Après plus de 5000 concerts, plus de 7,5 millions de spectateurs, et près de 1 million de kilomètres parcourus sur son territoire pour apporter la grande musique symphonique aux franciliens, l’Orchestre national d’Île de France fêtait ses 50 ans dans « la plus belle salle du monde » (dixit son chef, Case Scaglione) qui est aussi la résidence de ses 95 musiciens : la Philharmonie. Un concert chaleureux et ouvert sur un « Nouveau monde » somptueux.
Très élégant et très heureux d’être sur scène, Case Scaglione a partagé cette joie de jouer avec le public et nous a rappelé la mission de son orchestre, même si son français a un peu fourché en mélangeant avec humour l’amour et la mort. Arborant chacun et chacune la pampille rouge qui est l’insigne de l’ONDIF, les musiciens ont accueilli sa violoniste supersoliste, Ann-Estelle Médouze pour un très exigeant Concerto pour violon de Brahms (1879). L’orchestre et la soliste oscillent, comme il se doit, entre mélancolie et vitalité dans cette œuvre canonique que le chef dirige d’abord très lentement, avec des temps très marqués. Le public applaudit d’ailleurs entre les mouvements. Très suave et chatoyante, la rayonnante soliste a parfois un peu de mal à répondre ou à se fondre dans l’orchestre, où les bois semblent survoler les vents. Le rythme s’emballe à la fin du troisième mouvement qui trouve son rythme de croisière pour se poser. En bis, le chant des oiseaux de Pablo Casals adapté pour la violoniste et de violoncelles est un grand moment de douceur.
Une douceur que l’on retrouve dans la fameuse Symphonie numéro 9 de Dvorak, composée en 1893, alors qu’il vivait aux Etats-Unis. Le chef semble s’emporter jusqu’à danse. Avec autant de dextérité que de synchronicité, l’orchestre nous enveloppe dans une caresse sonore pour nous faire briller mille promesses de renouveau quelque part entre la Mitteleuropa et le Far West. C’est fluide, c’est limpide, c’est vif et on imagine le travail, et c’est délicat jusque dans les fameuses notes inaugurales des cuivres. Aux premières notes du mythique 4e mouvement allegro con fuoco, on est saisi à la gorge d’émotion. Galvanisé, le public applaudit à tout rompre le jeune orchestre de 50 ans. On finit avec une touche de kitsch, tout de même : un bis qui fait penser aux plus riches heures du concert du Nouvel an et un joyeux anniversaire en présence d’Ann-Estelle Médouze, revenue sur scène souffler les cordes magiques de cette grande date. La tournée d’anniversaire et ce programme Dvorak/ Brahms se poursuivent, tandis que nous souhaitons nos meilleurs vœux à l’Orchestre national d’Île-de-France,
Visuel (c) YH