Le public, venu nombreux pour ce premier concert de la saison a réservé un accueil très chaleureux à l’ensemble des artistes présents sur le plateau.
La 8e symphonie d’Anton Bruckner (1824-1896) est un monument de l’histoire de la musique. En effet l’œuvre, divisée en quatre mouvements, dure environ une heure vingt et nécessite un effectif de 80 instrumentistes. Pour atteindre cet effectif, les responsables de l’Orchestre des Champs-Élysées ont inclus des membres du Jeune Orchestre de l’Abbaye. Cet orchestre est basé en résidence permanente à l’abbaye aux dames de Saintes et sa base est composée d’instrumentistes professionnels qui encadrent les jeunes musiciens qui viennent en stage chaque nouvelle session. En programmant cette œuvre monumentale comme premier programme de la saison 2024/2025, les responsables de l’Orchestre des Champs-Élysées ont pris un pari risqué qu’ils ont largement remporté.
C’est donc dans une salle bien remplie que les musiciens s’installent pour interpréter cette symphonie « fleuve ». Dès les premières notes, Philippe Herreweghe prend son orchestre en main avec une belle maestria ; la direction du chef belge, visiblement très inspiré, est ferme, souple, concise. La présence de musiciens du Jeune Orchestre de l’Abbaye complète avec bonheur l’Orchestre des Champs-Élysées ; l’« alliance » entre les deux phalanges est d’autant plus naturelle que Philippe Herreweghe est partie prenante dans la fondation de l’une et de l’autre. Toujours aussi dynamique, le chef adopte des tempos et des nuances parfaits et les quatre-vingts musiciens présents sur le vaste plateau de l’auditorium suivent leur chef avec une rigueur inégalable. La musique de Bruckner est servie avec un beau talent par un orchestre et un chef visiblement très en forme qui cisèle chaque mouvement chaque thème avec un soin d’orfèvre.
C’est donc une très belle lecture de la VIIIe symphonie de Bruckner que nous ont offert Philippe Herreweghe et l’Orchestre des Champs Élysées en ce froid jeudi soir d’octobre. Et le public, venu nombreux ne s’y est pas trompé en réservant un accueil très chaleureux à l’ensemble des artistes présents sur le vaste plateau de l’auditorium de Poitiers.
Visuel : © Arthur Péquin