31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3    31.07.2025 : Le metteur en scène Robert Wilson est décédé ce 31 juillet 2025 à l’âge de 83 ans    28.07.25 : Frédérique Aït-Touati nommée directrice du Théâtre de la Cité internationale, accompagnée de Nathalie Vimeux comme directrice déléguée    22.07.25 : Le coréen sera la langue invitée du 80e festival d’Avignon    19.06.2025 : La mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, inoubliable Carmen, nous a quittés à l’âge de 61 ans    16.07.25 : Anne Teresa De Keersmaeker et Marina Abramovic, lauréates du « Nobel des arts »    14.07.2025 : Mort de l’animateur et producteur Thierry Ardisson    11.07.25 : Raphaël De Almeida Ferreira prend la direction du Jeune Théâtre National    11.07.25 : François Chaignaud nommé à la tête du CCN de Caen en Normandie    11.07.25 : Passage en force, le Sénat adopte la réforme de l’audiovisuel public grâce à l’article 44.3
Agenda
Dossiers
Musique
Auteurs et Autrices
Partenaires
Qui sommes-nous?
Contact
Agenda

Au Verbier Festival, l’immense Viktoria Postnikova célèbre Chostakovitch avec affection, respect et intelligence

par Hannah Starman
31.07.2025

Ce 30 juillet, l’Église de Verbier accueille la légende du piano dans un programme rare et prodigieusement réalisé, réunissant la Sonate pour piano n° 1 op. 12, la Sonate pour violon et piano op. 134 et la rarissime version réduite de la Symphonie n° 14. Une soirée exceptionnelle, empreinte d’émotion et de beauté.

Viktoria Postnikova magistrale dans la Sonate n° 1 pour piano

Pour honorer le 50e anniversaire de la disparition de Chostakovitch, Viktoria Postnikova choisit l’une de ses œuvres de jeunesse les plus résolument modernistes. En 1926, Chostakovitch, âgé alors de 20 ans, savoure le succès retentissant de la Symphonie n° 1. Il écrit la Sonate pour piano n° 1 en automne 1926, six mois après la création de sa Première en mai. Désormais célèbre, l’insolent wunderkind à l’allure de Harry Potter compose une sonate iconoclaste, musclée et dissonante, inspirée par le modernisme russe de Scriabine et Prokofiev et la technique de la transformation thématique de Liszt. Les éléments thématiques de la Sonate pour piano sonnent presque atonaux et sa structure repose uniquement sur la permutation et la combinaison de matériaux thématiques. La Sonate en un mouvement change de tempo une douzaine de fois en douze minutes d’exécution. Les passages lents et rapides s’alternent et l’ensemble crée l’impression d’un mouvement constant et obstiné.

Viktoria Postnikova, qui était une proche collaboratrice et amie de Chostakovitch, connait sans doute l’affection qu’il portait à cette œuvre, pétrie de virtuosité, d’impétuosité et de rébellion, qu’il a souvent jouée à ses concerts. La célèbre pianiste de 81 ans rejoint la scène intimiste de l’Église de Verbier d’un pas assuré, ajuste la hauteur de son tabouret et attaque ce bijou avant-gardiste avec la vigueur, l’agilité et la grâce qui évoquent le célèbre jeu de jambes de Muhammad Ali. Son interprétation est puissante, précise et contrastée ; à la fois intensément personnelle et scrupuleusement fidèle à l’esprit et à l’intention du compositeur. Postnikova semble tellement habitée par cette musique et si profondément plongée dans une concentration intérieure que cela donne la chair de poule. « J’ai l’impression d’entendre Chostakovitch lui-même au piano », soupire un monsieur grisonnant avec émotion.

Le duo mère et fils fabuleux dans la Sonate pour violon et piano

Après cette fougue de jeunesse, le programme se poursuit avec une œuvre de maturité. Visiblement peu friande d’applaudissements, Postnikova quitte la scène sans tarder et revient promptement avec Sasha Rozhdestvenskiy, le fils né de son union de cinquante ans avec le chef d’orchestre, pianiste et compositeur Gennady Rozhdestvenskiy. Sasha Rozhdestvenskiy, professeur de violon à la HEM à Genève, est considéré comme l’un des meilleurs violonistes russes actuels. Yehudi Menuhin, ami et proche collaborateur de Viktoria Postnikova, avait l’habitude de le décrire comme « l’un des violonistes les plus talentueux et les plus raffinés de sa génération ». Après les premières mesures du piano de Postnikova, l’entrée du violon de Rozhdestvenskiy ne laisse aucun doute sur la qualité de la musique que nous allons entendre.

Chostakovitch écrit sa Sonate pour violon et piano en 1968 pour le 60e anniversaire de David Oïstrakh. Malade et harassé autant par la perspective de sa propre mort que par le retour de la répression politique sous Brejnev, Chostakovitch compose une œuvre emplie de noirceur qui hésite entre tonalité majeure et mineure et reflète la brutalité environnante, notamment l’écrasement soviétique du Printemps de Prague. En même temps, cette œuvre superbe, grandiose et exigeante – la seule sonate pour violon que Chostakovitch n’ait jamais écrite – incarne l’amour du compositeur pour son ami David Oïstrakh et l’appréciation pour son talent extraordinaire. Postnikova et Rozhdestvensky articulent avec une intensité contenue ces contradictions inhérentes.

 

La Sonate pour violon semble tout entière imprégnée d’un chagrin accablant qui déforme tout ce qu’il touche en combat futile. La signature DSCH du compositeur dans le premier mouvement est ainsi transformée en une figure qui ressemble au glas funèbre. La danse nuptiale juive dans le deuxième mouvement devient une lutte désespérée et acharnée entre les deux instruments en équilibre périlleux jusqu’au climax tragique. La musique s’arrête alors brusquement, comme si l’un des deux se résignait à refermer silencieusement la porte sur l’autre. Et dans le Largo final, l’univers de J.S. Bach, si cher à Chostakovitch, commence avec une série de variations en forme de passacaglia et un condensé d’éléments précédents, pour se terminer avec un rappel des cloches funèbres du premier mouvement.

L’étonnante réduction de la Symphonie n° 14 pour piano, voix et percussions

Pendant l’entracte, les spectateurs, secoués par tant d’émotion, se précipitent sur le bar à champagne et sur le stand du festival où ils ne trouvent aucun disque de Viktoria Postnikova. « Impossible de les faire parvenir à temps, parait-il », explique un monsieur déçu à son voisin. En revenant à l’église, les spectateurs retrouvent Viktoria Postnikova au piano, Fedor Khandrikov aux percussions ainsi que la soprano russe Ekaterina Bakanova et la basse grecque Alexandros Stavrakakis à leurs pupitres. La version réduite de la Symphonie n° 14 n’est, pour ainsi dire, jamais interprétée, mais les chanteurs la connaissent bien, pour l’avoir enregistrée sur Shostakovich : Works Unveiled avec le pianiste Nicolas Stavy et le percussionniste Florent Jodelet.

 

C’est à Irina Antonovna, la veuve de Chostakovitch, que l’on doit la découverte de cet arrangement de chambre de la Symphonie n° 14 que Chostakovitch a écrit en 1968 pendant un long séjour à l’hôpital. Selon son biographe Krzysztof Meyer, « la Symphonie n° 14 est la première d’une série d’œuvres de Chostakovitch pouvant être interprétées comme un adieu à la vie ». L’œuvre sombre se décline en onze mouvements, chacun représentant un poème sur le thème de la mort. Comme l’indique Elisabeth Wilson dans la brochure, Chostakovitch organise des textes de Lorca, Apollinaire, Rilke et Küchelbecker dans l’ordre qui ajoute à la symphonie « un drame narratif qui lui confère une unité globale et une dimension presque opératique ». Afin de ne pas interrompre l’arc narratif de l’œuvre voulu par le compositeur, les spectateurs sont priés de ne pas applaudir entre les mouvements.

La réduction de la Symphonie n° 14 est une œuvre dépouillée, intransigeante dans sa transparence et remarquablement efficace. Une petite dizaine de percussions, dont xylophone, castagnettes, tam-tams, fouet et woodblock, accompagnent le piano et les voix, et donnent à cette version compacte un mordant et une couleur on ne peut plus chostakovitchienne. Même si le piano et les percussions ne sont pas toujours accordés à la perfection – sans doute aussi parce que les partitions pour orchestre et pour piano présentent des écarts importants – l’ensemble instrumental est convaincant. Le jeu de Postnikova est à la fois orchestral, expressif et prévenant vis-à-vis des chanteurs qu’elle suit attentivement et qu’elle attend au besoin.

 

Ekaterina Bakanova et Alexandros Stavrakakis sont excellents. Ils ne consultent presque pas leurs partitions et maintiennent le contact visuel avec le public. Leur interprétation est d’autant plus remarquable qu’ils maîtrisent chaque nuance de cette partition difficile. Stavrakakis ouvre « De Profundis » sur le thème du Dies iræ avec une belle voix de basse lyrique qu’il déploie avec beaucoup de délicatesse et de ferveur dans « À la Santé ». Il investit son timbre d’une bonne dose de sarcasme dans son éloquente interprétation de « Réponse des cosaques zaporogues au Sultan de Constantinople », le portrait grotesque et plein d’outrages et d’obscénités que Chostakovitch dresse de Staline sur un poème d’Apollinaire. Au fur et à mesure que les insultes se font plus recherchées, la musique s’élève pour atteindre son apogée sur les vers « Ta mère fit un pet foireux / Et tu naquis de sa colique ».

Ekaterina Bakanova, élégamment habillée et impeccablement coiffée, est intimidante dans « Malagueña », hiératique dans « Suicide » et déchirante dans « La mort du poète », qui reprend le thème du Dies irae. La soprano se révèle être aussi une conteuse captivante par ses modulations de timbre dans « Les Attentives ». Et pour ne rien gâcher, Bakanova et Stavrakakis articulent le texte russe avec une clarté cristalline qui renforce la pureté resserrée de l’œuvre et leur duo dans « Conclusion » est saisissant comme il doit l’être.

 

Rappelée pour la troisième fois sur scène, Viktoria Postnikova revient avec un livre relié avec une couverture bleu foncé sur laquelle on peut lire : Shostakovich New Collected Works. Elle brandit la partition face au public qui l’ovationne debout, avant de la serrer contre elle. Son fils l’embrasse sur la joue et la dirige vers la sortie de la scène sous les applaudissements insistants. De tous les hommages à Chostakovitch auxquels nous avons pu assister depuis le début de cette année commémorative, celui de Viktoria Postnikova est indiscutablement le plus beau, le plus sincère et le plus émouvant. Merci Madame !

Visuels : © Sofia Lambrou