En transcrivant la IXe symphonie de Ludwig Van Beethoven (1770-1827), Franz Liszt (1811-1886) ne pensait sans doute pas qu’il s’attaquait à un futur tube européen. Les deux pianistes invités pour l’occasion ont parfaitement rendu hommage aux deux compositeurs au cours d’une soirée qui a eu un grand succès.
La IXe symphonie de Ludwig Van Beethoven est rapidement devenue un tube international ; au point que son célébrissime ode à la joie est désormais l’hymne européen. Créée il y a tout juste deux cents ans, elle est donnée un peu partout en France et à l’étranger. La transcription pour deux pianos de Franz Liszt, qui date de 1850 est très peu connue, et c’est cette transcription que les responsables de Concerts d’automne ont choisi de présenter au public au palais des congrès de Tours.
Le très jeune Ilan Zatjman (né en 2001, il n’a que 23 ans) et Vardan Mamikonian, le pianiste chevronné, se sont bien trouvés et ont donné un concert remarquable. À l’occasion de ce concert, les deux hommes ont joué deux pianos de la maison Erard fabriqués dans les années 1840 et qui ont été restaurés tout exprès pour ce concert (déjà lors de l’édition 2023 du festival, une journée avait été consacrée aux concerts sur pianos anciens).
Avant de présenter cette version quelque peu méconnue de la IXe symphonie, les deux pianistes ont présenté des œuvres de Franz Schubert (1797-1828) et de Richard Wagner (1813-1883) transcrites pour piano par Liszt. Cela a permis au public de découvrir la sonorité des pianos installés sur la scène de l’auditorium Ronsard. Les quatre lieder de Schubert interprétés par Ilan Zajtman – « Der Müller und Der Bach », « Gretchen am Spinrade », « Leise flehen meine Lieder », « Auf dem wasser zu singen » – font (re)découvrir un univers introverti tout en retenue. La belle sonorité du piano donne à ces lieder une palette de couleurs peu communes d’autant que l’interprétation d’Ilan Zajtman est idéale tant dans les tempos que dans les nuances. Quant à Vardan Mamikonian, il interprète la mort d’Isolde (extrait de Tristan et Isolde de Wagner). La lecture du pianiste franco-arménien est parfaite ; les tempos et les nuances soulignent en toute simplicité le drame qui se joue sans altérer le propos initial de Wagner.
Si tout le monde connaît la IXe symphonie de Beethoven dans sa version orchestrale, nombreux sont ceux qui ne connaissent pas la transcription pour deux pianos de Liszt. C’est cette transcription que les responsables du festival Concerts d’automne ont choisi de présenter au public pour célébrer le bicentenaire de sa création survenue le 7 mai 1824. Zajtman et Mamikonian s’installent chacun à un piano et déroulent une lecture quasi parfaite. Chaque thème, chaque mouvement est ciselé avec art ; mais c’est surtout le quatrième mouvement, le presto final, qui retient l’attention, car c’est là que le chœur et les solistes interviennent. La disparition pure et simple des chanteurs ne pose pas de problèmes puisqu’elle nous permet de profiter au mieux de la musique et du si célèbre thème de l’ode à la joie – l’hymne européen – dont les variations sonnent avec plus de force dans le vaste auditorium.
C’est un concert de très haute volée que nous ont présenté Ilan Zajtman et Vardan Mamikonian en ce beau samedi soir d’octobre. Et d’ailleurs, surpris par l’accueil très chaleureux – et même enthousiaste – du public, les deux hommes qui n’avaient pas prévu de bis – car « c’était un très long concert » selon Mamikonian – ont quand même repris une partie du second mouvement.
Visuels : Ilan Zatjman et Vardan Mamikonian © Rémi Angéli