Compositrice et poète, Augusta Holmes marqua son époque avant d’être oubliée durant des décennies, comme beaucoup de ces femmes indépendantes et créatrices dans ce monde où l’on était encore et seulement « femme de… ». Sa lente réhabilitation est en cours, et l’Opéra de Paris dans le cadre de ses concerts « jeune public » propose une rencontre interactive autour de quelques-unes de ses mélodies pour voix.
Bien qu’a priori confinée à l’art de salon en tant que femme musicienne, Augusta Holmes nous a laissé des œuvres symphoniques, avec ou sans voix, destinées aux grands événements avec grand orchestre romantique, voix soliste et/ou chœur tels que l’Ode triomphale en l’honneur du centenaire de 1789 (1889) et Hymne à la paix (1890).
Elle a également composé quatre opéras dont La Montagne Noire (1884), oublié lui aussi jusqu’à ce que le Palazzetto Bru Zane et l’Opéra de Dortmund le ressuscite en 2024, via une série de représentations dont Cult avait rendu compte avec enthousiasme.
Autant dire que celle qui a fréquenté les plus grands compositeurs de son époque, de Richard Wagner à Saint-Saëns, a été elle-même fait preuve d’un « art total » doublé d’un talent littéraire qui la fit composer plus de cent mélodies.
Ce sont quelques-unes de ces mélodies que le Studio Bastille proposait pour un public composé en partie de jeunes enfants, à partir de neuf ans, dans une présentation orale brillante du pianiste Yoan Héreau et une illustration vocale de la mezzo Marine Chagnon. Le violon de Simon Grimoin s’invitait également pour quelques mélodies.
Charmante heure où nous pouvions écouter la voix chaude de Marine Chagnon et le piano passionné de Yoan Héreau parcourir comme un livre d’images, le « Soir d’hiver », les « trois serpentes » ou « dans un parc abandonné » de la grande musicienne mais aussi quelques pièces emblématiques contemporaines de la même eau, comme le célèbre « Freudvoll und Leidvoll » de Litszt, « Si vous n’avez rien à me dire » de Saint-Saëns, ou le nostalgique air de Mignon d’Ambroise Thomas, « connais-tu le pays ? ».
Nous saluerons un choix judicieux qui permettait de glisser une série d’anecdotes passionnantes sur la vie brillante d’une femme libre.
Deux représentations scolaires les 24 et 25 mars sont programmées pour des groupes.
Studio Bastille, concert Jeune public et public scolaire
Visuel : personnel.