Poursuivant son exploration du vaste répertoire qui existe pour l’orgue et qui jalonne l’histoire de la musique, le label Rocamadour – musique sacrée investit la basilique de Rocamadour. Pour l’occasion, l’orgue du site est joué par l’organiste Emmeran Rollin.
Pour qui joue de l’orgue, Jean Sébastien Bach (1685-1750) est un compositeur incontournable. Si le kantor de Leipzig a composé un nombre considérable de cantates pour les offices dominicaux (dont seulement 200 sont parvenues jusqu’à nous), le corpus pour clavier, lui, est impressionnant. Néanmoins, il a fallu faire des choix et Emmeran Rollin s’est concentré sur une seule tonalité. Celle de sol mineur ; une tonalité qui, explorée sous toutes ses coutures par Bach, permet aussi à l’auditeur de (re)découvrir les diverses facettes de l’œuvre pour clavier du kantor de Leipzig.
Le point de départ du présent CD étant la tonalité de sol mineur, l’auditeur trouvera dans le programme d’Emmeran Rollin quatre versions du motet «Nun Komm’der Heiden Heiland» composées en sol mineur ou dans des tonalités proches. Emmeran Rollin, qui n’a pas encore quarante ans, est un organiste chevronné et joue l’orgue de la basilique Saint Sauveur de Rocamadour avec talent. Le jeune homme utilise des tempos et des nuances quasi parfaits pendant tout le programme, passant d’une œuvre à l’autre sans effort. Outre les motets comme «Nun Komm’der Heiden Heiland » (décliné ici dans plusieurs versions) ou encore «Wo soll ich fliehen hin» l’auditeur a aussi l’occasion d’écouter des fugues couplées avec des fantaisies, comme Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542 ou encore Prélude et fugue en sol mineur BWV 535 ; mais il y a aussi au programme de ce CD une fugue seule : petite fugue en sol mineur BWV 578. Emmeran Rollin joue ces œuvres avec un plaisir gourmand et on ne peut que saluer la très belle performance de ce jeune et talentueux organiste qui connaît son Bach sur le bout des doigts.
Si l’on peut s’interroger sur le choix d’une unique tonalité, sol mineur en l’occurrence, il s’avère tout à fait cohérent même si nous aurions apprécié que trois des versions du motet «Nun Komm’der Heiden Heiland» cèdent le pas à d’autres œuvres tant le corpus pour clavier de Bach est important. Cela étant dit, ça n’enlève absolument rien à la très belle performance d’Emmeran Rollin qui, installé à l’orgue de la basilique Saint Sauveur de Rocamadour, prend un vrai plaisir à le jouer et à interpréter Bach dessus.
Compte rendu CD. Jean Sébastien Bach (1685-1750) : Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542 ; Nun Komm’der Heiden Heiland BWV 659 ; petite fugue en sol mineur BWV 578 ; Trio Super Nun Komm’der Heiden Heiland BWV 660 ; Nun Komm’ der Heiden Heiland BWV 661 ; Prélude et fugue en sol mineur BWV 535 ; Wo soll ich fliehen hin en sol mineur BWV 674 ; Nun Komm’der Heiden Heiland BWV 699 ; Wir Christenleut habn jetzund Freud BWV 710 ; Partite diverse sopra « Sei Gegrüsset, Jesu gütig » BWV 768. Emmeran Rollin, orgue. Label : Rocamadour – musique sacrée. Durée : 1 heure 13 minutes 10 secondes.
Crédit photo : Rocamadour – musique sacrée