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Le pianiste Jonathan Biss : « Je n’ai aucune idée de qui je serais sans la musique »

par Hannah Starman
22.08.2024

Jonathan Biss, pianiste, enseignant et écrivain américain de 44 ans, revient à La Roque d’Anthéron pour la quatrième fois. Le soir du 19 août, il joue les deux dernières sonates de Schubert dans le Parc du Château de Florans. Le lendemain, assis sur un banc de pierre dans l’ombre de platanes centenaires, Jonathan Biss nous parle de Franz Schubert, de Ludwig van Beethoven et de l’importance de la musique.

Hier, vous avez joué les deux dernières sonates de Schubert. Que représente cette musique pour vous ?

 

Je vis dans une période où la musique de Schubert est vraiment ce qui me ressemble le plus, ce qui m’est le plus proche. On s’interroge beaucoup sur le degré de conscience de Schubert du fait qu’il était en fin de sa vie. Quand je joue ses dernières sonates, je n’ai aucun doute du fait qu’elles sont le document d’une personne qui se confronte à sa mortalité et essaye de l’accepter.

 

Je ne suis pas sûr que la Sonate en si bémol soit l’expression de l’acceptation, mais il cherche certainement à la trouver et c’est ce qui la rend si émouvante. Schubert s’était déjà confronté aux choses les plus douloureuses de sa vie et de sa psyché, mais dans les derniers mois de sa vie, cela devient encore plus extrême.

 

J’ai l’impression que votre engagement avec cette musique est vraiment personnel.

 

Il est certain que sa musique est très personnelle. Je ne peux pas dire exactement pourquoi, mais quand je la joue, elle me touche au plus profond de moi-même.

 

Je trouve que Schubert parle de la solitude d’une manière unique. On a le sentiment qu’il veut tellement se connecter aux autres que la solitude devient très palpable dans sa musique. Schubert a traversé presque toute sa courte vie seul, et la solitude s’accentue dans ses dernières sonates. Je trouve cela immensément émouvant.

 

L’une des raisons pour lesquelles j’aime tant Schubert, c’est que même si sa musique peut être désespérément triste, pleine de terreur et si liée à la Sehnsucht, elle n’est pas déprimante. Il y a tant d’amour dans cette musique. Sa vie a été si tragique, mais son cœur est toujours resté ouvert.

 

Lorsque vous jouez, êtes-vous en communion avec ce sentiment, avec la musique, le compositeur ?

 

Dans les meilleurs moments, je ne suis connecté à rien d’autre qu’à la musique que je joue. Il n’y a pas de réflexion particulière en dehors du ressenti. Je suis vaguement conscient que le public est là, mais je ne pense pas à ce que je dois faire pour l’atteindre. Pour moi, la meilleure façon de toucher le public est d’être en communion avec la musique d’une manière complètement honnête et ouverte. C’est mon objectif en tant que musicien.

 

Sentez-vous une responsabilité vis-à-vis du compositeur ?

 

Oui. Intensément ! Absolument ! Pour un compositeur, c’est terrible de coucher sur une page ce qu’il ressent de plus intime, tout en sachant que cela n’existera pas tant que quelqu’un, le plus souvent quelqu’un d’autre que lui-même, ne l’aura pas joué. Pour l’interprète c’est une immense responsabilité. Un privilège et une joie aussi, bien sûr. Je sais que je ne pourrai jamais comprendre l’âme du compositeur comme si j’avais écrit la partition. Ma responsabilité est d’essayer de faire de mon mieux.

 

Comment négociez-vous l’équilibre entre la partition, telle qu’elle est écrite, et l’intention que vous ressentez derrière elle ?

 

Il faut se rappeler deux choses : premièrement, la partition est tout ce dont nous disposons en termes d’outils pour comprendre ce que veut le compositeur ; deuxièmement, une partition est extrêmement inexacte. La seule chose qui est non négociable, c’est la note. « Un la est un la est un la. » 

 

Mais toutes les autres notations musicales, une liaison, une dynamique ou une indication de tempo, ne sont là que pour décrire un caractère ou un sentiment. Je pense que ces éléments doivent être équilibrés.

 

Il s’agit de regarder avec un intérêt et une dévotion absolus ce qu’il y a dans la partition, mais de toujours se rappeler qu’elle n’est pas exacte. C’est la meilleure façon pour moi de trouver l’équilibre entre la lettre et l’esprit.

 

Recherchez-vous l’intention du compositeur ? Essayez-vous de comprendre dans quel contexte la partition a été écrite ?

 

L’intention m’intéresse certainement. Par exemple, je peux dire à propos de la Sonate en la majeur qu’il est intéressant de constater que beaucoup de compositeurs, mais aussi d’écrivains, lorsqu’ils éditent, réduisent. Schubert fait le contraire avec la Sonate en la majeur ; il ajoute, il l’agrandit jusqu’à atteindre ce que Schumann a appelé sa « longueur céleste. » C’est très révélateur de l’essence de cette composition. Schubert essaie d’atteindre quelque chose de sublime par l’expansion.

 

En même temps, je pense que la musique elle-même fournit les informations les plus importantes. Le contexte peut être trompeur. Par exemple, quand Beethoven écrit le Testament de Heiligenstadt, une lettre déchirante, dans laquelle il exprime son désespoir devant sa surdité, il compose également sa Symphonie n° 2, qui incarne la joie pure. Je pense donc qu’il y a une limite à ce que la biographie peut vous apprendre. Les plus grands compositeurs s’expriment par leur musique !

 

Vous êtes pianiste, enseignant et écrivain. Comment ces activités se complètent-elles pour vous ?

 

Le lien, c’est la musique. Je n’ai pas assez de connaissances pour enseigner autre chose que la musique. C’est extraordinaire d’essayer de trouver une idée qui peut vraiment faire une différence pour les étudiants et leur montrer une voie. En tant qu’écrivain, je n’ai pas d’autre sujet que la musique. C’est exaltant de trouver les mots qui communiquent mon ressenti à l’égard d’une composition ; et à l’inverse, cela clarifie de même ma conception de la composition.

 

C’est terrible à dire, mais ma plus grande motivation pour l’écriture et l’enseignement, c’est qu’ils m’aident à mieux comprendre la musique. C’est à travers ma relation avec la musique que je comprends le monde et que je me comprends moi-même. Aussi difficile que cela puisse être, c’est aussi le plus grand des cadeaux. Je n’ai vraiment aucune idée de qui je serais sans la musique.

 

Écoutez-vous d’autres musiciens ?

 

J’aime écouter de la musique et j’ai besoin de l’inspiration, de l’aération que procure le fait d’entendre d’autres personnes faire de la musique, mais je ne vais pas aux concerts par devoir, et je n’écoute jamais d’autres interprétations de morceaux sur lesquels je travaille. Je trouve que ce n’est pas très sain pour moi.

 

Diriez-vous que vous avez des périodes où vous êtes obsédé par un compositeur ?

 

Depuis que j’ai commencé à travailler intensément sur les dernières sonates de Schubert, mais aussi le Trio en mi bémol et la musique à quatre mains, tout tourne autour de Schubert. Sa personnalité est si particulière qu’il est agréable d’entrer dans son univers.

 

Avant, il y a eu une période où ma vie était organisée autour de Beethoven. Pendant neuf ans, j’enregistrais toutes ses sonates. Pendant ce temps, je n’avais pas le temps de jouer des morceaux qui devenaient pourtant importants pour moi. Schubert était déjà quelque part dans mes tripes. Ce n’était donc pas une surprise qu’il se manifeste.

 

J’ai une relation beaucoup plus saine avec mon obsession aujourd’hui, mais j’ai dû travailler dessus parce que c’était devenu dangereux pour moi à bien des égards.

 

Est-ce que les compositeurs vous dévorent parfois ?

 

Cela peut arriver, oui. Avec Beethoven qui est très exigeant ; pas musicalement, mais il réclame toute votre attention. Pendant les neuf années de Beethoven, il y avait très peu de place pour moi. Si je devais un jour rejouer les 32 sonates de Beethoven, je m’imposerais davantage.

 

En revanche, quand je joue Schubert, j’ai l’impression qu’il m’invite dans son monde. Cela me fait penser à une phrase, que j’adore, de mon ami, le chanteur Mark Padmore : « Schubert est le meilleur ami du musicien. »

 

Comment faites-vous face à la solitude d’un pianiste, souvent seul sur scène ?

 

C’est très intense de jouer de la grande musique. Et même si je ne voyageais pas seul, je suis seul sur scène, et je l’éprouve de manière très palpable. En même temps, quand je joue cette musique, je ressens une communion et cela ne peut se passer que dans la solitude. C’est aussi un cadeau d’être seul.

 

Je vis et j’assimile les choses d’une manière qui m’est impossible si je suis entouré de gens en permanence. C’est la raison pour laquelle la musique de Schubert est si importante pour moi. Parce qu’on sent dans sa musique qu’il y a tant de douleur à être seul, mais qu’il y a aussi quelque chose de beau à être seul.

 

La musique est-elle une source de réconfort pour vous ?

 

Absolument ! Il y a un réconfort, évidemment, dans la tendresse de certaines musiques, mais c’est tout aussi réconfortant d’entendre de la musique, même très violente ou conflictuelle, qui reflète les choses que vous ressentez et que vous ne pouvez pas exprimer.

 

Ma musique de réconfort change d’une période de ma vie à l’autre et elle est souvent aussi surprenante qu’imprévisible. Je me souviens qu’à une époque, j’ai écouté Je ne regrette rien d’Édith Piaf en boucle. Plus récemment, je me tourne souvent vers le Litanei auf das Fest Allerseelen, un Lied de Schubert, empreint de douleur, qui me donne néanmoins l’impression que tout ira bien.

Visuel : © Benjamin Ealovega