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La « Journée Rachmaninov » à La Roque d’Anthéron : Vsevolod Zavidov

par Hannah Starman
le 06.08.2023

Le 43ème Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron a dédié la journée du 5 août à Serguei Rachmaninov, dont on fête les 150 ans de la naissance cette année. Fanny Azzuro, Jean-Paul Gasparian, Vsevolod Zavidov et Nikolaï Lugansky ont rendu un vibrant hommage au célèbre compositeur russe.

Le parcours d’un prodigue

 

La journée Rachmaninov se poursuit à 18h à l’Auditorium du Parc du Château de Florans avec le récital de Vsevolod Zavidov. Le prodige russe de 17 ans s’est initié au piano à l’âge de quatre ans avec Tamara Koloss à l’École centrale de Musique à Moscou. Il a débuté dans la Grande Salle du Conservatoire Tcheikovski à huit ans et à dix ans, il a donné son premier récital à Carnegie Hall à New York. L’année suivante, il a interprété le Premier concerto pour piano de Chostakovitch avec le Moscow Virtuosi Orchestra sous la baguette de Vladimir Spivakov. Étudiant avec Tatiana Zelikman à Académie russe de musique Gnessine, qui forme les jeunes prodiges à Moscou, le jeune Zavidov remportera plusieurs concours prestigieux, dont la Médaille d’or du Concours International Junior Gina Bachauer en 2021 et le Prix Georges Leibenson au Concours de Genève en 2022.

 

Troisième partita pour le violon de J. S. Bach (arr. de Rachmaninov)

 

Dès son entrée sur scène, Vsevolod Zavidov captive le regard. Sa pétulance, son assurance, ses boucles rousses et ses yeux bleus laissent entrevoir l’allure qu’aurait pu avoir Janet Frame si son génie avait été reconnu. Zavidov s’installe derrière son Fazioli et se lance dans une Partita pour violon n 3 de J. S. Bach, arrangé pour le piano par Serguei Rachmaninov. En 1933, Rachmaninov transcrira trois pièces de la Troisième partita pour le violon de J. S. Bach : Prélude, Gavotte et Gigue. Mais Rachmaninov ne s’est pas juste contenté d’adapter la partition pour violon solo au piano. Superposant des passages contrapuntiques et créant de nombreuses harmonies nouvelles, il a inventé une musique fidèle à l’esprit de Bach, mais décidément imprégnée de la voix de Rachmaninov. Dans le Prélude, vif et léger, animé d’une joyeuse activité contrapuntique typiquement bachienne, on entend clairement des échos de certaines Études-tableaux de Rachmaninov. La Gavotte qui suit est encore plus éthérée, enjouée et délicate, révélatrice d’une insouciance surprenante dans la musique de Rachmaninov. La Gigue finale, colorée et débordante d’une gaieté contagieuse, est un peu plus musclée dans ses harmonies de basse.

 

Fasciné par les inventions de Thomas Edison, Rachmaninov se passionnera pour le phonographe. Poussé à l’exile par la Révolution d’octobre en 1917, Rachmaninov, fraîchement installé aux États-Unis entrera en contact avec Edison et dès 1919, il réalisera ses tout premiers enregistrements dans les studios d’Edison à New York. La Partita n 3,  gravée les 26 et 27 février 1942, sera le dernier enregistrement de Rachmaninov. Il décédera en mars 1943. Outre la virtuosité pianistique, le défi pour l’interprète de la Partita est de trouver le bon équilibre entre le romantisme de Rachmaninov et la précision de Bach.

Vsevolod Zavidov nous en offre une interprétation frétillante, enjouée et techniquement irréprochable, accompagné d’expressions faciales témoignant de l’intense activité intérieure qui l’anime. On a l’impression qu’il est engagé dans un échange d’idées avec les deux compositeurs à qui il présente les inventions qui jaillissent sans arrêt de son inépuisable ingéniosité.

 

 

Études-tableaux op. 33

 

Après cette grisante mise en bouche, Zavidov nous propose huit Études-tableaux op. 33. Composées en 1911, ces pièces sont à la fois innovantes, techniquement difficiles et d’une intense musicalité. Ces miniatures évoquent des scènes, des histoires, des paysages, des ambiances, etc. Rachmaninov n’a jamais précisé le contenu des morceaux, laissant à l’interprète la liberté de suivre les méandres de sa propre imagination. Vsevolod Zavidov est clairement heureux comme un poisson dans l’eau dans le lyrisme, l’expressivité, la fougue et les obstacles pianistiques des Etudes-tableaux. Son jeu est bouillonnant de fraîcheur et d’émerveillement, éloquent, tonique, précis et attentif au moindre changement d’ambiance ou d’humeur. Tel un enfant curieux et affable qui vous présente tous ses nounours, révélant en chuchotant leurs excentricités respectives avec un petit sourire indulgent, le jeune Zavidov embarque ses auditeurs dans un voyage à travers tout ce qu’il aime, tout ce qu’il sait et tout ce qu’il découvre. Quand quelques applaudissements retentissent après un enchaînement d’un Non allegro (surnommé La Tempête de Neige en Russie) brillant d’expressivité, suivi d’un Allegro con fuoco haletant, Zavidov sourit agréablement et poursuit, bouche ouverte et les yeux scintillant, avec le poétique et contemplatif Moderato pour terminer avec le dramatique Grave avec ses violents contrastes harmoniques et rythmiques.

 

Variations sur le thème de Corelli op. 42

 

Dans la troisième partie, Vsevolod Zavidov, jouera les Variations sur le thème de Corelli op. 42. Au début des années 1930, les Rachmaninov ont pris l’habitude de passer leurs étés dans la maison « le Pavillon » qu’ils louaient dans le village de Clairefontaine dans la forêt de Rambouillet. Le compositeur y jouait au tennis, faisait de longues promenades et en 1931, il y a écrit les vingt variations, encadrées par une exposition du thème et une coda sur la Sonate op. 5 n 12 sur le thème de « la Follia » d’Arcangelo Corelli (1700). Les Variations étaient la première composition pour piano que Rachmaninov écrira depuis seize ans et aussi sa dernière ; la plus éloquente et la plus révélatrice de la mélancolie qui l’assaillait depuis le départ forcé de la Russie en 1917.

 

Rachmaninov a présenté ses Variations Corelli à Montréal le 12 octobre 1931, mais l’accueil du public était tellement tiède qu’il n’en a joué qu’une sélection. Avec un humour grinçant, il écrira à Nikolaï Medtner, son ami et le dédicataire de son Quatrième concerto, le 21 décembre 1931 à propos des Variations : « Je les ai jouées une quinzaine de fois, mais jamais dans leur continuité. Je me suis guidé sur les toux du public. S’ils toussaient de plus en plus, je sautais la variation suivante. S’ils cessaient de tousser, je jouais normalement. À un concert […] ils toussaient tellement que je n’ai pu jouer que 10 variations. J’ai atteint mon record à New York, où j’en ai joué 18. »

 

Contrairement au compositeur, Vsevolod Zavidov a non seulement pu jouer les vingt variations sans irruptions de toux, mais on se l’imaginerait facilement s’en vanter, avec une candeur désarmante, auprès de l’austère et mélancolique Rachmaninov, en proie à ses démons. Zavidov nous offrira une version exquise des Variations ; pleine de générosité et d’espoir que Rachmaninov n’inscrivait plus dans sa musique à cette époque-là. Le jeune pianiste attaquera les scherzandos comme un diablotin sortant de sa boite, mais il joura les variations sombres et graves avec une douceur infinie et sans nuage, comme pour dire au compositeur inconsolable que tout va s’arranger. Dégagées du poids d’une vie morte, les Variations de Vsevolod Zavidov sont légères et lumineuses. Que du bonheur !

 

Acclamé vigoureusement par le public, Zavidov nous offrira un bis : Vocalise, op. 34 n 14, avant d’indiquer, avec un geste de la main et un grand sourire, qu’on doit se quitter.

 

 

Visuels : © Valentine Chauvin