Clou revient avec un deuxième album, À l’évidence, toute en sensibilité et empreint d’une force détermination, celle des fragilités avouées, des blessures dont on décide de se soigner.
Il est des mélodies, douces et légères, comme le vol des oiseaux dans la brise au-dessus de la mer, ou des blés, ou des immeubles à Paris. Ce nouvel opus livré au creux de nos écouteurs à la mi-octobre est empli de celles-ci, qui, comme les berceuses, font s’évanouir les peurs, les douleurs.
Après un premier album en 2020, Orages, Clou poursuit l’exploration de ses thèmes de prédilections avec son écriture délicate. Mais en quatre ans, une chose semble avoir changé, les mélodies tintent plus joyeuses, les rêves paraissent plus réels, comme si l’orage était passé, que les évidences étaient restées. Les onze titres dessinent une mise en mouvement salvatrice, entre prises de décisions et souvenirs, entre légèreté des notes et précision de la voix assurée.
Ce qui marque en premier à l’écoute est la persistance de cet entrain, la roue tourne, avance, et le motif du mouvement, des véhicules revient sans cesse de « Vélo » à « À l’arrière de la voiture ». Il fallait « fuguer, partir » (« Laisser l’été ») pour arpenter de nouvelles routes, se départir des souvenirs et des « bleus » que l’enfance et les années ont faits à l’âme. Ne plus s’enfuir, ni repartir, mais affronter. Prendre le train des choix – pourquoi pas à « Gare de Lyon » ? -, acter des décisions sans savoir vraiment où ils vont nous mener.
À l’écoute, attentive contemplative, on se prend à assister à des paysages que Clou nous peint, celui d’une gare ou d’un train, d’une plage où la mer paraît jaunie comme sur une vieille photographie, de la route qui défile derrière la vitre et des injures que l’on racontera, plus tard, à nos épaules les plus sûres. Car les années apportent cela, l’assurance de ses propres choix, la persistance des rêves, la famille choisie avec qui on peut décider de passer Noël, et l’amour aussi.
Avec sa voix haute et ses envolées de cristal, Clou offre avec délicatesse la preuve que la douceur peut être une arme, que les images et les objets du quotidien sont ce qui nous fait tenir et avancer, qui nous permet et nous autorise à nous affirmer. S’il fallait en souligner deux, il est d’utilité publique de se délecter de son « Chant de Noël » moderne et de son « Longtemps ». Ce dernier titre, d’une littérature pure, ne peut que raisonner. Boxe de sincérité, ode à l’épanouissement, ce titre et cet album nous invitent à danser, chanter, vivre tout de go.
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