Clou, à la vie comme à la scène (du Trianon)

par Laura Dumez
24.03.2025

La scène est à l’os – des guitares, une batterie, un violon et le micro – comme un salon où quatre ami•es auraient improvisé un bœuf. Ce deuxième album, A l’évidence, se caractérise par sa sensibilité empreinte d’une détermination appuyée. Sur scène, il se dévoile dans la même fragilité et la même douceur. Clou, attentive à son public, aussi bienveillante qu’espiègle, nous réjouit, autant qu’elle nous apaise.

Accompagnée de Marie à la guitare et la basse, de Christelle au violon et de David à la batterie et aux percussions, Clou dévoile son album à la manière d’un récital, sans contrefaçon, ni chichi. La salle du Trianon, totalement assise, écoute, attentive celle qui annonce, après avoir ouvert le concert avec « Laisser l’été », qu’elle va « vachement parler ». Et cela lui ressemble car dans ses chansons, elle raconte, peint des histoires, de sorte qu’à la mesure des notes se peignent des paysages et que l’on se retrouve plongé•e « à l’arrière de la voiture » ou « à vélo ». La salle, calme, familiale et sincère nous invite à cela, nous asseoir, nous poser pour écouter la littérature des notes et des phrases, la beauté d’une voix de cristal qui tisse des images.

Sur l’île Trianon

Dans l’atmosphère, il règne une timidité, une pudeur digne des repas de famille d’inconnu•es. Comment animer un dîner ? Comment prendre une salle ? La séduction, l’aise prennent du temps, demandent de laisser le rythme prendre son sens, son tempo, « à l’évidence » de se créer, celle que l’on pense trop souvent qu’elle coule de source. « Une timide Marilyn », « une île sur un coin de bar » et, sur les fauteuils, les cœurs d’âmes sœurs peuvent fondre et se trouver.

« Ça y est on est proche… Je peux vous raconter des trucs persos ! Vous dites oui mais vous ne savez pas … » et, puisque l’on est détendu•es, au coin du piano, on prête l’oreille. Clou délie ses chansons les plus personnelles, nous parle des « bleus » qu’elle a (et que l’on reconnaît), des Noël que l’on n’aiment pas, des rêves, du cardigan d’un quelqu’un que l’on a beaucoup aimé, et des gares où il y a toujours des personnes sur le départ, où il y a tant de gens qu’il y en a sûrement comme nous, comme sa mère, qui ne savent pas trop ce qu’iels font sur terre. Elle nous dit tout ça avec la fraîcheur et la drôlerie qu’il manque parfois au meilleur one wo•man show. Elle nous parle de ses silences gênants, des « ça va ? » qu’elle trouve ridicules, car à ce là, on répond toujours par la positive.

Bien accompagnée

Clou magnifie le fiel de nos colères, portée par son band qu’elle nous présente avec de l’amour et des anecdotes. On les aime tout de suite ces musiciens, tant la complicité est évidente, avec une mention spéciale pour sa violoniste qui excelle dans le maniement subtil de faire des notes l’écho de nos pensées et de nos petites voix internes.

Clou convoque ses bons acolytes pour porter au-delà les messages de sa poésie et de son timbre. Chien Noir chante avec elle les amitiés de briques, celles que l’on bâti à coup d’épaules proposées pour tête ayant besoin de se poser. Tété magicien réveille ses premiers émois, les premiers mots sur mélodies qui ont fait naître son envie. Dans cette salle, on prend la mesure de la littérature de ses notes, de la mélodie de ses mots, de l’importance de ces chansons qui nous berce depuis dix ans déjà.

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