Hervé Niquet est chef d’orchestre et directeur artistique du festival de Saintes, il nous parle de sa prochaine édition.
C’est David Théodoridès, le directeur général de l’abbaye aux dames qui m’a appelé pour me proposer de faire la programmation du festival de Saintes. Dès le début, il a posé les choses et je savais que je ne ferais que deux éditions. D’un commun accord, nous avons décidé de faire de la place aux jeunes artistes et ensembles, comme l’ensemble espagnol Los elementos, tout en programmant, à leurs côtés, des têtes d’affiche.
J’ai sorti mon carnet d’adresses et j’ai lancé les invitations. Je me suis concentré sur les artistes français, mais n’oublions pas que Saintes est un festival international, il y a donc des artistes qui viennent de partout (Japon, Canada, Monaco, Belgique …) avec de divers programmes.
J’ai demandé à ce qu’on privilégie des compositeurs comme Jean Sébastien Bach (1685-1750). Mais bien sûr chacun programme selon ses goûts comme Sigiswald Kuijken pour le concert du Jeune Orchestre de l’Abbaye qui leur fera interpréter des œuvres de Ludwig Van Beethoven (1770-1827), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) et Joseph Haydn (1732-1809). Mais même si la plupart des programmes comportent plusieurs œuvres, les chefs d’orchestre et différents artistes ont bien joué le jeu.
Oui, en effet, je trouvais que Vivaldi était trop peu donné au festival de Saintes et je voulais le (re)mettre à l’honneur. J’ai donc choisi le Gloria RV589 qu’il composa pour les jeunes filles de l’Ospedale della pietà, l’orphelinat le plus réputé de Venise. Si aujourd’hui tout le monde connaît la version pour chœur à quatre voix et orchestre, je dirigerai la version originale du Gloria qui fut composée pour deux chœurs de jeunes filles et deux orchestres ; les deux chœurs et les deux orchestres se feront face et moi je serai installé au milieu sur une estrade d’où je serai visible de chacun.
Spontanément, je dirais tous. Plus sérieusement, je pense à deux jeunes ensembles qui viennent avec des programmes très différents, mais aussi très intéressants : Los elementos qui viennent d’Espagne avec des œuvres oubliées dans des placards depuis des siècles ; pour leur concert, ils recréeront un service liturgique tel qu’il était donné à la Réal Capilla au milieu du XVIIIe siècle. Pour finir avec Los elementos, il faut savoir qu’ils ont à leur disposition un nombre incalculable de partitions de musique sacrée, chose que la France ne possède plus qu’en quantité limitée à cause de la révolution de 1789 pendant laquelle beaucoup de choses ont disparu. Le second concert auquel je pense est celui de l’ensemble français Into the winds qui viendra avec des œuvres composées durant le règne du roi fou Charles VI. La recrudescence de la création artistique à cette période de la guerre de cent ans est due à un répit inespéré, certes, mais de courte durée. Cela étant dit, il faut consulter attentivement le programme, car il y a beaucoup de choses à voir et à faire.
Pour le programme, les heures, les lieux et les tarifs c’est ici : Attention, certains concerts peuvent être complets à l’heure où nous publions.
Visuel : Hervé Niquet © Julien Mignot