Le directeur musical de l’Orchestre national de Cannes nous parle de sa saison 2023-24, une saison qui débute dans sa nouvelle salle des Arlucs avec une heure dédiée aux Illuminations de Britten. Benjamin Levy livre ses réflexions sur ce qu’implique d’être l’orchestre de la ville connue pour son Festival du cinéma et ses palmiers. L’image du monde nouveau qu’il dessine est généreuse et réjouissante.
Nous sommes l’orchestre de la ville du cinéma, c’est donc une question que je me suis beaucoup posée. Il existe ici un lien très fort entre la représentation visuelle et la musique. C’est une tarte à la crème de dire que la musique est là quand les mots ne suffisent plus. Mais il y a encore plus que cela : la musique exprime des choses plus subliminales que le texte ou l’image, parce qu’elle ne passe pas par le sens. Elle passe par l’émotion. La musique a un puissant pouvoir évocateur. Elle peut relater, en quelques mesures, l’ambiance et le contexte d’un message et l’on retrouve cet art de l’immédiateté dans la musique de film et dans la publicité. Il est donc intéressant de s’intéresser au rapport si important de la musique à l’image, et comprendre comment cela fonctionne. Le pouvoir évocateur de la musique à l’image est combiné à une immédiateté du message. La musique de films, de publicité, des séries télévisées, présente un art de l’immédiateté de la musique.
Depuis la saison 2021/2022, l’Orchestre national de Cannes fait confiance au photographe Meyer – Tendance Floue pour la réalisation de ses visuels. Pour cette saison 23/24, il a joué sur un joli décalage entre les palmiers et les habits de gala des musiciens de l’Orchestre, créant un univers un peu à la Pierre et Gilles. Je suis flatté et amusé d’être en Dieu le père pour cette série de photos…
Cet événement s’inscrit dans le cadre des actions portées par la Mairie de Cannes en soutien à la ville de Lviv qui est jumelée avec Cannes. L’intégralité des recettes sera reversée au programme « Unbroken », lancé par l’hôpital principal de Lviv pour développer un complexe de réhabilitation national, de production de prothèses et de rééducation, ainsi qu’un centre résidentiel permettant la réinsertion sociale et professionnelle des blessés et amputés de guerre.
L’Orchestre national de Cannes et le Palais des Festivals de Cannes se sont joints à cette initiative en soutien au peuple ukrainien et à toutes les populations touchées par le conflit.
Pour ce concert caritatif, nous sommes ravis d’accueillir la pianiste ukrainienne, Natacha Kudritskaya. Cette pianiste entretient depuis l’enfance un lien particulier avec la France où elle réside depuis plusieurs années. Elle est très impliquée face à la situation que traverse son pays natal et est déjà à l’initiative de plusieurs projets de soutien.
Aux côtés des musiciens de l’Orchestre, elle interprétera le Concerto pour la main gauche de Bortkiewicz, une œuvre commandée par le pianiste Paul Wittgenstein suite à la perte de son bras droit lors de la Première Guerre Mondiale. Puis l’Orchestre entamera le Symphonie Héroïque de Beethoven, dont la liberté et la puissance symbolisent l’espoir d’un monde fraternel. »
Il n’y a pas d’art mineur de la musique ! Écrire une bonne chanson de moins de deux minutes n’est pas moins difficile qu’un final de symphonie de Mahler qui durerait 35 minutes. C’est Nobuyuki Nakajima qui dirigera, le 4 février prochain, les arrangements de notre hommage à Charles Aznavour, lié à la semaine arménienne à Cannes et à son centenaire. Il avait déjà réalisé, l’an dernier, les arrangements de notre soirée dédiée à Édith Piaf.
J’ai pensé au concert avec l’Académie des jeunes musiciens qui viennent chaque année se joindre aux musiciens de l’Orchestre National de Cannes. C’est bien la promesse d’un nouveau monde. Et quand on y réfléchit, l’Orchestre est un modèle, un miroir embellissant qu’on veut tendre à la société. Dans l’orchestre, nous concourons tous ensemble à créer du beau. C’est une société idéale où chacun remplit une fonction, sans dire mieux ou moins bien que l’autre, même le chef d’orchestre ! Et puis dans un orchestre, on s’écoute beaucoup et cela représente une très belle vision d’un monde nouveau.
Nous avons la chance de jouer Samuel Barber avec Renaud Capuçon, le 18 février, avec Nelson Goerner, immense pianiste, qui vient jouer le 2e concerto de Rachmaninov, le 6 avril. Et puis, nous sommes très heureux, en mars, de proposer du Mendelssohn avec la violoniste (qui ne joue pas assez en France) Alena Baeva .
Absolument, le 21 décembre, avec les Jeunes Voix de Cannes nous proposons un ciné-concert inspiré par le film Les Choristes, à l’occasion des 20 ans du film. Un ciné-concert ce n’est pas forcément Hollywood, Star Wars ou Lalaland. Cela peut être aussi l’occasion d’entendre des œuvres iconiques du répertoire français également. Mon rêve serait de jouer avec une projection d’un film de Jacques Demy, mais c’est assez compliqué techniquement, notamment parce qu’à l’époque le son n’a pas été enregistré en multipistes et qu’il faut l’isoler.
Il y a un paradoxe d’être lié à un nom célèbre et écrasant. C’est à la fois une chance d’être porté par une ville connue dans le monde entier, mais également, il est difficile de faire exister d’autres choses à Cannes que son cinéma et son caractère de lieu de villégiature. Il est difficile de proposer autre chose que cette image de « la ville cinéma, des bateaux, des vacances, des plages chics et des palmiers ».
Alors qu’en fait, il y a une riche vie culturelle, diverse, et des jeunes, étudiants ou lycéens qui sont partie prenante de cette culture. C’est un peu pour cela que j’avais conçu le programme « Croisette, opérettes des Années folles » autour des opérettes et du glamour des années 1920. Et puis, il faut ajouter que, pour la première fois l’an dernier, l’Orchestre a joué un rôle important pendant le Festival du cinéma. Nous avons participé à ce grand concert qui mettait en avant la musique de film, sur la plage du Festival, et qui a été diffusé après la cérémonie d’ouverture en direct sur France 2. J’étais content que l’on puisse voir un vrai orchestre à la télévision pour voir comment se fait cette musique populaire.
Amour, gloire et Mozart est une vraie série de 4 épisodes avec un générique, le mention canonique « précédemment dans Amour, gloire et Mozart … » et la vie du compositeur se prête vraiment à un feuilleton psychologique, notamment au travers du rapport à son père, Léopold, qui est quelque chose entre En thérapie et Les feux de l’amour. Nous sommes ravis de travailler avec Olivier Py sur ce projet un peu fou !
Quant au partenariat avec Cannes Séries, il se poursuit joyeusement. L’an dernier, l’orchestre a joué pour la cérémonie de clôture avec un hommage à Lalo Schifrin, compositeur vivant de 90 ans, qui a composé des symphonies et qui est aussi une personnalité iconique de la musique de films et de pub, puisqu’on lui doit la musique de Mission impossible, mais aussi de la série Mannix et des collants Dim.
Faire venir le public à l’Auditorium des Arlucs est une initiative portée par notre directeur général Jean-Marie Blanchard depuis la saison 21/22. Et les gens ont pris l’habitude de venir. Après deux ans de succès pour nos formats plus courts comme « Une œuvre, une heure » ou « Le Bel aujourd’hui » et des « Concerts apéritifs », nous explorons pour cette nouvelle saison deux nouveautés : Amour, Gloire et Mozart – La Série et Arlucs Symphonique.
Avec Arlucs Symphonique, nous étendons le répertoire au symphonique avec des concerts qui seront joués deux fois : le jeudi soir et le dimanche matin pour que tout le monde puisse avoir la possibilité d’entendre ces œuvres.
© Yannick Perrin
– Article Partenaire-