Peut-on faire plus Cult ? La star israélienne Noga Erez revient avec un album aux croisements des genres et des thèmes. Son Vandalist est un braquage pop aux accents hip hop et électro. On adore !
Elle commence avec Vandalist, le titre éponyme de l’album par un « Je dors avec un œil ouvert et avec mes chaussures ». Nora Egez, la trentaine assumée, assume vouloir tout rafler sur sa route, dans cet album qui est plus personnel et moins politique que le précédent, Off the radar en 2017. Ici, elle décide de nous faire danser vite et fort. Chaque titre est un banger. Son «Dumb» à la mélodie répétitive et entêtante cumule des tessitures orientales et presque reggae.
Sa voix se niche pile dans celle de Billie Eilish, comment faire plus dans l’air du temps. Elle s’amuse à mélanger les styles et les langues, elle rape autant qu’elle chante en anglais, accueille des chœurs dans des envolées lyriques. Et puis elle avance, encore et encore vers ce qui la taraude, elle s’excuse de « trop s’amuser ». Elle accueille dans le fond et dans la forme. Le « A +» fait entendre du rap en hébreu, «Ayayay» lui, invite Dillom en espagnol.
On avance, on avance et on scotche sur le cinématographique «Godmother» avec Eden Ben Zaken qui cumule tous les bons points des chansons qu’elle égraine depuis le début de ce Vandalist. Refrain haut perché, paroles intenses, touches orientales. Elle y parle de ses origines, elle qui est née dans la très chic ville de Cesaré est pleine d’origines multiples « Maman est du désert et Papa de la neige ».
Ce titre, elle l’amène avec « Hey, Hi », une parenthèse d’à peine trente secondes où elle se joue de celles et ceux qui l’écoute, de la temporalité, de l’industrie. Elle, la vandale chic, déjoue les codes et croque sans un sérieux assommant quelque chose de l’époque. C’est avec un procédé similaire qu’en une minute quarante, sur des notes de pianos stridentes, elle clôt l’album. La rappeuse énumère les noms de celles et ceux qui l’inspirent, la nourrissent, la poussent. Cette incantation l’inscrit dans une lignée et souligne le sublime de son phrasé. On ne peut pas s’empêcher d’y voir un clin d’oeil au dernier album de Beyoncé, « Act II Cowboy Carter », pensé comme une radio. Comme elle, Noga accompagne notre écoute par ses interludes qui nous ouvrent un peu plus son imaginaire.
Plus hip hop qu’électronique, Vandalist est aussi totalement sexy. Noga rappe mais elle peut prendre toutes les casquettes. Suave ou roque, pleine de langueur ou affûtée, elle oscille jusqu’à se permettre, dans un vrai slow, de se faire diva dans « Police »… La Roxane du fameux groupe du même nom n’a qu’à bien se tenir… et au cas où vous n’auriez pas encore embrassé votre dulcin.é.e, « Mind Show », quasiment susurré, finira le job.
Leçon de provocation classe et bien pensée, cet album inscrit Noga Erez dans la liste de celles et ceux qui vont compter car iels auront osé !
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