Cinq ans après son dernier album, le chanteur à la voix douce et grave, très installé dans le paysage électro-pop des années 2010, se tait pour un album 100% instrumental et par moment carrément instrumental.
Octave Noire avait subjugué la planète pop en 2017 avec Néon et le tubesque Un nouveau monde. Ensuite, en 2020, il revient avec Monolithe aux textes désabusés. Nous le retrouvons en ce début de saison 2025 avec Half Infinity que l’intéressé décrivait de la sorte en 2024 :
« Prends ton temps et monte le son. Dans quelque temps, je partagerai un album de musique instrumentale que j’ai composé ces dernières semaines. Ce sont des morceaux tantôt orchestraux, tantôt minimalistes. Pas de règles, juste l’envie de faire voyager autant que possible. D’ici là, je posterai des versions “live” de ces morceaux. En voici le premier. L’album s’appellera Half Infinity. »
Pour comprendre ce passage de la pop à l’instrumental, il faut revenir à la biographie de Patrick Moriceau. Arrivé à Paris à l’âge de dix ans, il a poursuivi une formation musicale en suivant des cours de piano classique et de jazz, puis un cursus de musicologie à la Sorbonne. Tout cela semble s’être fondu dans ce nouveau projet.
Il faut aussi dire qu’il n’est pas le seul des artistes de la grande tendance électronisante des années 2015-2017 à avoir coupé sa voix. C’est le cas aussi de Paradis, par exemple, dont Pierre Rousseau est également passé à la musique synthétique pure.
Half Infinity ressemble à un voyage dans un espace qui aurait été influencé par les seventies. Les notes semblent flotter ou prendre un train lent de nuit. L’album s’ouvre par une ballade aux accents électro, une ballade merveilleuse, « 3 Infinitys », puis avance autrement, mais de façon extrêmement pertinente et bien construite vers un format aux allures d’orchestre. « Orca on the Beach » sort les violons pour notre plus grand plaisir, quand « Flooded Room » rappelle que Patrick Moriceau est avant tout pianiste.
Et puis, il y a la fin, la véritable octave, celle qui fait traverser toute la portée, « Simplr Dream » qui sonne lyrique avant de glisser en son cœur un beat électro de plus en plus efficace, jusqu’à, dans ses derniers instants, s’achever en techno brutale. Faut-il y voir un signe pour le prochain album ?
Octave Noire first captivated the pop scene in 2017 with Néon and its hit single Un nouveau monde, before turning to darker tones in 2020 with Monolithe. Now, in 2025, Patrick Moriceau — the man behind Octave Noire — returns with Half Infinity, an instrumental album blending orchestral textures and minimalism. Trained in classical and jazz piano, as well as musicology at the Sorbonne, Moriceau fuses his background into a journey where notes drift like night trains. From the dreamy opener « 3 Infinitys » to the violin-led « Orca on the Beach » and the lyrical-electronic « Simplr Dream », the record charts a path from ambient soundscapes to raw techno. A bold step away from vocals, Half Infinity suggests new horizons for Octave Noire’s evolving sound.
Visuel : ©Pochette d’album