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Diana Damrau : Vienne, Paris, Berlin, l’âge d’or de l’opérette fêté avec élégance et humour, un délice !

par Helene Adam
24.02.2024

La soprano munichoise a enregistré, pour Erato, quelques-unes de ces pépites extraites d’opérettes célèbres ou moins connues qui firent chavirer les cœurs et les esprits. Un très beau choix, un orchestre de grande qualité et – cerise sur le gâteau –  un partenaire de luxe, pour quelques duos canailles délicieux.

Un voyage enchanté

Quel beau répertoire que celui que nous a concocté Diana Damrau en rassemblant ces pépites parfois oubliées, issues d’un âge d’or où l’on aimait oublier les duretés de la vie en s’amusant dans les capitales européennes, avant qu’il ne soit minuit dans le siècle ! Ce sont autant de témoignages de la société d’alors, des thèmes qu’elle appréciait, de la légèreté qui masquait les inquiétudes face aux lendemains incertains et du caractère populaire du genre « opérette » qui « fascinait le public » comme le rappelle l’excellent chef d’orchestre Ernst Theis, qui aime ce répertoire.

De Robert Stolz à Oscar Straus, le CD visite trois des grandes capitales de la musique et de la danse, Vienne tout d’abord, la reine de la valse, mais aussi Berlin et Paris et c’est ce mélange qui, en passant de la nostalgie au rire, de la tristesse à l’humour, de la gravité à la douceur, rend si agréable l’écoute et la réécoute. Le voyage enchanté nous permet de découvrir des trésors cachés ou de ré-étendre des tubes subtilement interprétés. De la fin du 19ème siècle, dans les splendeurs finissantes de Vienne, au milieu des années 50 alors que de nombreux compositeurs prolifiques ont écrit de si belles pages musicales, ce récital séduira à son tour un public nombreux.

Une brillante incarnation

Diana Damrau nous a souvent montré l’étendue de son talent d’interprète au travers des multiples rôles d’opéra qu’elle a incarnés sur scène, de la Reine de la Nuit à Lucia ou à Manon, mais aussi, de son art du Lied. L’opérette la voit particulièrement à l’aise et brillante, capable d’incarner tous ces personnages avec talent, conviction et crédibilité, magnifiquement accompagnée par le Münchner Rundfunkorchester sous la direction d’Ernest Theis.

Elle affirme d’ailleurs son appétence pour le genre : « L’opérette est pour moi le genre le plus complet au sein du théâtre musical » et qui souligne que « ses grands élans, mais aussi sa gaieté et son comique sont touchants et montrent le côté positif de l’existence humaine ». Le CD est sorti au moment où Diana Damrau réalisait une prise de rôle de qualité à l’Opéra de Munich dans l’une des plus célèbres opérettes du Vienne de la fin du 19ème siècle, régulièrement jouée sur toutes les places germanophones (et bien au-delà) au moment du Nouvel An, die Fledermaus (La Chauve-souris).

Soyons reconnaissants à la soprano bavaroise, associée pour la conception de l’album à sa compatriote la soprano Elke Kottmair, spécialiste de ce répertoire, d’avoir exhumé autant d’œuvres oubliées, que l’on a rarement entendues en intégrales et dont on peut ainsi découvrir quelques aspects fort intéressants. Diana Damrau souligne également, dans un entretien consacré à cet enregistrement et concernant ces rôles de femmes qu’elle interprète, à quel point « l’album montre, dans sa dramaturgie, les différentes étapes de ce genre de situation, l’espoir du grand amour, le premier chagrin d’amour, et jusqu’à la manière élégante et coquette de passer outre ».

« Tubes » et pièces rares du répertoire

Si le premier titre « Du sollst der Kaiser meiner Seele sein », l’air de Manon extrait de Der Favorit de Stolz, a été interprété très souvent au disque par des sopranos célèbres comme Lucia Popp, ce n’est pas le cas du suivant, « Schlösser, die im Monde liegen » (Des châteaux qui se trouvent sur la lune), de l’opérette berlinoise Frau Luna, opérette burlesque-fantastique du compositeur Paul Lincke qui eut ses heures de gloire dans la capitale de l’Allemagne dans les années 20.

Dans les deux cas, on saluera l’élégance du phrasé dont fait preuve Diana Damrau et du sens qu’elle donne à ces chansons dont elle colore avec talent les inflexions, évitant la monotonie des refrains et parant son chant de mille nuances qui font sens. L’orchestre l’accompagne sur un délicieux rythme dynamique, dansant et changeant, avec ces belles accélérations et ces ralentissements qui soulignent les nombreuses inflexions nécessaires.

Romantique et un rien langoureux, son « Wär es auch nichts als ein Traum vom Glück » (Ce ne serait qu’un rêve de bonheur) de Franz Lehar (l’un des plus célèbres compositeurs d’opérettes et d’airs tout à la fois légers et romantiques) est l’un des airs de la petite orpheline Eva, trahie par les hommes. De Lehar, on aime également beaucoup l’accompagnement en violon tsigane virtuose de ce bel extrait des « Zigeuner Liebe » où la soprano se prend au jeu et nous offre une lecture intense sur un mode rapide et dansant parfaitement en phase avec les traditions folkloriques de référence.

Dans le répertoire allemand, Diana Damrau nous livre quelques morceaux de toute beauté, extraits d’œuvres qui plongent dans l’Histoire plus ou moins romancée, parmi lesquels nous distinguerons tout particulièrement un superbe « Warum hast du mich wachgeküsst » de Franz Lehar, toute en tristesse et nostalgie, où la voix se fait particulièrement belle. Et l’on sait gré à l’artiste d’avoir exhumé, en quelque sorte, cette belle page extraite de l’opérette Friederike, qui narre l’histoire d’un amour de jeunesse de Goethe à l’issue tragique.

De Franz Lehar, Diana Damrau a également choisi « Du Himmel auf Erden » tiré du Paganini du compositeur autrichien, qui raconte les amours improbables du célèbre violoniste Nicolo Paganini avec Elisa, la sœur cadette de Napoléon Bonaparte.

L’on est également profondément ému par le « Wo die wilde Rose erblüht »  du méconnu Das Spitzentuch der Königin (le mouchoir en dentelles de la Reine) de Johann Strauss où Diana Damrau chante avec deux autres sopranos, Elke Kottmair et Emily Sierra, l’histoire de la passion de la Reine pour le poète Cervantès.

Trois duos de rêve avec Jonas Kaufmann

Une complicité très ancienne lie les deux chanteurs, tous deux nés à Munich, et qui ont partagé la scène lors de deux tournées importantes, chantant ensemble dans une harmonie joyeuse et fort bien réglée, d’abord l’« Italienisches Liederbuch » de Hugo Wolf, charmant jeu de séduction réciproque, où les deux voix alternent en se répondant,  puis un choix de Lieder de Brahms et Schumann. On connait leur belle entente sur scène et les trois duos qu’ils nous offrent sur cet enregistrement sont un véritable régal. Un rien canailles, très sensuels, et fort bien  joués, ce sont des perles où leurs voix et leurs styles se marient si bien qu’on redemanderait bien quelques « encore » qui viendront peut-être plus tard. Le ténor de son côté est désormais une référence dans ce répertoire depuis qu’il a publié plusieurs enregistrements mettant à l’honneur ces pépites oubliées, celles du Berlin des années 25-35, juste avant l’exil ou le silence forcé de nombreux compositeurs pourchassés par les nazis, ou plus tard, ces morceaux choisis des opérettes viennoises.

Le timbre de bronze du ténor et surtout sa ligne de chant soignée, son sens des nuances, la coloration de chacun des mots, font merveille s’enroulant autour de la voix de Diana Damrau, et la sensualité qui se dégage de « Ein Kleiner flirt » extrait Das Lied der Liebe de Korngold, est irrésistible. Soulignons encore une fois la qualité de l’orchestre qui se fait léger avec des accents de danse, accompagnant chaque rupture de rythme, chaque fantaisie des artistes. On atteint des sommets de bonheur avec leur « mein Liebeslied muss ein walzer sein » extrait de l’opérette  Im weissen Rossl  (Au cheval Blanc) écrite par Ralph Benatzky pour laquelle Robert Stolz a composé la plupart des intermèdes musicaux dont celui joyeusement proposé par nos deux artistes. Et l’on n’oubliera pas le beaucoup plus célèbre et facétieux « in Chambre séparée » de l’Opernball de Richard Heuberger, qui commence avec la douceur suave du timbre du ténor et ses belles lignes de chant à laquelle répond la voix un rien plus acidulée de la soprano, et se poursuit avec tout le brio du romantisme dont ils sont capables ensemble en évitant tout à la fois la mièvrerie et la banalité, livrant leur propre incarnation très crédible de ce duo d’amour si connu…

Le répertoire français

Si l’on se félicite que Diana Damrau ait associé à son programme quelques extraits de l’opérette française qu’elle interprète avec beaucoup d’humour et d’allant, on regrettera que sa prononciation française soit assez approximative ce qui gâche un peu le plaisir notamment avec un « ça fait tourner la tête » extrait d’Andalousie de Francis Lopez où seules les quelques phrases les plus célèbres émergent de la chanson (« j’étais vraiment trop bête »). Et de son « Rossignol » du Monsieur Beaucaire d’André Messager (sans les chœurs !), on ne perçoit pas non plus les paroles de manière nette, ce qui réduit le charme des trilles et des quelques vocalises de la soprano. De Messager, Diana Damrau nous offre également un « J’ai deux amours » plus intelligible pour un tableau très adroitement brossé. En revanche le célèbre « Bien chapeautée » qui va si bien à l’élégance naturelle de la soprano, est moins convainquant tant les phrases si bien dites en musique et en rythme, souffrent de cette diction imparfaite.

Il faut ajouter à cette réserve, la voix parfois trop acide de Diana Damrau dans les aigus :  cette belle voix qui nous éblouissait tant dans les airs emblématiques de la Reine de la nuit, s’est un peu abimée avec le temps.

Restent un art de la comédie comme du drame, qui rend si attachante son incarnation sur scène comme au disque, pour un enregistrement de très grande qualité, qui met de bonne humeur pour la journée et après tout, nous en avons bien besoin !

CD Opérettes, Wien, Paris, Berlin

Diana Damrau • Ernst Theis • Münchner Rundfunkorchester

Label: Warner Classics / Erato
Date de sortie : 8 décembre 2023

Photos : © Parlophone LTD by Simon Fowler pour le CD Opérettes

Photo : © Antoni Bofil pour le  Palau de la Musica Catalana (Diana Damrau, Jonas Kaufmann, Helmut Deutsch)