Au cœur de cette deuxième édition de Chaillot Expérience dédié à l’Algérie, qui se poursuit jusqu’au 19 septembre, la Salle Gémier du Théâtre National de la Danse était transformée en salle de concert et prise d’assaut par les sons hypnotiques et le Vjing symbolique de Acid Arab.
La soirée a commencé tôt à Chaillot, pour ce seul jour d’expérience algérienne sans chorégraphie de Nacera Belaza (lire notre article au sujet de Sur le fil). Dès 18h00, il était possible de voir les saisissants dessins de Nime, en descendant l’escalier vers la salle Gémier, avec leurs femmes sexy comme chez Manara, des journalistes muets et des gouvernants qui jouent les Cendrillons. On nous proposait d’entrer dans le week-end dès 18h, avec une première partie qui était composée d’un défilé et d’une veillée berbère.
Au même moment, à 20h30, l’on pouvait voir ou revoir le superbe Papicha (2019) de Mounia Meddour, où Lyna Khoudri crève l’écran en jeune-femme obstinée et bien décidée à faire un défilé de mode. Concert et cinéma nous éloignaient donc peut-être un peu du cœur des activités de Chaillot. Mais pas trop ! Avant l’entrée d’Acid Arab en scène, le danseur Jimmy Medina, alias Milliard, offrait aperçu de ce qu’on verra le week-end suivant à Chaillot, qui accueille les 25 et 26 novembre le LRC (Life’s Round Contest, c’est-à-dire la mythique coupe du monde de danse électro).
De quoi nous donner tout de suite envie d’onduler, ce que nous continuons volontiers à faire au son de trois DJs des cinq membres de Acid Arab, ce projet né chez Moune dans les années 2010 et qui a été pionnier de l’électro-orientale en France. Alors qu’Acid Arab vient de sortir son nouvel album en février dernier, qui s’intitule ٣ (Trois), les rythmes se superposent. Les langues et dialectes arabes se mêlent, aussi, avec un jeu de lumière entraînant, l’envie de taper dans les mains. Nous sommes en train d’entrer en symbiose, osmose, hypnose. Gémier se transforme en boite noire où seul.e.s quelques un.e.s sont allé.ee chercher des verres dans le foyer où un écran mélancolique renvoie le concert de l’étage du dessous vers la Tour Eiffel. Alors que public est fan, d’âge divers, et très attentif. Du côté visuel, le VJing d’Acid Arab est très particulier. Des couleurs acides, jusque dans les paillettes et le mauve, mais douces à la fois. Et, foisonnant sur le grand écran, derrière les platines : que des symboles. Pas de représentations, donc dans ce que nous pouvions voir, le maximum étant les lettres du mot qui écrit « La nuit » (« Leila »). Puisque plus rien ne s’y opposait, à cette nuit, nous l’avons finie dans le foyer de Chaillot à regarder des vidéos tourner. Et la Tour Eiffel scintiller…
visuel(c) YH