Depuis sa création en octobre 2023, l’ensemble Jacques Moderne a promené son dernier programme un peu partout en France. L’un des derniers concerts de « Parlez-moi d’amour a eu lieu avec succès en l’église abbatiale Saint Martin de Candes Saint Martin.
Depuis sa création en octobre 2023, l’ensemble Jacques Moderne a promené son dernier programme un peu partout en France. L’un des derniers concerts de « Parlez-moi d’amour a eu lieu avec succès en l’église abbatiale Saint Martin de Candes Saint Martin.
Les responsables du festival La dive musique – qui tourne en étoile autour du petit village de Seuilly (situé en Indre et Loire non loin de Montsoreau et de l’abbaye royale de Fontevraud) – ont invité l’ensemble Jacques Moderne à présenter son programme en l’église abbatiale de Candes. Joël Suhubiette, son directeur artistique et musical, a monté un programme chanté A Cappella original autour de l’amour courtois. Et les motets religieux et chansons profanes ne manquent pas en la matière ; comme il fallait faire des choix, Joël Suhubiette s’est concentré sur trois compositeurs français très prolifiques en la matière : Roland de Lassus (1532-1594), Josquin Desprez (vers 1440-1521) et Nicolas Gombert (vers 1495-vers 1560).
Avec l’ensemble Jacques Moderne, on ne s’étonne plus de rien tant, depuis cinquante ans, il a su s’imposer dans le paysage musical français ; et le très beau programme « Parlez-moi d’amour », créé à l’occasion du concert d’ouverture de Concerts d’automne, a séduit un public venu nombreux en l’église abbatiale de Candes Sain Martin. Quand on parle de musique ancienne (à peu près jusqu’au début du XVIIe siècle quand « l’apparition » de l’Opéra, l’Orfeo de Monteverdi, en 1607 marque officiellement la « naissance » de la période baroque), on parle aussi de français ancien (ou l’on doit moè au lieu de moi par exemple) et de latin à la française. Les compositeurs de la période renaissance sont légion et nous ont laissé en héritage un impressionnant corpus de musique vocale. Les œuvres des trois compositeurs que Joël Suhubiette a choisis pour ce nouveau programme, sont un exemple de ce qui circulait alors en France. Si l’on sait peu de choses sur Nicolas Gombert (vers 1495-vers 1560), dont on ne connaît même pas les dates exactes de naissance et de mort, on connaît au moins son œuvre ; et elle est imposante. Le charmant motet « Veni dilecta mea » extrait du Cantique des cantiques interprété à 11 voix de Gombert est interprété avec panache par les onze chanteurs de l’ensemble Jacques Moderne. Mais la soirée débute avec les œuvres de Roland de Lassus (1532-1594). Le premier motet « Veni dilecte mi », tiré du Cantique des cantiques, est interprété dans les nefs latérales ; les trois sopranos sont installées devant le maître autel alors que les autres pupitres s’installent entre les premiers pylones des nefs latérales tandis que Joël Suhubiette dirige depuis le milieu de la nef principale. Les onze voix s’élèvent sous les voûtes de l’église Saint Julien sans efforts, parfaitement ensemble et avec une justesse parfaite. Mais les motets religieux ne sont qu’une partie du programme. Car il y a aussi des chansons des trois compositeurs du programme. Et celles de Josquin Desprez (vers 1440-1521) sont charmantes ; et leur interprétation en français ancien leur donne un charme désuet assez charmant au demeurant. Ainsi, par exemple, si l’on lit moy, on entend « moet ». L’interprétation de « Tenez moy en vos braz » séduit tout en faisant sourire tant entendre du français ancien peut sembler incongru ; mais c’est aussi ce qui fait le charme de ces mélodies qui ont beaucoup à apprendre aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Si chaque motet, chaque chanson est interprété(e) à deux, quatre, six ou onze voix, chacun résonne dans l’église avec force et sans aucune faiblesse. La direction ferme, nerveuse, dynamique de Joël Suhubiette donne à cette soirée de belles couleurs d’été et d’amour qui rayonnent au-delà de l’église Saint-Martin.
C’est un concert de très haute volée que l’ensemble Jacques Moderne et Joël Suhubiette ont offert au public, venu nombreux en ce beau jeudi d’été. Et il ne s’y est pas trompé ce public en réservant un accueil très chaleureux à l’ensemble des artistes présents devant le maître autel de l’église Saint-Martin de Candes.
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