09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo
Agenda
Musique
Auteurs et Autrices
Partenaires
Qui sommes-nous?
Contact
Agenda

Une ouverture opéresque pour le Festival Présences dédié à Steve Reich

par Yaël Hirsch
08.02.2024

Alors que l’Ensemble intercontemporain était plutôt en formation « musique de chambre » pour l’ouverture de cette édition de Présences dédiée à Steve Reich, l’auditorium de Radio France a rayonné comme une scène d’opéra ce 6 février 2024, avec deux créations mondiales, une création française de Reich et une musique de film… sans film!

Après le double concert de « preview » de Présences le 5 février à l’IRCAM, où l’expérimentation était au rendez-vous de tous les fans, y compris du guitariste Jonny Greenwood qui a nous enchantés pendant quinze minutes de contrepoints électriques, l’ouverture officielle du festival, mardi 6 février, nous a enveloppés et étonnés. L’auditorium de radio France était plein jusqu’au plafond pour fêter la création en musique contemporaine et un Steve Reich qui fait le pont entre des décennies et des mondes très divers.

Le point commun entre les deux œuvres données de Reich par l’Ensemble intercontemporain dirigé par George Jackson et les deux créations mondiales des trentenaires Josephine Stephenson et Héloïse Werner, c’est un texte ou une histoire. Pour commencer. Prima le parole ? Celles du poème de l’américaine May Sarton dans le poème In time like air, donne son nom à l’œuvre pour grand orchestre et ses mots sont les clés des mouvements.

 

Voix Humaines

 

« Petite forme » de douze minutes pour soprano et violon (Hae-Sun Kang), Close-ups de Héloïse Werner ne pouvait pas ne pas faire penser à La Voix humaine. C’est Emma Werner, la sœur de la soprano et compositrice, qui signe un texte interprété comme une glossolalie : « Il faut peu de mots, seuls des sons pour faire vivre des personnages ». Sauf que les mots qui restent dans la voix de la soprano permettent de glisser, comme chez Reich, par couches, d’un personnage à l’autre. Et il y en a quatre, rythmés également par de petites cloches, le clapet d’un livre qui se ferme et le jeu de comédiennes des deux musiciennes très complices. Alors qu’il y a même une petite mise en scène lumineuse qui figure un labyrinthe, c’est un vrai théâtre plein de glissando et de masques sonores que nous offre cette pièce.

Les glissements dans la création de Steve Reich, qui ouvre cette grande rétrospective qu’est Présences 2024, sont eux aussi, étonnants. Évidemment, vu le thème de Jacob’s ladder, on est un peu déjà dans l’Oratorio, surtout que les versets de la Bible forment le livret de ce que les quatre voix chantent. Ils chantent en dialogue avec l’orchestre et derrière l’orchestre : les vents, les cuivres, le piano et les deux vibraphones. Les ondes se répondent dans une matière sonore à la fois tout à fait spirituelle et tout à fait horizontale. Mais les échos entre les voix et les instruments scandent cette matière de manière tout à fait théâtrale.

Motifs et catharsis

 

Les références qui viennent à Steve Reich pour se figurer le rêve de Jacob vont de Breughel à Guston en passant par William Blake. Nous, on pense aussi un peu beaucoup à Anselm Kiefer pour le brin de ruines dans la mystique. Si bien qu’on enjambe des compagnons des années 1960 de Steve Reich comme Sol LeWitt ou Richard Serra, pour aller encore une fois vers quelque chose de plus incarné, opéresque, même en enlevant les images du plasticien pour qui Reich a composé la musique d’un film : Richter. Frères obsessionnels de motifs (Patterns est le nom de l’œuvre), Reich et Richter ont travaillé ensemble et Reich a mis en musique un livre où Richter découpe et met en scène les couches de son art abstrait. La musique de Reich raconte scrupuleusement chaque étape, sauf que sans les images, la pièce de trente-sept minutes en quatre parties qui finissent quand même par faire une boucle sur elles-mêmes (cela reste Reich !) se transforme en petite symphonie. Sous la voûte de l’auditorium auréolée de rosaces, avec cette fois-ci deux pianos sur scène, les motifs et leurs vagues ne boudent plus la transcendance. La catharsis a lieu, théâtrale, donc, malgré (ou peut-être grâce) à la pénombre et l’abstraction.

Visuel (c) YH