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La Roque d’Anthéron s’invite à Aix-en-Provence : trois récitals d’exception au Musée Granet

par Hannah Starman
le 03.08.2023

Du 31 juillet au 2 août, Denis Pascal, Jean-Baptiste Doulcet et Nathalia Milstein se sont succédé devant le Bechstein, installé dans la cour du Musée Granet, le bel écrin pouvant accueillir jusqu’à 200 spectateurs. Dans le cadre du Festival international du piano La Roque d’Anthéron, les trois pianistes français ont offert au public mélomane des moments de pur plaisir musical.

Denis Pascal : Frédéric Chopin et Erik Satie

 

Acclamé par la critique comme l’une des figures les plus originales du piano français, Denis Pascal est un soliste et partenaire de musique de chambre sollicité et apprécié dans le monde entier. En Europe, en Asie et aux États-Unis, le pianiste et pédagogue français présente des programmes audacieux et défend les œuvres et compositeurs rares, sans se détourner pour autant du répertoire lisztien et des partitions postromantiques ou impressionnistes. Denis Pascal conçoit ses programmes de sorte à faire découvrir aux auditeurs de nouvelles œuvres et à donner de la visibilité aux compositeurs oubliés ou méconnus, comme par exemple, le fantasque et génial Jean Wiener. L’Albigeois de 62 ans se produit régulièrement sur scène en famille, avec sa compagne, la violoncelliste Marie-Paul Milone, ou ses fils, le violoniste Alexandre et le violoncelliste Aurélien Pascal avec lesquels il a fondé le Trio Pascal.

 

 

 

Le soir du 31 juillet à Aix-en-Provence, Denis Pascal nous a régalés d’un programme alternant Frédéric Chopin et Erik Satie. Enchaînant sans interruption le Nocturne n°6 en sol mineur op. 15 n°3 de Chopin, Son binocle, Trois Gymnopédies et Le Fils des étoiles de Satie et le Nocturne en ut mineur op. 48 n°1 de Chopin, Denis Pascal a créé un dialogue étrange et captivant entre les deux univers que tout semble séparer. Pourtant, avec un jeu libre, précis et généreux, Denis Pascal opère la magie qui consiste à marier habilement les Nocturnes éminemment romantiques, construits sur un rythme lent et une expression dramatique, et les Gymnopédies aériennes, minimalistes et abstraites, inspirées de danses rituelles de la Grèce antique. Pour compléter l’expérience auditive, le chant des cigales a subitement retenti, couvrant presque le piano, jusque ce que les insectes impertinents se rappellent, tout aussi abruptement, aux convenances et se taisent, sans plus se faire remarquer, jusqu’à la fin de la soirée.

 

Denis Pascal a marqué une brève pause au milieu de son programme, le public l’a chaleureusement applaudi, et le programme s’est poursuivi chronologiquement, avec la Gnossienne n°1 de Satie, les Polonaise-Fantaisie op. 61 et Barcarolle op. 60 de Chopin, la Gnossienne n°3 de Satie avant de terminer avec la Ballade n°4 op. 52 de Chopin.

 

Écrites en 1890, les Gnossiennes n°1 et n°3 comptent parmi les plus célèbres compositions avant-gardistes, reprises dans de nombreuses bandes originales de films de cinéma, parmi lesquelles Henry & June de Philip Kaufman et Paris de Cédric Klapisch. Les Gnossiennes s’inspirent de la période impressionniste et mystique de Satie et leur tempo lent ressemble à celui des Gymnopédies qui les précèdent. Intercalée entre les deux Gnossiennes, Denis Pascal nous propose deux compositions de Chopin : la Polonaise-Fantaisie et la Barcarolle. Les deux œuvres ont été écrites en 1846, l’année de la rupture avec George Sand. D’une tristesse délicate et tendre, la Polonaise-Fantaisie est imprégnée d’une intensité intérieure que Denis Pascal interprète avec poésie et sensualité. Toute aussi sensible et lyrique, la Barcarolle tire son nom du chant des gondoliers vénitiens. Dans son écriture, Chopin en reprend le rythme et le romantisme, mais suit la structure des Nocturnes.

 

Avec une honnêteté rare, Denis Pascal cherche à cerner au plus près l’émotion de chaque œuvre et à la transmettre aux spectateurs sans la moindre fioriture ou effet gratuit. Rappelé sur scène, il ne s’est pas non plus fait prier pour nous offrir deux ravissants bis : les Reflets dans l’eau de Claude Debussy et, pour finir la soirée en beauté, le Nocturne opus 27 n°2 en ré bémol majeur de Chopin.

 

Jean-Baptiste Doulcet : Grieg, Debussy, Nielsen, Ravel et Sibelius

 

Décrit par le magazine Classica comme une « étoile montante du piano français à l’instar d’Alexandre Kantorow et Jean-Paul Gasparian », Jean-Baptiste Doulcet est pianiste, improvisateur, compositeur et un grand cinéphile qui accompagné depuis des années des films muets au cinéma Le Balzac à Paris. Doulcet a étudié le piano et l’improvisation au Conservatoire de Paris avec Claire Désert et Jean-François Zygel et il s’est pris de passion pour le répertoire nordique lors de son séjour à l’Académie Sibelius d’Helsinki dans le cadre du programme Erasmus. En 2017, il a remporté de deuxième prix du Nordic Piano Competition en Suède où il se rend régulièrement pour travailler avec la pianiste, pédagogue et directrice artistique du Nordic Piano Competition, Julia Mustonen-Dahlkvist.

 

 

Jean-Baptiste Doulcet remportera également le quatrième prix et le prix du public du Concours Marguerite Long (présidé par Martha Argerich), ainsi que le Prix Modern Times du Concours Clara Haskil. Son disque Le Monde fantastique (2022) associe Schumann et Liszt a sa propre composition inspirée du poème « Endymion » de John Keats. Acclamé par la critique, Doulcet a conçu l’album « comme un miroir tendu à notre univers, peuplé d’une poésie énigmatique, à la fois monde de légendes, de légèreté, mais aussi de profondeur métaphysique ». En plus d' »Endymion, » le jeune compositeur a écrit une vingtaine d’œuvres dont sa Trilogie de la Passion (I. Werther, II. Élégie de Marienbad et III. Réconciliation) pour ensemble de douze violoncelles d’après des poèmes de Goethe.

 

Le soir du 1er août, Jean-Baptiste Doulcet a déroulé un programme aux accents nordiques et impressionnistes avec une belle fougue romantique et une appétence pour l’improvisation. Brun, ténébreux et expressif, le jeune pianiste de 31 ans a commencé par la Ballade en sol mineur op. 24 d’Edvard Grieg. Composée pendant l’hiver 1875-1876, peu après la mort de ses parents, la Ballade s’inspire d’une ancienne chanson populaire norvégienne du XVIe siècle. Considérée comme étant l’œuvre majeure pour piano de Grieg, mais aussi sa composition la plus personnelle, écrite « avec le sang de ma vie dans les jours de chagrin et de désespoir », la Ballade prend la forme d’un thème, entre neuf et quatorze variations et un finale. Elle dure environ vingt minutes quand elle est jouée dans son intégralité. Le thème obsédant et mélancolique est d’une grande beauté lyrique et les variations couvrent un éventail d’émotions associées au deuil de ses parents. Certaines expriment une intense tristesse et une solitude douloureuse, alors que d’autres, vivaces et joyeuses, demandent une grande virtuosité.

 

Jean-Baptiste Doulcet est visiblement à l’aise quelle que soit l’humeur de la pièce ou l’exigence technique nécessaire à son exécution. Son jeu est imagé, presque cinématographique dans la façon dont il sculpte la couleur et le relief et lui-même semble habité par une curiosité sensible qui le pousse à explorer jusqu’au bout une émotion ou une intuition pour en révéler la face cachée. Le programme se poursuivra avec deux petites pièces de Debussy – Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon et Masques, qui est une des compositions les plus intéressantes et les plus modernes de Debussy. Ses sonorités âpres et son humeur sombre résonnent de sa séparation difficile avec son épouse Lilly Texier, que les infidélités de Debussy pousseront à tenter le suicide l’année même de la composition des Masques. Une fois de plus, Doulcet, plongera dans l’amertume, la tourmente, et l’inquiétude, mais saura aussi apprécier l’innovation et nous mener au vertige.

 

Après une brève interruption qui permettra aux spectateurs d’exprimer leur vive appréciation, Jean-Baptiste Doulcet reviendra au répertoire nordique avec Tre Klaverstukker (Trois Pièces) op. 59 du célèbre compositeur, chef d’orchestre, violoniste et « outsider musical » danois Carl Nielsen. Écrites en 1928, les Trois Pièces (Impromptu : Allegro Fluento, Adagio et Allegro non troppo) comptent parmi les dernières œuvres du compositeur, décédé en 1931. Une fois de plus, les ambiances changeantes et les éclats soudains, parfois d’une surprenante dureté, viennent perturber une musique essentiellement tendre et méditative, comme un enfant qui construit patiemment son château de sable et puis, d’un coup, riant à pleins poumons, assomme son petit camarade de jeu et détruit son château de sable à coups de pelle. Le mélange d’espièglerie enfantine et d’improvisation endiablée semble correspondre parfaitement au tempérament de Doulcet qui exécute les Trois pièces avec émotion et fantaisie, mais aussi une aisance apparente et un certain goût pour la gestuelle démonstrative, voire théâtrale.

 

Après une deuxième ronde d’applaudissements, le programme se poursuit avec la Sonatine de Maurice Ravel. Composée entre 1903 et 1905, la Sonatine est une œuvre lumineuse, pétillante et limpide qui – intercalée entre Nielsen et Sibelius – fait office d’un interlude délicat, avant de passer au magnifique et solennel Six Impromptus op. 5 de Jean Sibelius. Sibelius n’était pas un pianiste virtuose (son instrument était le violon), mais il aimait improviser au piano et il le faisait avec beaucoup d’esprit et d’imagination. Il a écrit les Six Impromptus en 1893, en même temps que ses poèmes symphoniques Kullervo et la Suite Karelia. Chacun des six impromptus est une miniature de deux ou trois minutes, très musicale, qui saisit une ambiance, une impulsion ou une idée différente. Il y a de la mélancolie et de la nostalgie, mais aussi de la danse folklorique, de la marche rythmique et martelante, une répétition périlleuse du sixième impromptu, l’ensemble parsemé d’étincelles que Doulcet sait si bien faire briller. Rappelé quatre fois, le pianiste a offert trois superbes improvisations avant de se diriger vers la table où il a signé ses albums. A juger par la file d’attente qui s’y est formée en quelques minutes seulement, Jean-Baptiste Doulcet a réussi à émerveiller de nombreux auditeurs présents ce soir au Musée Granet.

 

Nathalia Milstein : Schubert et Rachmaninov

 

Issue d’une famille de musiciens russes – son père Serguei et son grand-père Iakov Milstein sont des pianistes et professeurs de piano réputés, sa mère Natalia Tolstaia est altiste à l’Opéra de Lyon –, Nathalia Milstein s’initie au piano dès l’âge de quatre ans. Elle intègre le Conservatoire de musique de Genève, où son père est professeur de piano, et obtient d’abord son diplôme de bachelor et ensuite un master de soliste à la Haute École de musique de Genève, avant de devenir, à vingt ans, la première femme à remporter le 1er prix au Concours international de piano à Dublin en 2015. Elle forme, depuis 2005 un duo avec sa sœur, la violoniste Maria Milstein avec qui elle a enregistré deux albums : La Sonate de Vinteuil et Ravel Voyageur. Son dernier album solo, Visions fugitives (2021), a obtenu le « Choc de l’année » de Classica magazine.

 

 

Le soir du 2 août, Nathalia Milstein nous a offert un programme dense et admirablement réalisé : la Sonate n°9 en si majeur opus 147 D. 575 de Franz Schubert et les Études-tableaux opus 39 de Serguei Rachmaninov.

 

Écrite en août 1817, la Sonate en si majeur est la dernière des huit sonates composées par Schubert l’année de ses vingt ans. D’une durée d’exécution d’environ vingt-cinq minutes, la Sonate en si majeur est aussi la plus libre et la plus fantasque de toutes les sonates pour piano de Schubert ; une œuvre heureuse, imagée, inventive et éblouissante. Nathalia Milstein, grande, mince et droite comme un i, pose ses longs doigts sur le clavier et se lance, avec fougue et rigueur, dans les incessants changements d’humeur dans le premier mouvement (Allegro ma non troppo), avant de charpenter la rêverie du deuxième mouvement (Andante) avec une finesse légère qu’elle contrastera par les interruptions ponctuelles de quelques mesures d’octaves, précises et bien appuyées, à la main gauche. Le scherzo qui suit est délicat et joueur, presque mozartien, et l’œuvre se termine dans un dernier mouvement (Allegro giusto) ample, insouciant et bondissant aux rythmes de valse. Nathalia Milstein nous en offre une interprétation somptueuse et un brin rigide, qui évoque davantage le dernier bal impérial à la Cour des Romanov qu’une guinguette champêtre austro-hongroise. Elle assure ainsi une transition limpide et élégante vers la Russie prérévolutionnaire et les Études de Rachmaninov.

 

Après un bref entracte, Nathalia Milstein nous propose les Études-tableaux op. 39 de Rachmaninov, un recueil de neuf études d’une durée d’exécution d’environ quarante minutes. Considérées par la critique comme étant « l’apogée de la musique de Rachmaninov », les études sont des pièces hautes en couleur et d’une grande musicalité, mais aussi techniquement innovantes et extrêmement difficiles à jouer. Composé en 1916-1917, l’Opus 39, est profondément marqué par l’année fatidique de 1917. La révolution d’octobre bouleversera l’histoire russe et amènera les Rachmaninov à fuir leur pays natal pour se réfugier aux États-Unis. Cette rupture trouvera son expression dans les ambiances sombres et tragiques des neufs Études de l’op. 39.

 

Inspirée par La Tempête de Böcklin, la première étude en ut mineur est de loin la plus périlleuse techniquement. Milstein alterne des moments calmes et des irruptions éclatantes avec une aisance déconcertante. Seule la concentration marquée sur son visage témoigne de l’effort que demande à la pianiste cette partition redoutable. La deuxième étude porte l’empreinte de la mort. Le motif Dies irae traverse l’œuvre comme la neige qui recouvre un champ de bataille où gisent encore des cadavres et des blessés. L’ambiance mélancolique de la pièce évoque L’Ile des Morts, le poème symphonique de Rachmaninov, inspiré par le tableau éponyme de Böcklin. Sans effet inutile, Milstein nous livre un morceau d’une rare beauté pétrie de tristesse, avant de passer au troisième tableau (Allegro molto) rapide et enjoué. La quatrième étude est entraînante et riante, comme un jeu d’enfants ou comme les aristocrates qui fuient la révolution, pour les esprits plus tordus des amateurs de Teffi. L’étude n°5 rend hommage à Alexandre Scriabine, décédé en 1915. Même si la relation entre les deux compositeurs n’a pas toujours été facile, la mort de Scriabine a beaucoup impacté Rachmaninov qui a porté son cercueil au cimetière de Novodievitchi à Moscou. Nathalia Milstein joue ce morceau émotionnellement complexe avec l’intensité et la poésie de quelqu’un qui peut puiser dans un vaste monde intérieur, pour le plus grand bonheur de ses auditeurs.

 

La jeune pianiste de 28 ans connaît bien les quatre dernières Études car elle les avait présentées à la 15e édition du Concours international de piano Arthur-Rubinstein à Tel Aviv. Par rapport à sa prestation en 2017, l’exécution des Études n°6 – 9 a gagné en maturité sans perdre de sa fraîcheur. On apprécie, chez Nathalia Milstein, sa virtuosité contenue, son assurance réfléchie et une exaltation toute intérieure, qui infuse à son jeu une vraie personnalité pianistique. Ainsi, dans la célèbre la course-poursuite entre le loup et le Petit Chaperon rouge dans le sixième tableau, Milstein fera la démonstration d’une vélocité fabuleuse et rigoureusement exécuté. Le cortège funèbre, inspiré par les funérailles de Scriabine (Étude n° 7), est aujourd’hui plus réfléchi et ressenti, tandis que le lyrisme de la huitième et la marche triomphante de la neuvième étude bénéficient d’un traitement plus granulé et étoffé dans la nuance. Les deux bis, la Rêverie du soir de Tchaïkovski et les Feux d’artifices de Debussy compléteront cette inoubliable soirée de musique.

 

 

 

Visuels : © Pierre Morales