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Un « lundi musical » sous le signe de la diversité des cultures avec Cameron Shahbazi et Sophia Muñoz

par Helene Adam
20.11.2024

Cameron Shahbazi et Sophia Muñoz nous ont proposé, ce 18 novembre, un programme varié dans le cadre des Lundis Musicaux de l’Athénée. La convergence des cultures qu’ils appellent de leurs vœux nous a conduit des origines de l’art lyrique au folklore américain et iranien.

Multiculturel et engagé

Cameron Shahbazi est né au Canada où ses parents iraniens se sont exilés après la révolution islamique de 1979. De son aveu même, il ne se sent vraiment chez lui nulle part ou… partout, à condition que les cultures d’origine diverses s’emploient à converger pour que les dialogues s’instaurent. La musique est un puissant véhicule de cette fusion qu’il appelle de ses vœux, même « quand on ne se comprend pas » ajoute-t-il, « on se comprend quand même » conclut la pianiste qui l’accompagne, Sophia Muñoz.

Il n’avait pas hésité à promouvoir, avec l’Opéra de Francfort, en décembre 2022, un concert de soutien au mouvement iranien « Femme, vie, liberté » (du persan Zan. Zendegi. Azadi) qui s’était déclenché à la suite de la mort de la jeune Mahsa Amini, tombée sous les coups des gardiens de la révolution chargés de faire régner l’ordre en Iran et de veiller à ce que les femmes ne sortent que couvertes d’un voile.

Révélation dans Benjamin

Le contre-ténor Shahbazi n’hésite pas lui-même à aborder le répertoire très spécial de l’opéra contemporain et c’est dans Picture a day like this de George Benjamin que nous l’avons découvert. Il incarnait l’amant avec un aplomb impressionnant et une voix bien projetée au timbre superbe lors de sa création à Aix-en-Provence comme lors des reprises à Strasbourg puis à l’Opéra-Comique. Il a eu également l’occasion d’incarner « the Boy » (l’ange numéro un) dans une autre des œuvres emblématiques du compositeur, Written on skin lors d’une reprise en 2024 à l’opéra de Lille.

Ce « lundi musical » à l’Athénée-Louis Jouvet, se déroulait donc sous le signe d’un melting-pot, offrant au public un véritable voyage dans le temps et l’espace.

Gluck, Haendel, Purcell, Monteverdi

En commençant son récital sur la scène (qui garde pour cette soirée, les aménagements du Don Giovanni en cours), par le mélancolique « Che Puro Ciel », extrait de l’Orfeo ed Euridice de Gluck, cet aria chanté par Orfeo à l’acte 2, sur le thème de l’extase et de la tristesse, le jeune contre-ténor se lance dans le répertoire baroque tardif qui comprend davantage de phrases dramatiques que de virtuosité et qui convient bien à son beau timbre très pur.

 

Il remonte ensuite aux origines de l’opéra, avec le « Adagiati, Poppea… Oblivion soave », extrait de l’incoronazione di Poppea, de Monteverdi, privilégiant à nouveau le style introverti et retenu, très bien interprété, mais pour lequel on regrettera le manque du legato nécessaire à la réalisation parfaite.

 

C’est avec émotion que le contre-ténor aborde une peu plus tard dans la soirée, le très symbolique « Sono stanco… deggio morire, o stelle » cet extrait du Siroe, roi de Perse de Haendel, ce roi qui touche particulièrement Cameron Shahbazi. « Dans ce opéra créé en 1728, et vaguement inspiré de faits historiques, Siroe, l’héritier légitime du trône de Perse, a été injustement condamné à mort, et personne n’est venu le défendre. Il mentionne que les gens qui l’entourent sont soit barbares, soit, pires, silencieux. », déclarait-il à l’occasion des manifestations de 2022. On regrettera cependant que son interprétation purement musicale soit un peu dépourvue des ornementations propres à cette époque.

Audacieuses convergences

Entretemps, Cameron Shahbazi a abordé d’autres répertoires, dans un ordre éclectique qui semble refléter les humeurs du moment – qu’il note dans un agenda qu’il présente au public – et après tout, pourquoi pas ?

Pourquoi ne pas tenter de faire converger « Music for a while » d’Henry Purcell –et « The first time I ever saw your face », d’Ewann Mc Coll ? C’est assez audacieux si l’on considère que le premier est britannique et date de 1692 et le deuxième est américain et date de 1957. Ce n’est pas tout à fait la même langue, ce n’est pas le même style, ce n’est même pas la même fonction ! Et pourtant… Le premier est une composition musicale de l’époque baroque, écrite par Purcell pour une pièce de théâtre, Œdipe et qui a été suffisamment souvent reprise dans de multiples cadres pour avoir bénéficié de nombreux arrangements successifs (ceux de  Golfam Khayam, réarrangés par Sophia Muñoz et Cameron Shahbazi pour cette soirée à l’Athénée). Le deuxième est une chanson à multiples interprètes, et c’est l’une des chansons du célèbre film à suspense « Play Misty for me » de Clint Eastwood.

 

Poursuivant leurs sauts dans le temps et dans les diverses cultures, nos artistes nous offrent également la ballade traditionnelle américaine « Black is the colour of my true love’s hair’ » immortalisée par Nina Simone et une version arrangée par Jon Batiste de « What a wonderful world », ce classique du jazz américain chanté par Louis Armstrong. C’est très bien interprété dans un style plus lent et plus chaloupé et devant le succès de l’air, il sera repris en deuxième « bis » pour clore la soirée. Une berceuse en espagnol, « Nani nani » de Jaoquin Rodrigo, permet une introduction émue concernant la mère du jeune homme, très turbulent dans son enfance (et les mères en général).

Une belle pianiste

Sophia Muñoz, de son côté, tout en accompagnant très brillamment notre artiste lyrique, nous offre deux belles pièces solo, « Orphée’s room », extrait de la suite éponyme for piano de Philipp Glass et une remarquable interprétation, très applaudie, du morceau « Black earth » de Fazil Say. L’œuvre inspirée la chanson Kara Toprak très populaire en Turquie, élargit encore le cercle des « cultures » représentées, tandis que Sophia Muñoz montre que son talent va, lui, bien au-delà de la musique purement classique puisque la part d’improvisation et de fantaisies exercées dans ce morceau, est assez complexe et époustouflante.

L’art populaire iranien

Mais la soirée n’aurait pas pris tout son sens sans l’incursion que nous propose le jeune contre-ténor dans ses propres racines iraniennes et nous sommes totalement séduits par les trois titres qui terminent le programme : « Dar emtedad-e shab » et « Lalaee » de Googoosh et « Bavar kon » de Hayedeh.

Nous connaissons mal ces chansons très populaires en Iran, que nous découvrons à l’occasion de cette soirée et qui ont été immortalisées par de grandes interprètes locales, Googoosh (de son vrai nom : Fāegheh Atashin) et Hayedeh.

Une plongée dans cette atmosphère orientale fascinante qu’il interprète fort bien pour terminer le concert avec deux bis et l’enthousiasme de la salle conquise.

Athénée Louis Jouvet, les Lundis Musicaux – Production Le Balcon, avec le soutien de : la Karolina Blaberg Stiftung

 

Photo du site officiel de Cameron Shahbazi