Pour clore l’édition 2024 du festival de Saintes en beauté, Hervé Niquet a invité l’Orchestre Symphonique de la garde républicaine. Pour l’occasion, il avait monté un programme festif ou l’on trouvait côte à côte des musiques militaires, des tubes et des musiques plus légères.
Lors de l’édition 2023, Hervé Niquet avait invité l’orchestre d’harmonie de la garde républicaine ; il a donc récidivé en invitant ce très bel orchestre au complet. Et c’est avec un programme festif et hétéroclite que la phalange militaire s’est installée dans les jardins de l’abbaye. L’espace étant vaste, c’est environ un millier de personnes qui étaient venues à cette soirée qui promettait beaucoup ; c’était sans compter sur la pluie, invitée importune du jour qui a obligé David Théodoridès et Hervé Niquet à abréger la soirée en supprimant trois ou quatre morceaux s’adaptant au fur et à mesure des changements d’humeur d’une météo capricieuse. Cela n’a pas empêché ceux qui avaient affronté la pluie de profiter au maximum de la performance magnifique de cette très belle phalange dirigée par un Hervé Niquet très en forme et plein d’humour.
C’est avec Les chasseresses – extrait du ballet Sylvia – de Léo Delibes (1836-1891) que Niquet et l’Orchestre Symphonique de la Garde Républicaine entament la soirée. Et c’est une très belle lecture de cet extrait du chef d’oeuvre de Delibes que le chef et sa prestigieuse phalange nous offrent. Si Hervé Niquet a programmé des pages peu connues, il n’a pas oublié les tubes comme par exemple l’ouverture de Carmen, l’Arlésienne (dont est tirée la farandole que la phalange interprète) de Georges Bizet (1838-1875) ou encore le Tribut de Zarmora de Charles Gounod (1818-1893). Pour la partie viennoise du concert, ce sont les Strauss père et fils qui sont à l’honneur. De Johann Strauss père (1801-1849) nous avons écouté l’incontournable Marche de Radetsky ; ce sont deux polkas (Tik-tak polka et Unter donner und blitz polka) et une valse (valse Voix de printemps) de Johann Strauss fils (1825-1899). A la « sévérité » de Radetsky succède la « joyeuseté » des œuvres de Strauss fils pour le plus grand plaisir d’un public conquis malgré le temps.
Avec les œuvres de Roger Roger (1911-1995), on change d’ambiance mais aussi c’est à ce moment du concert que la pluie s’est invitée, obligeant ainsi David Théodoridès et Hervé Niquet à faire passer à la trappe une partie du programme. Ainsi avec Place Clichy, La vitrine aux jouets et Music Hall les musiciens nous entraînent dans un univers festif très différent de celui des Strauss mais tout aussi séduisant à sa manière. Le concert s’achève donc sur les œuvres de Leroy Anderson (1908-1975). Si nous avons apprécié Belle of the ball, Fiddle-Faddle et Sleigh ride interprétées toutes les trois d’une manière très enlevée, c’est bien The tipewriter qui provoque un sourire général. En effet Hervé Niquet et son soliste avaient préparé un sketch qui s’est prolongé plus que le chef ne le pensait car en effet « Hervé ne savait pas tout » nous a dit le soliste après le concert… On l’on découvre que les militaires ont un sens de l’humour aiguisé.
Si l’on ne peut que regretter que la pluie nous ait privés d’une [petite] partie du concert, nous saluons l’immense talent de cette phalange militaire qui sous la direction avisée et pleine d’humour d’Hervé Niquet qui fidèle à son habitude a pris la peine de présenter les œuvres du programme tout en regrettant que le mauvais temps se soit invité à la fête. Malgré tout, nous avons passé un excellent moment en compagnie de ce très bel orchestre et de son chef du jour.
(c) Esteban Martin