Pour son second CD sous le label Rocamadour – musique sacrée, l’ensemble La sportelle a sélectionné des œuvres dont les compositeurs ont vécu du XVIe siècle à nos jours. Le programme de ce nouvel opus : Lux – La lumière.
Fondé en 2017, l’ensemble La sportelle, qui tire son nom de la médaille de Rocamadour, est en résidence permanente au festival de musique sacrée de la petite ville lotoise ; cela ne l’empêche pas de partir régulièrement en tournée avec des programmes de très belle facture. L’ensemble a été dirigé jusqu’en janvier 2024 par Lætitia Corcelle qui a été remplacée le 1ᵉʳ février par Alix Dumont- Debaecker. Le présent CD, joliment intitulé « Lux » et sorti en août 2023, est donc le dernier que la soprano tourangelle aura dirigé à la tête de ce très bel ensemble. Comme à son habitude, l’ensemble La sportelle navigue sur une large période de l’histoire de la musique allant du XVIe au XXIe siècle. Les œuvres choisies pour ce programme étant entrecoupées de « motets » grégorien, faute d’un meilleur terme.
C’est A Cappella, une fois de plus, que les artistes de La sportelle interprètent les différents motets du programme. Les extraits de la messe grégorienne qui jalonnent le présent CD sont de compositeurs anonymes ; ces pièces, plus ou moins longues, sont interprétées tout en douceur et en solo tour à tour par les chanteurs de l’ensemble. Parmi les œuvres du programme, on notera la présence d’un motet du compositeur Eric Whitacre (né en 1970) : Lux Nova. Ce motet s’intègre d’autant mieux au programme qu’on ne voit pas la différence avec un motet du XVIe siècle. À l’exact opposé de ce beau motet, interprété avec talent, le motet If ye love me de Thomas Tallis (1505-1585) nous permet de découvrir un compositeur anglais peu connu. Et le motet du « doyen » du présent enregistrement donne envie d’en savoir d’avantage sur Tallis et sur son œuvre. Les trois « extraits de l’œuvre de Tomas Luis de Victoria (1548-1611), Caligaverunt oculi mei, Animam meam dilectam et Ecce quomodo moritur sont tout aussi intéressants et gagnent à être connus. Le De Profundis de Vic Nees (1936-2013), la deuxième pièce contemporaine de ce CD ne manque pas non plus d’attirer l’attention. Et la lumière ne manque pas d’éclairer l’auditeur au fil de ce beau programme qui séduit tant par sa diversité d’époques et de pays que par une interprétation quasi parfaite. L’on remarquera d’ailleurs que La Sportelle, ne tombe jamais dans les pièges tendus aux artistes qui chantent A Cappella.
Nous ne pouvons que recommander ce bel enregistrement, très lumineux et parfaitement monté et interprété. Le travail de recherches mené par Laetitia Corcelle en amont de l’enregistrement nous permet de (re)découvrir des compositeurs rares, voire oubliés, à chaque époque de l’histoire de la musique.
Compte-rendu CD. Verset Grégorien : Vidimus stellam – Anton Bruckner (1824-1896) : Ave Maria, Os justi, Virga Jesse ; Francis Poulenc (1899-1963) :Magnum Mysterium, Quem Vidistis pastorem, Salve Regina ; Repons grégorien : Tenebrae factae sunt ; Tomas Luis de Victoria (1548-1611) : Caligaverunt oculi mei, Animam meam dilectam, Ecce quomodo moritur ; Vic Nees (1936-2013) : De Profundis ; Hymne grégorien : Lucis creator optime ; Josef Rheinberger (1839-1901) : Abendlied ; Communion grégorienne : Thomas Tallis (1505-1585) : If ye love me ; Communion grégorienne : Illumina oculos meos ; Edward Elgar (1857-1934) – (arrangement de John Cameron [né en 1944]) : Lux aeternae ; Eric Whitacre (né en 1970) : Lux Nova. Laetitia Corcelle, Aurélie Castagnol, sopranos ; Ariane Wohlhuter, soprano (pistes 13 et 16) ; Anne Bertin-Hugault, Marie Camillieri Royer, altos, Steve Zheng, Cédric Lotterie, ténors ; Cédric Baillergeau, baryton ; Xavier Bazoge, basse ; Emmeran Rollin, basse (piste 20). Ensemble La sportelle. Laetitia Corcelle, direction. Label : Rocamadour – musique sacrée. Durée : 59 minutes et 24 secondes