Colt : une première Cigale en folie

Comment vous allez ?  

Coline : Moi, je me sens étonnamment calme. J’ai un peu l’impression d’avoir un ninja dans la tête qui est en position de yoga là. Au moment du début du concert, il va se réveiller. Là j’ai l’impression d’être une personne toute sage.

Antoine : Je pensais aussi que j’allais être mort de stress, mais pas du tout en fait. On s’est bien préparé, on a juste trop hâte.

Comment vous avez appris que vous faisiez la Cigale ? Quelle a été votre première réaction ? 

Coline : Je crois que ça doit être il y a pile un an. On vient de Belgique et l’équivalent de la Cigale en Belgique, c’est l’Ancienne Belgique. On nous a dit, « Vous faites une ancienne Belgique », on était là, « wooow, trop bien ! » et puis on nous a dit, « Vous faites aussi une Cigale en France ! ». C’est venu comme une espèce de petite cerise sur le gâteau. Incroyable. Et on a été également choqués du fait que les deux soient complets. C’est trop cool de faire ça aussi loin de chez soi.

Est-ce que vous pourriez nous raconter comment s’est passé votre rencontre et surtout comment est né votre duo musical ?

Antoine : En fait, on s’est rencontrés dans les rues de Bruxelles parce que nos deux parents ont des animaux de compagnie. À Bruxelles il y a un endroit où on peut lâcher les chiens et tous les deux on allait avec nos chiens au même endroit. On est presque cousins, et les gens pensent souvent qu’on l’est, mais c’est pas le cas.

Coline : C’est la passion canine qui nous a réunis. 

Antoine : Ça fait 5 ans qu’on fait de la musique, mais en vrai, pas longtemps depuis qu’on se connaît. 

Coline : On savait tous les deux qu’on faisait de la musique, mais Toitoine pendant tout un temps, il faisait quasi que de la musique classique. Et puis petit à petit, tu as commencé à te brancher plus à tout ce qui était électro puis pop. À ce moment-là, c’était vers nos 18 ans, on s’est dit qu’on devrait faire un truc ensemble, on devrait faire un « feat ». Il y a eu quelques feats et puis on est devenus un duo. `

Parmi les chansons que vous avez écrites et composées, quelle est votre préférée et celle que vous prenez le plus de plaisir à jouer sur scène ou à chanter ? 

Coline : C’est dur ça. J’ai envie de dire une chanson qui n’est pas encore sortie. 

Antoine : En fait, à chaque fois qu’on nous pose cette question, à chaque fois on dit qu’elle n’est pas sortie parce que souvent, c’est celle qu’on vient d’écrire donc qui correspond le plus à la manière dont on sent sur le moment.

Coline : Mais là, j’aurais quand même envie de dire, c’est marrant parce que c’est la dernière qu’on a sorti, mais c’est une chanson qui s’appelle Demi-mot. Et qui, moi, me touche énormément quand je la joue. Parce qu’elle parle de deuil, elle parle de l’histoire de mes grands-parents. C’est fou de pouvoir partager ça à travers une chanson, à des gens. Quand je la chante, j’ai toujours un peu envie de pleurer, et ça arrive parfois. Donc ça, c’est un truc fort quand même. C’est une chanson qui me tient très fort à cœur.

Antoine : Moi c’est une chanson qui n’a pas encore ça sorti et qui s’appelle « Invincible ». C’est vraiment une chanson où ça commence assez doucement et puis, ça monte en crescendo, ça monte, ça monte, ça monte. Sur scène on la fait durer pendant10 minutes. À la fin, ça explose. J’ai trop hâte de voir comment ça va se passer ce soir.

Parfois, vous évoquez des choses tristes dans vos chansons. Je pense notamment aux thèmes de la rupture, au deuil justement. Pourtant, quand on vous écoute, il y a une profonde énergie qui se dégage de votre musique, une espèce de force, de joie. Qu’est-ce qui anime cette énergie ?

Coline : C’est une belle question. 

Antoine : Je pense que c’est en partie l’excitation de la création, il y a un peu toujours une joie, même si c’est créer des chansons tristes. Il y a un côté libérateur et c’est un côté super grisant à créer des choses qui plaisent aux gens. Donc je pense que c’est aussi une grande source de joie pour nous. 

Coline : Je pense qu’on est aussi tous les deux de grands utopistes. On a toujours envie d’y croire. Un truc qui nous unit, c’est le fait d’avoir toujours envie de rester positif. Il y a une envie de garder l’espoir. C’est un truc qui nous pousse toujours vers l’avant. Par exemple, des chansons comme « Demi-mot », qui parle de deuil. Cette chanson est née parce que je me suis rendue compte qu’il y avait quelque chose de beau dans le décès d’un grand-parent. Il y avait un truc tellement grand qui nous dépasse et qui peut être vu d’une manière beaucoup plus douce. Et ça c’est un truc qui m’a hyper fort pris aux tripes au moment d’écrire cette chanson. De nouveau, il y a un peu un truc positif, même dans un truc qui est hyper dur à traverser. 

Qu’est-ce que vous voulez transmettre à travers votre musique, vos chansons, votre écriture ?

Coline : Je pense qu’on a envie de transmettre plein de trucs. Mais d’abord je pense des choses qui nous touchent. On a des trucs à dire parce qu’on les vit, ou quelqu’un les vit autour de nous. C’est comme ça que la chanson sur mon coming-out est née, parce que j’avais envie d’en parler. Et il y a d’autres causes qui nous touchent beaucoup, comme le dérèglement climatique. On se laisse aller.

Est-ce que vous auriez une anecdote drôle à me raconter l’un sur l’autre ou sur un moment que vous avez vécu ensemble ?

Antoine :  Ce n’est pas une anecdote gênante mais plus un truc qu’on retiendra. Il y a un moment dans notre concert où Coline chante en lyrique et elle chante vraiment hyper aiguë. C’est un moment impressionnant. Récemment on a fait un concert où pendant la chanson, son micro s’est coupé totalement. On s’est regardé en mode, « on fait quoi ? » et Coline a dû chanter sans amplification. Au final, elle a réussi à bien passer au-dessus des instruments. C’était quand même cool.

Coline : J’ai une anecdote qui n’est pas une anecdote de concert. Mais plutôt un talent que Toitoine possède, que j’aimerais beaucoup avoir. Il arrive à transformer tout ce sur quoi il y a moyen de s’asseoir en canapé qui a l’air confortable.

Antoine : C’est vrai. En interview, je fais attention mais quand je suis à l’aise, je me mets comme ça. Et puis je descends. Il n’y a plus que ses épaules. Je me retrouve couché sur n’importe quoi. Ton anecdote était beaucoup plus drôle que la mienne ! 

Quand vous étiez petit, quel était votre plus grand rêve ? Et aujourd’hui, qu’est-ce que ce serait votre plus grand prochain rêve ?

Antoine : Depuis que je suis petit, j’ai toujours eu besoin de me dire que j’avais envie d’être utile, de pouvoir me dire quand j’aurai 80 ans que j’aurai fait quelque chose et que je n’aurais pas juste été là, j’aurais amené une contribution à quelque chose. Donc je suis hyper content. Maintenant, avec Colt, on se rend compte qu’avec notre métier artistique, on a l’occasion de faire passer des messages et de parfois faire changer un peu l’avis de certaines personnes sur certains sujets. Notre voix a vraiment un poids. Je suis super content de me dire que c’est un chemin qui est une des nombreuses possibilités pour être utile ici.

Coline : Mon rêve, vraiment, quand j’étais toute petite, et d’ailleurs, j’en parle dans le début de la chanson de « Mille vies », c’était simplement d’inventer des chansons et de les produire pour que ça puisse passer à la radio. Une vraie chanson. Pas juste moi qui chantais dans ma chambre avec ma guitare, mais vraiment avec une prod. Ça me paraissait surréaliste d’y arriver parce que je n’avais pas d’ordi, parce que je n’avais rien, que je ne comprenais pas comment ça se faisait et parce que j’étais toute petite. Et Antoine est venu réaliser son rêve. Et c’est très drôle, parce qu’un des rêves qui était lié à ça, c’était d’un jour remplir l’Ancienne Belgique et la Cigale. Vraiment. Et moi, je pensais qu’à la fin, que le jour où j’allais faire ça, c’est bon, on a terminé. C’était vraiment la finalité. Et donc, être ici ce soir, c’est vraiment très symbolique. Ça va être fort en émotions je crois. 

Est-ce que vous pourriez nous parler un peu de votre prochain album ? Est-ce qu’il est toujours prévu pour ce printemps ?

Coline : C’est bien de dire « printemps », c’est le flou artistique. 

Antoine : Franchement, là, on peut dire que ça y est, on l’a fini. Il est bouclé, presque. Et franchement j’en suis hyper fier parce qu’encore plus que Milles vies, c’est un album dans lequel déjà, il y a pas mal de chansons donc on a pu vraiment y mettre plein d’émotions différentes. très extrême, dans le positif comme dans le négatif. C’est quelque chose qu’on aime vraiment bien faire : prendre une émotion et la pousser à son extrême. Je pense que c’est bien réussi dans cet album. Je suis vraiment content.

Coline : Ce que je peux dire aussi, c’est que ce soir à La Cigale, on va peut-être éventuellement jouer quelques chansons qui font partie de cet album. Il devient réel, cet album. Il arrive là, vraiment.

Est-ce que vous auriez quelque chose à ajouter ? 

Pour toutes les personnes qui n’ont pas eu leur ticket et qui ne seront pas là ce soir, on peut se retrouver dans un an, il faut être un peu patient mais d’ici là l’album sera sorti. On jouera au Trianon le 18 février 2026.