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À La Roque d’Anthéron, l’ivresse grisante pour deux pianos et percussions

par Hannah Starman
10.08.2024

La journée dédiée à Jörg Widmann se termine avec l’éclat de deux pianos et percussions. Les pianistes Claire Désert et Emmanuel Strosser et les percussionnistes Camille Baslé et Georgi Varbanov ont déroulé un programme étoffé, avec comme pièce maitresse, la spectaculaire Sonate pour deux pianos et percussion de Béla Bartók.

La Sonate « parfaite » de Béla Bartók

 

Ce soir du 8 août, la scène, sous la conque au parc du Château de Florans, est arrangée selon les instructions du compositeur hongrois de la Sonate pour deux pianos et percussion op. 110. Les deux pianos sont côte à côte des instruments de percussion joués par deux interprètes leur font face. La pianiste Claire Désert nous explique la raison pour cette configuration  atypique après le concert : « La disposition des instruments est minutieusement décrite dans la partition. »

 

Mais avant la Sonate de Bartók que Claire Désert qualifie, à juste titre, de « parfaite », les deux pianistes interprètent l’arrangement pour deux pianos du Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy. Dos au public, Claire Désert et Emmanuel Strosser interprètent cette œuvre, impressionniste et délicate, avec une finesse et une tension de gourmands qui savourent une délicieuse entrée et en se réjouissant déjà du somptueux plat principal. Cachés dans l’ombre aux marges de la scène, Camille Baslé et Georgi Varbanov y ajoutent un petit son de cloche qui accentue l’ambiance rêveuse, ponctuée par le chant saccadé des grillons qui apportent ainsi leur touche à la magie rythmique du soir qui s’annonce.

 

 

La composition de la Sonate pour deux pianos et percussion s’inscrit dans une période critique de l’histoire européenne qui coïncide avec les plus grands succès professionnels de Béla Bartók. En 1936, il obtient le poste qu’il convoitait à l’Académie des sciences de Hongrie, sa carrière de pianiste est florissante et ses compositions sont accueillies avec enthousiasme. La Sonate pour deux pianos et percussion, créée le 16 janvier 1938 à Bâle, est considérée comme l’une des œuvres les plus fascinantes du répertoire, autant par sa maîtrise formelle que par son innovation sonore.

 

En mars 1938, l’Allemagne nazie annexe l’Autriche et le pacifiste Béla Bartók s’insurge contre la montée du totalitarisme. Il s’oppose au régime autoritaire de Horthy en Hongrie, combat la nazification de son pays et demande l’inclusion de ses œuvres dans l’exposition sur la musique dite « dégénérée ». Le 8 août 1940, Bartók et son épouse, la pianiste Ditta Pásztory, quittent l’Europe pour se réfugier aux États-Unis. La Sonate y sera orchestrée sous le titre de Concerto pour deux pianos et orchestre et créée par le couple Bartók, avec l’Orchestre philharmonique de New York, le 21 janvier 1943.

 

La Sonate pour deux pianos et percussion est une œuvre complexe, minutieusement construite et totalement originale. Elle introduit de nouvelles sonorités et utilise la percussion de manière jusqu’à lors inédite. En plus de deux pianos, qui sont joués tantôt comme instruments mélodiques, tantôt comme percussions, deux percussionnistes se partagent neuf instruments : timbale, grosse caisse, cymbales frappées, cymbale suspendue, tam-tam, caisse claire avec timbre, caisse claire sans timbre, triangle et xylophone.

 

 

Dans la configuration intimiste préconisée par Bartók, Claire Désert, Emanuel Strosser, Camille Baslé et Georgi Varbanov créent une bulle sonore qui retentit, éblouit et communique vers l’extérieur. Tels quatre parachutistes qui sautent dans le vide en se tenant la main pour le cas où l’un des parachutes ne s’ouvrirait pas, ils restent ensemble, en équilibre, en tension et en confiance. Dès les premières mesures du premier mouvement, qui ouvre avec une introduction lente et grave du piano sur le fond d’un bourdonnement de timbale, la maîtrise du chaos de plus en plus explosif est remarquable. Les échanges contrapuntiques entre les deux pianos sont fluides, les effets miroir articulés avec aisance, les combinaisons sonores admirablement équilibrées et les contrastes appuyés sans affectation. Les quatre musiciens relèvent avec brio le défi de conjuguer un rythme effréné et des crescendos puissants avec une attention intransigeante au détail. Ils nous tiennent en haleine jusqu’à la dernière note quand les applaudissements fracassants du public ajoutent une dernière salve percussive à cette fabuleuse Sonate.

 

Une danse traditionnelle bulgare entre Ravel et Rachmaninov

 

Après un entracte restaurateur marqué par le partage d’impressions élogieuses, le programme reprend avec un petit morceau pour percussion seule : Saëta, extrait de Huit Pièces pour quatre timbales du compositeur moderniste américain, Elliott Carter. Élève de Nadia Boulanger dans les années 1930, il a composé plus de 60 œuvres après ses 90 ans. Il est décédé en 2012 à 104 ans.

 

L’impression de la Sonate de Bartók est encore vive quand les premières notes du poétique « Prélude à la nuit » de la Rhapsodie espagnole de Ravel nous en extirpent. Jouant son thème persistant de quatre notes, Claire Désert nous invite avec douceur et fermeté dans l’univers espagnol de Ravel, telle une mère qui arrache son petit de la voiture tamponneuse pour retrouver la famille devant la grande roue panoramique. Le deuxième mouvement, « Malagueña », est plus vif et gracieux, tout comme le flamenco qui l’a inspiré. Les percussions, notamment le tambourin, accentuent le rythme et créent une ambiance méridionale qui se fond dans le décor provençal.  Dans la « Habanera », mouvement lent et séduisant, Claire Désert et Emmanuel Strosser évoquent, avec la complicité de Camille Baslé et Georgi Varbanov, une vision d’Espagne rêvée, floue et lointaine. Les quatre musiciens se retrouvent de « Feria » pour un finale éclatant de joie et de couleurs orchestrales. Les applaudissements et les « brava » qui retentissent dans l’auditoire prolongent l’exubérante atmosphère de carnaval.

 

 

Georgi Varbanov, le premier percussionniste solo à l’Orchestre national d’Île-de-France, interprète ensuite son arrangement pour marimba de Gonodikansko horo, danse traditionnelle bulgare. Avec une vélocité vertigineuse, Varbanov nous entraîne dans le tourbillon d’une danse en cercle endiablé où on s’agrippe à notre voisin alors que le sol se dérobe sous nos pieds.

 

Nos têtes en tournent encore quand retentissent les premières mesures sèches et pulsées des pianos du premier mouvement des Danses symphoniques op. 45 de Rachmaninov. Accentué par les percussions, le début de « Non allegro » est revigorant. Après l’introduction capricieuse et vigoureuse, le développement est imprégné de nostalgie de sa Russie natale. Rachmaninov a écrit les Danses symphoniques aux États-Unis en octobre 1940. C’était sa dernière œuvre majeure avant sa mort en 1943.

 

Les musiciens enchaînent avec la danse finale, « Lento assai – Allegro vivace », une lutte entre le thème du Dies Irae représentant la mort et une citation de sa Veillée nocturne (1915) dont les paroles racontent la résurrection du Christ. Ce dernier thème triomphera dans un finale brillant. Les Danses symphoniques sont une œuvre percutante et élégante, avec une ponctuation musicale électrisante et des passages d’une nostalgie déchirante. Claire Désert, Emmanuel Strosser, Camille Baslé et Georgi Varbanov nous en livrent une version pour deux pianos et percussion pétrie de couleur et d’émotion, intense, contrastée et magistralement exécutée. En bis, Claire Désert et Emmanuel Strosser jouent Ma mère l’Oye de Ravel à quatre mains, avec un accompagnement délicat de percussions.

 

À en juger par l’accueil enthousiaste des spectateurs au parc de Florens, le concert dédié au piano et percussions a été un franc succès. On ne peut qu’espérer que les prochaines éditions nous permettront de revisiter ce répertoire, et même d’explorer des créations plus contemporaines ?

Visuels : © Valentine Chauvin