Les instrumentistes prodiges, tous instruments confondus, sont rares. Théotime Langlois de Swarte, qui a commencé le violon à l’âge de 4 ans, fait partie de cette race à part et le concert qu’il a donné le 28 novembre dernier, avec son ensemble Le Consort, au Théâtre Auditorium de Poitiers confirme l’immense talent de ce jeune homme âgé de 28 ans.
Si la plus grande partie du corpus musical et vocal d’Antonio Vivaldi (1678-1741) a été oubliée pendant plus de deux siècles après sa disparition, il est une œuvre, une seule, qui a connu un succès immédiat et international dès sa création : Les quatre saisons. Et cet ensemble de quatre concertos constitue le cœur même du programme du Consort, lequel a été enregistré dans le courant de l’année 2023 au Théâtre Auditorium de Poitiers et dont la sortie est prévue en 2024. C’est aussi avec une partie de ce programme que Théotime Langlois de Swarte et Le consort sont arrivés sur le vaste plateau de l’auditorium en ce frais mardi soir de novembre.
Ce n’est pourtant pas par une pièce de Vivaldi que le concert débute mais bien par une œuvre de Claudio Monteverdi (1567-1643) : l’Adoramus Te SV 289, transcrit pour orchestre, sert d’introduction pour la suite de la soirée. Dès les premières notes, Théotime Langlois de Swarte montre une énergie peu commune tant dans la direction d’orchestre, précise, nerveuse, dynamique, que dans l’interprétation du chef-d’œuvre de Monteverdi. L’ensemble enchaîne avec l’Adagio en la majeur RV 768 de Vivaldi et il régale le public, venu nombreux, grâce à une interprétation sans faiblesse de cette très courte œuvre. Si Théotime Langlois de Swarte interprète entre chaque concerto des œuvres assez courtes (de 1 à 3 minutes), c’est aussi une manière de faire découvrir au public l’imposant corpus musical de Vivaldi. Mais dès les premières notes du Printemps (opus 8 N°1 RV 269), le public se montre beaucoup plus attentif. L’interprétation et la direction de Théotime Langlois de Swarte sont plus fermes, mais aussi plus souples tant chacun connaît par cœur ces quatre chefs-d’œuvre. L’été, avec son orage impressionnant, remplit l’auditorium avec une telle force que l’on aurait presque l’impression d’en voir un se déverser dans la salle. Quant à l’automne et à l’hiver, ils clôturent un concert de très belle tenue et qui a suscité un grand enthousiasme dans une salle comble. Et d’ailleurs, Théotime Langlois de Swarte et Le consort concèdent deux bis : le deuxième mouvement de L’été, le deuxième concerto des Quatre saisons et une pièce du compositeur anglais Charles Avison (1709-1770) : Con furia.
C’est donc un concert de très haute volée que le jeune et brillant violoniste Théotime Langlois de Swarte et son ensemble Le consort. Le public ne s’y est pas trompé en réservant une ovation debout à l’ensemble des artistes présents sur le plateau de l’auditorium. Et même si l’introduction et la conclusion du concert sont des œuvres de Claudio Monteverdi (1567-1643) et de Charles Avison (1709-1770), il nous aura permis de (re)découvrir des pièces d’Antonio Vivaldi (1678-1741).
Théotime Langlois de Swarte © JB Millot