était “presque culte”.