Nils Frahm, explorateur éclectro-néoclassique, passe à Paris le temps de deux dates et envoûte la Philharmonie avant de reprendre son tour d’Europe direction Copenhague. Deux soirées planantes lors desquelles la transe musicale nous transforme en insectes nocturnes…
Dès l’enfance, Nils Frahm fait du piano son instrument de prédilection. Il s’ouvre progressivement à des sonorités électro jouant avec des claviers et machines, jusqu’à donner naissance à un style unique et inqualifiable. Flottant, contemplatif, profond, intime et explosif… En bref, le compositeur Allemand s’amuse avec les sons qui résonnent en lui – et en nous – jusqu’à trouver un climax dans la longueur et l’étalement du temps.
Après un album plus électro, Music for animals (2022), Nils Frahm retourne vers son piano à la reverb étouffée avec Day (2024). Sur scène, il nous offre la réunion de plusieurs titres piochés dans divers disques et nous emmène dans son univers, là où les sensibilités se rencontrent.
Pour ce concert, la salle de la Philharmonie se métamorphose, debout ou assis, le public se balance au grès des mélodies alcalines et des basses profondes. Nils Frahm semble être sur une île ou dans un cocon, entouré de synthés et toutes sortes de machines. Il nous ouvre la porte de son univers intimiste, un cabinet de curiosités. Lorsque sa musique nous emporte, on perd pied, on quitte le sol pour les fonds marins ou pour le ciel calciné. Sons abyssaux ou danse de feux follets, chacun·e y voit ce qu’il entend.
Alors qu’on est lancé·e·s dans notre meilleur trip, Nils Frahm saute de claviers en consoles, son énergie déborde, son corps vit ce qu’il entend. Du cliquetis de ses doigts sur les touches aux craquements des pédales sous ses pieds, Nils Frahms se rapproche de nous – ou on se rapproche de lui. À sa demande, nous nous métamorphosons en insectes et oiseaux nocturnes. Nos petits cris deviennent alors un fond sur lequel il s’appuie.
Mélancolique et envoutant, le concert que nous livre Nils Frahm est une expérience indéfinissable. Les trajectoires sonores empruntées sont pleines de poésie, il nous parle dans l’oreille avec harmonie.
Visuels : ©Leiter ; ©Markus Werner