Le Festival de musique sacrée de Rocamadour célèbre en 2025 sa vingtième édition. Le spectacle d’ouverture de cette édition si particulière était donné par le très bel ensemble Vox Luminis, dirigé par le baryton Lionel Meunier. Au programme, un monument de la musique baroque : La Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach (1685-1750).
S’il y a une œuvre qui a une histoire particulière, c’est bien la Messe en si. De nos jours, le chef-d’œuvre de Bach est considéré comme un monument de la musique sacrée baroque, mais il ne faut pas oublier que Jean-Sébastien Bach ne la vit jamais interprétée de son vivant. En effet, au décès du cantor de Leipzig, la partition fut remisée dans un placard et oubliée ; c’est Félix Mendelssohn qui la ressortit de l’oubli et en organisa la création en 1830.
La Messe en si n’a pas été composée d’un seul tenant, car Bach assembla plusieurs pièces écrites à des périodes différentes pour en faire une seule œuvre : la plus ancienne date de 1714, les dernières de 1748 et 1749, soit juste avant son décès. C’est donc cette œuvre si particulière mais si belle qui était présentée le 15 août, jour de l’Assomption de la Vierge, en la basilique Saint-Sauveur de Rocamadour pour ouvrir le Festival de musique sacrée.
Vox Luminis est un de ces ensembles dont le succès a été fulgurant, et l’on ne peut que s’en réjouir car tout est réuni pour une telle réussite, au moins pour deux raisons : la première est que les chanteurs se connaissent tous, puisqu’ils ont fait leurs études ensemble à Namur (source) ; la seconde est la rigueur et la passion que chacun met à travailler chaque nouveau programme. La Messe en si ne fait pas exception.
Et le résultat est exceptionnel : tempos et nuances parfaits, diction impeccable qui résonne sous les voûtes de la basilique Saint-Sauveur. Le chœur est un ensemble à douze voix, dont émergent les solistes tandis que les autres se placent en retrait. Quant à l’orchestre, les cordes et la basse continue sont installées au centre de la basilique, tandis que les trompettes et les timbales se trouvent à l’arrière, le cor étant « isolé » sur le côté de la nef gauche. Musicalement, on ne peut que saluer la très belle performance de l’orchestre, que Lionel Meunier dirige fermement depuis le chœur. Vocalement, le chœur composé de douze solistes donne une lecture exceptionnelle de la partition de Bach grâce au travail rigoureux réalisé en amont du Festival de Rocamadour.
Nous avons une pensée spéciale pour les solistes Erika Tandiono, Zsuzsi Tóth et Sophia Faltas, sopranos ; William Shelton, alto ; Raphaël Höhn, ténor ; et Sebastian Myrus, basse, qui chantent superbement les parties solistes en sortant de temps à autre du rang.
Cette interprétation splendide de la Messe en si par l’ensemble Vox Luminis lui a valu une ovation debout, grandement méritée, tant chacun a su rendre toute la foi et la dévotion que Jean-Sébastien Bach a patiemment transcrites dans chacune des pièces composées entre 1714 et 1749.
Visuel : Vox Luminis (c) François Le Guen