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Les « Épopées » : un fastueux programme russe à la Cité de la musique

par Hannah Starman
17.01.2025

Ce mardi 14 janvier, devant la Salle des concerts comble, l’Ondif, le soliste Federico Colli et le chef Case Scaglione nous ont proposé un programme autour des œuvres emblématiques de Chostakovitch, Rachmaninov et Prokofiev. L’interprétation du Concerto n° 3 de Rachmaninov par le jeune pianiste italien a révélé un talent original à suivre.

Tahiti trot (Tea for Two) : une prouesse signée Chostakovitch

 

Réputé pour ses capacités à lire, assimiler et écrire la musique à une vitesse prodigieuse, Chostakovitch a relevé avec brio le pari lancé par son ami et chef d’orchestre Nikolaï Malko. Malko – qui avait créé la légendaire Symphonie n° 1 de Chostakovitch en 1926 – mit le jeune prodige au défi d’orchestrer, en moins d’une heure, Tea for Two, le tube de la comédie musicale No, No, Nanette, qu’il avait entendue une seule fois.

 

Chostakovitch termina l’orchestration de Tahiti Trot en 45 minutes. Traitant son matériau fidèlement, le jeune compositeur de 22 ans confia la célèbre mélodie de Vincent Youmans à divers instruments de percussion, puis à des cordes tour à tour pures et sirupeuses. La partition, capricieuse, provoqua de nombreux sourires. Tahiti Trot fait alors gagner 100 roubles à Chostakovitch qui signe ainsi une œuvre de quatre minutes, brillamment ironique, qui acquiert une popularité phénoménale en Union soviétique.

 

Créé le 25 novembre 1928 à Moscou, Tahiti Trot attirera l’attention des autorités soviétiques qui jugeront essentiel pour la culture soviétique de répudier les « syncopes agressives et jazzy du foxtrot. » Dans son article « Dmitri Shostakovich and Tea for Two » de 1978,  Salomon Volkov cite le verdict du Comité central du parti communiste de l’URSS de 1929 : « L’élément fondamental du foxtrot découle de la mécanisation, de l’érotisme refoulé et du désir d’étouffer les sentiments par la drogue. […] [N]ous n’avons pas besoin de ce genre de musique. »

 

Chostakovitch répudiera, sur un ton moqueur, la « musique légère » en général, et Tahiti Trot en particulier, dans Le Musicien prolétaire, le journal de l’Association russe des musiciens prolétaires en 1930. Plus sérieusement, le compositeur reconnaîtra aussi que sa composition a été une « erreur politique. » Détenue par la veuve de Malko à New York, la partition ne sera publiée qu’en 1984.

 

Federico Colli disruptif dans le Concerto n° 3 de Rachmaninov

 

Après cette mise en bouche jazzy et dynamisante, le programme s’est poursuivi avec le fameux Concerto n° 3 de Rachmaninov, interprété par Federico Colli. Né le 10 août 1988 à Brescia, Colli a étudié au Conservatoire de Milan, à l’Académie internationale de piano d’Imola et au Mozarteum de Salzburg. Lauréat du premier prix au  Concours Mozart à Salzburg, Colli est un pianiste original qui défend des interprétations personnelles qui s’insèrent dans une époque et une tradition culturelle. Vêtu d’un costume gris avec une cravate Ascot en soie rouge, Colli évoque la figure du dandy-poète revisité au goût du jour et son Concerto n° 3  est aussi italien que millénial.

 

 

« Il fait exactement le contraire de ce qu’aurait fait Rachmaninov », s’exclame un spectateur excédé. On ne peut s’empêcher de penser à la réaction médusée de Rachmaninov à l’interprétation de son Concerto n° 3 par Vladimir Horowitz en 1928 : « Horowitz a avalé la partition en entier avec la fureur et la voracité d’un tigre », aurait-il rapporté à ses amis après avoir entendu le jeune pianiste de 25 ans dans le sous-sol de Steinway & Sons à New York.

 

Certes, l’interprétation de Colli est à mille lieues de celle de Pletnev que nous avons pu admirer à la Maison de la Radio. Colli n’est pas non plus Horowitz et encore moins Rachmaninov ; on l’a plus souvent comparé à Michelangeli ou Pollini. On pourrait lui reprocher un tempo trop lent, une déstructuration excessive et un réassemblage qui ajoute des fioritures superflues, mais Colli tient tête à un orchestre de 90 musiciens, sa technique est impeccable et sa singularité revendiquée n’est nullement dépourvue d’intérêt.

 

Visiblement, Colli connaît la partition par cœur ; il l’a analysée, l’a travaillée et a fait le choix audacieux et assumé d’aller au-delà de l’intention du compositeur avec un mélange de fougue, d’intelligence et d’intensité qui témoigne d’un univers intérieur imagé et expansif, nourri par une vaste culture. Depuis son pupitre, le chef Casa Scaglione a attentivement suivi son soliste et l’a appuyé jusqu’au bout de ses intentions avec un accompagnement souple et sensible. Malgré quelques petits décalages au début, le soliste et l’orchestre ont fini par s’accorder merveilleusement, y compris dans les passages les plus périlleux de ce concerto difficile.

 

Acclamé par un public enthousiaste, Federico Colli, rayonnant et exubérant, a enlacé le chef et remercié les musiciens avant de s’incliner, la main sur le cœur et le sourire aux lèvres. Il nous offrira un exquis arrangement pour piano de la « Dance d’Anitra » du Peer Gynt d’Edvard Grieg.

 

Symphonie n° 5 de Prokofiev

 

Après l’entracte, le programme s’est poursuivi avec la plus grandiose et la plus connue des symphonies de Prokofiev. À l’instar de la Symphonie n° 7 (« Leningrad ») de Chostakovitch, la Cinquième de Prokofiev est une œuvre patriotique aux accents guerriers qui a marqué la victoire sur l’Allemagne. Les deux œuvres ont connu une réception triomphale en Union soviétique et leurs compositeurs respectifs ont été récompensés par le Prix Staline.

 

Prokofiev écrit sa cinquième symphonie en été 1944, quatorze ans après la Symphonie n° 4. Il écrira au sujet de cette œuvre : « Elle s’impose comme l’aboutissement d’une vie de création. Je l’ai conçue comme une partition destinée à exalter la grandeur de l’esprit humain. » La Cinquième sera créée à Moscou le 13 janvier 1945, le jour où l’Armée rouge a franchi la Vistula. Sur le pupitre du chef, Prokofiev a dû attendre que les tirs d’artillerie se terminent avant de lancer l’Orchestre symphonique de la Fédération de Russie. Varsovie sera libérée le 18 janvier.

 

 

La Symphonie n° 5 suit la structure classique de quatre mouvements, mais les mouvements lents et les scherzos sont inversés. La symphonie s’ouvre sur un thème calme et soutenu, porté par la flûte et le basson qui s’amplifie lorsque les violons reprennent la mélodie. Les cuivres signalent la menace qui s’approche avec les violons et s’éloigne aux sons de la petite harmonie et après un développement élaboré, la tension monte jusqu’à la déflagration finale. Case Scaglione guide l’Ondif avec assurance et agilité à travers le lyrisme et la disruption, des crescendos décidés et des hésitations excentriques, jusqu’à l’ultime démonstration de force des percussions rugissantes.

 

Le deuxième mouvement (Allegro marcato) est un scherzo insistant, rapide et ironique, avec des éclats de violence des cuivres et des percussions. Scaglione maintient un bon tempo et met en valeur les solistes, notamment la clarinette et le hautbois. L’ouverture intensément lyrique de l’Adagio évoque à la fois le mystère des partitions de Rimski-Korsakov et la tragédie amoureuse de Roméo et Juliette. Ayant réécrit une fin heureuse à sa partition originale du ballet en 1935, Prokofiev avait recyclé des passages supprimés dans sa cinquième symphonie. La deuxième partie de l’Adagio est d’une beauté foudroyante : les dissonances chostakovitchiennes s’y frôlent à une scintillante tendresse et créent une magie toute prokofiévienne.

 

L’Allegro giocoso final débute par une introduction lente des violoncelles, avant de se lancer dans un rondo ironique et enjoué. Tandis que la flûte se promène dans le mouvement telle une ballerine sur scène, les cordes nous rappellent, d’abord discrètement, puis avec insistance, que nous sommes en guerre. Dans un retournement chostakovitchien, au moment où le mouvement s’efforce de s’achever sur un ton victorieux, la musique dégénère en frénésie et chaos. Tandis que les cordes jouent des « fausses notes » staccato, les trompettes et le tuba interviennent avec des interjections grossières et les percussions et les bois rugissent à souhait. Après un bref et doux répit de solo violons et altos qui se mélangent au piano et à la harpe, un crescendo rapide éclate dans un fracas final.

 

Les applaudissements vifs et soutenus ont accueilli cette belle prestation ; puissante, précise, équilibrée, saturée de couleurs et remarquablement exécutée par un chef inspiré et un orchestre en pleine forme.

Visuels : © Kaupo Kikkas (Casa Scaglione) © Patxi Cascante (Federico Colli) © Orchestre National de l’Ile de France