Pour la seconde année consécutive, l’Orchestre Consuelo, fondé et dirigé par le violoncelliste Victor Julien-Laférrière, vient au festival de Rocamadour. Installé au pied de la cité, dans la vallée de l’Alzou, les musiciens ont interprété deux œuvres majeures de l’histoire de la musique : la symphonie N°7 de Ludwig Van Beethoven (1770-1827) et le requiem de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791).
Si de nombreux concerts du festival se déroulent dans la basilique Saint Sauveur, située en plein cœur de la cité médiévale de Rocamadour, d’autres se déroulent dans la vallée de l’alzou qui est au pied de la cité. Ce sont les orchestres les plus importants comme le Consuelo ou encore l’orchestre de la garde républicaine qui se produiront sur cette scène en plein air. Pour permettre au public d’assister à ces concerts, des navettes aller-retour sont mises en place à partir de la place du belvédère jusqu’au pied de la vallée de l’alzou.
Le requiem de Mozart étant une œuvre assez courte, moins d’une heure, Victor Julien-Laferrière a donc programmé aussi une symphonie de Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : la N° 7. Ce choix n’est pas dû au hasard puisque le chef et son orchestre sont en plein cœur de leur ambitieux projet tournant autour des neuf symphonies du compositeur bonnois. Et l’interprétation du chef d’œuvre de Beethoven est pleine d’entrain, les tempos et les nuances sont parfaits, la direction ferme, précise. Victor Julien Laferrière qui connaît son Beethoven sur le bout des doigts, prend cette symphonie à son compte et en donne une lecture limpide.
Un requiem interprété avec maestria
Pour interpréter le requiem de Mozart, son ultime chef-d’œuvre qu’il n’a pas eu le temps d’achever, Victor Julien-Laferrière s’est associé avec un chœur espagnol : l’Orfeon Donostiarra (José Antonio Sainz Alfaro, chef de chœur). Quant au quatuor de solistes, il a invité quatre très beaux artistes : Lauranne Oliva (soprano), Paul Figuier (contre-ténor), Enguerrand de Hys (ténor) dont nous avions d’ailleurs chroniqué le CD sorti sous le label Rocamadour – Musique Sacrée et Nicolas Brooymans (basse). La musique du divin Mozart résonne sous le ciel étoilé de Rocamadour s’envolant comme une prière désespérée du compositeur salzourgeois qui se savait mourant. Le choeur, qui existe depuis 1897, parfaitement préparé par son chef, interprète la difficile partition de Mozart avec une élégance et une rigueur remarquables. On peut s’étonner de voir un contre ténor chanter la partie de mezzo soprano soliste, mais cela ne change rien en fin de compte car Paul Figuier se montre à la hauteur du défi en interprétant sa partition avec un brio incomparable ; la belle voix d’alto de Figuier envahit la plaine de l’alzou démontrant qu’il n’a rien à envier aux plus illustres interprètes du requiem de Mozart tant il prend à son compte une partition difficile. La soprano Lauranne Oliva se montre également sous son meilleur jour ; l’on apprécie d’entendre cette belle voix de soprano dans l’immense prairie spécialement aménagée pour les concerts en plein air. Le ténor Enguerrand de Hys fait une très belle carrière depuis ses débuts en 2014 ; sa performance sous le ciel étoilé de Rocamadour est aussi remarquable que celle de ses deux « compères » et cette belle voix de ténor est très agréable à écouter. Nicolas Brooymans a une belle voix grave et apaisante et il complète avec bonheur un quatuor de très belle tenue. L’Orchestre Consuelo accompagne de manière parfaite le chœur et les solistes. Mozart a trouvé là des interprètes qui n’ont rien à envier à des artistes « stars » et l’on ne peut que se réjouir d’avoir pu écouter une lecture si splendide en un lieu si majestueux.
C’est un concert exceptionnel que nous ont présenté l’Orchestre Consuelo et ses partenaires. L’accueil enthousiaste du public a poussé les artistes présents sur la scène « éphémère » de la vallée de l’alzou à concéder un bis si apprécié que les spectateurs se sont arrêtés ou ils étaient pour écouter.
Visuel : ©François Le Guen