En ouverture des Inrocks Festival, le Centquatre invitait ce 27 février la multi-instrumentiste Lucie Antunes à jouer la version augmentée de son album Carnaval. Un concert et une soirée « parfait.e.s »
Ce soir, la rue est noire de monde devant le Centquatre, la file d’attente remonte bien au-delà de la rue Curial. L’engouement n’est pas vain. Lucie Antunes est un phénomène qui allie les mondes comme personne dans un arc allant de Marina Abramović (son artiste préférée) à Soulwax. Elle vient du pur classique, elle a été formée au CNSMD de Lyon et elle maîtrise les percussions à la perfection. Elle produit une musique unique à elle, qui fonctionne par strates. À la première oreille, c’est de la techno, à moins que cela ne soit du jazz, ou alors de l’électro-acoustique. Pourquoi choisir ?
Sur scène, elle est d’abord entourée de son quatuor doudou : Clémence Lasme (avec qui elle jouait dans le groupe Moodoïd), Franck Berthoux aux machines et Louise Botbol, alias Supérette.
Elle commence le concert presque invisible, tapie dans un cadre de lumière blanc et noir. Le premier morceau est le très enveloppant « Yagé », peut-être le titre le plus mystique de cet album. Et puis elle éclaire, elle ouvre, autant que l’espace de scène le permet. On voit débouler des cuivres et des vents, des cloches tubulaires comme chez Steve Reich (pour les cloches du tubesque « It’s Amazing »), et d’autres gens, d’autres voix.
La version augmentée de cet album déjà dingue s’appelle d’ailleurs Amazing Carnaval. Et sur scène, chaque chanson est auréolée d’une création lumière digne du spectacle vivant le plus dramatique. L’album Carnaval nous parvient sans suivre son ordre d’enregistrement, l’entêtant « Carnaval », le titre, arrive d’ailleurs plutôt à la fin du concert.
Cette ouverture de festival a été l’occasion de découvrir les autres titres de la version augmentée de l’album. Baby Volcano, l’actrice Anna Mouglalis, Frànçois Atlas, le Well Quartet et Supérette se succèdent sur scène comme des guests pour des morceaux tous différents les uns des autres. La techno pure de « La Chair », sur laquelle Anna Mouglalis pose sa voix, n’a-t-il aucun rapport avec la folk électronisante de Frànçois Atlas sur « Partir à l’envers » ? Et que dire de l’énergie trap de Baby Volcano ?
Le fil conducteur, c’est bien Lucie Antunes qui sait s’entourer en décloisonnant les styles et les genres. Elle sait avec qui travailler. C’est d’ailleurs Léonie Pernet qui a mixé l’album.
Les Inrocks Festival réussissent donc leur ouverture. La suite s’annonce plutôt cool avec, jusqu’au 2 mars, pas mal de têtes d’affiche : le 29, The Libertines, le 1ᵉʳ Fat Dog / Gwendoline / Lambrini Girls / Rallye / Bingo Fury / Mary In The Junkyard et le 2 Bracco / Faux Real / Unloved / Bolis Pupul / Jaakko Eino Kalevi / Miki.
Amazing Carnaval (CryBaby & InFiné/Idol/Bigwax). Sortie le 1er mars.
Les Inrocks Festival, jusqu’au 2 mars au Centquatre.
Visuel : ©ABN