Simon-Pierre Bestion et la compagnie La tempête, née en 2015, ont fait un passage remarqué au Grand Théâtre de Tours à l’occasion de « Concerts d’automne ». Au programme de la soirée : un savant mélange d’œuvres de Jean Sébastien Bach et de compositeurs minimalistes américains et européens.
La compagnie La tempête prépare en général des programmes remarquables et accueillis avec succès tant par le public que par la critique. Ainsi, en 2021, elle avait triomphé dans le cadre de Concerts d’automne avec une version des Vêpres de Sergueï Rachmaninov (1873-1943). En 2023, c’est avec un nouveau programme intitulé « Bach minimaliste » que l’ensemble revient à Tours. Le public, toujours aussi nombreux, a, une nouvelle fois, répondu présent, attiré qu’il était par le renom grandissant de l’orchestre invité.
Si le programme peut intriguer, car il sort des sentiers battus, il ne manque pas non plus d’intérêt. Mais ne nous y trompons pas si le titre est alléchant, il n’y a que deux œuvres de Jean Sébastien Bach (1685-1750) : le concerto en ré mineur pour clavecin BWV 1052 magistralement interprété par Louis-Noël Bestion de Camboulas, le claveciniste de l’ensemble, et la passacaille et fugue en UT mineur BWV 582 que Simon-Pierre Bestion dirige avec panache. Cependant, c’est avec Piano phase, une pièce de Steve Reich (né en 1936) que la soirée commence. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on est en plein minimalisme – et pas forcément le meilleur ; Reich répète inlassablement le même module qui, au bout d’un moment devient franchement entêtant, voire même usant pour les oreilles.
En revanche, Immortal Bach, l’unique chœur de la soirée est chanté derrière le rideau de fond. Cette pièce a été composée par Knut Nystedt (1915-2014) et a au moins le mérite de « sauver l’honneur » du chœur de la compagnie La tempête. Cette œuvre présentée dans sa version chantée rend un bel hommage à Bach et à son œuvre vocale si importante. Si nous attendions mieux de la part d’un ensemble aussi talentueux, nous apprécions la direction ferme, nerveuse, sans faiblesses de Simon Pierre Bestion. Quant aux nuances et aux tempos adoptés, ils sont parfaits. Et le concerto pour clavecin en ré mineur de Bach, dont les trois mouvements sont interprétés entre deux pièces de musique contemporaine, est bien la seule œuvre du programme, avec le Immortal Bach de Nystedt, à retenir l’attention.
Mais même si le programme musical est un peu décevant, car il n’y a pas, ou très peu, de musique vocale, c’est tout ce qui est autour qui attire l’attention. Ainsi Simon-Pierre Bestion a monté une mise en espace agréable qui est agrémentée des lumières impressionnantes de Marianne Pelcerf et de Florian Aussedat. Les deux compères emmènent le public dans un voyage entre mer et montagne, nous donnant au passage un premier aperçu de l’hiver à venir. Autre point fort de ce concert déconcertant ce sont les créations vidéo, mapping et live, toujours renouvelées et originales de Jemma Woolmore qui captent l’attention du public.
Même si nous aurions pu espérer mieux sur un plan strictement musical, nous avons passé un moment agréable surtout grâce aux « à-côtés ». Le public venu nombreux a réservé un accueil enthousiaste à l’ensemble des artistes présents sur la vaste scène du Grand Théâtre de Tours.
Visuel : Simon Pierre Bestion par © Hubert Caldagues