25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme    25.04.25 : Jean-Paul Montanari, l’iconique directeur de Montpellier Danse meure à l’aube de sa dernière édition    21.04.2025 : Le pape François est mort    08.04.2025 : Robert De Niro recevra Palme d’or d’honneur du 78e Festival de Cannes    27.03.2025 : Le tribunal correctionnel de Dar El Beida condamne Boualem Sansal à 5 ans de prison ferme
Agenda
Musique
Auteurs et Autrices
Partenaires
Qui sommes-nous?
Contact
Agenda

À la Philharmonie de Paris, Beatrice Rana et l’Orchestre de Radio France éblouissants dans Tchaïkovski et Chostakovitch

par Hannah Starman
27.04.2025

Ce 25 avril, la pianiste italienne Beatrice Rana séduit le public parisien avec un énergique Concerto n° 1 de Tchaïkovski. Dans la deuxième partie de cette grande soirée russe, l’Orchestre de Radio France sous la baguette de Mikko Franck nous livre une éclatante et sombre Dixième symphonie de Chostakovitch.

Beatrice Rana brille dans le Premier concerto de Tchaïkovski

 

Composé à Moscou en 1875, le Concerto pour piano n° 1 est l’une des plus grandes œuvres de Tchaïkovski et parmi les plus connues du répertoire. Pourtant, le premier dédicataire de l’œuvre, Nikolai Rubinstein, directeur du conservatoire de Moscou et ami du compositeur, a jugé la partition « répugnante » et « impossible à jouer ». Profondément choqué par cette critique, Tchaïkovski change la dédicace au profit de Hans von Bülow qui créera le célébrissime concerto, le 25 octobre 1875, à Boston. Le succès retentissant de l’œuvre dès sa création a amené Rubinstein à changer son avis et il est même devenu l’un des plus grands interprètes de ce concerto.

 

Le Premier concerto combine une difficulté technique redoutable pour le piano avec une écriture grandiose, presque symphonique, pour l’orchestre. Le premier mouvement commence par un fortissimo de quatre cors, accompagné d’accords orchestraux qui modulent rapidement vers le thème solennel et lyrique. Le piano entre avec force et développe la mélodie portée par les violons et les violoncelles, jusqu’à la cadenza qui précède le dernier retour de la grande mélodie passionnée.

 

Beatrice Rana, pianiste de 32 ans, native de Lecce dans les Pouilles, et artiste en résidence à la Maison de la Radio, connait bien ce concerto qu’elle joue sans partition. C’est avec le Premier concerto de Tchaïkovski qu’elle a emporté le 1er Prix et tous les Prix spéciaux du Concours de Montréal en 2011 et elle a enregistré l’œuvre chez Warner Classics en 2015. Rana aborde ce concerto débordant de sentimentalité avec une vigueur sobre et fraîche, sans pathos, et dans un dialogue captivant avec l’Orchestre de Radio France, dirigé par Mikko Franck visiblement en grande forme. Rana n’a aucune difficulté à monter en puissance avec ou contre l’orchestre et son toucher poétique et viril est ensorcelant de grâce.

 

 

Après le début majestueux, Allegro con spirito suit dans la tonalité mineure avec un thème folklorique ukrainien, basé sur une mélodie que Tchaïkovski a entendue jouée par un musicien aveugle sur un marché près de Kiev. Selon le musicologue David Brown, Tchaïkovski aurait également glissé une phrase musicale de quatre notes cryptées à partir de son nom, et une phrase de trois notes tirées du nom de la mezzo-soprano belge Désirée Artôt, la seule femme à lui avoir inspiré une ardeur romantique. Après un passage aérien et un peu lent, le piano s’emballe et virevolte, tel le cœur fougueux du compositeur, avant de s’apaiser dans un délicat filigrane de trilles, interrompu par un dernier climax triomphant de l’orchestre.

 

Le deuxième mouvement débute par des accords pizzicato et une mélodie portée par la flûte qui fait le tour des pupitres et dialogue avec le piano qui exécute un sublime passage virtuose, avant que le hautbois n’introduise une nouvelle idée qui sera reprise par la petite harmonie et les vents. Le violoncelle reprend le premier thème, suivi du piano qui entre dans un rythme rapide tourbillonnant duquel émerge la mélodie de l’air populaire français « Il faut s’amuser, danser et rire », la chanson préférée de Désirée Artôt.

 

Le mouvement final, en forme de rondo commence par un thème martial et optimiste basé sur une chanson ukrainienne printanière (vesnyanka). La mélodie est portée par le piano jusqu’à ce que l’orchestre en joue une variation en fortissimo fracassant. Le deuxième thème, basé sur la chanson folklorique « Je vais à Tsar-gorod », est d’abord joué par les violons, puis repris par le piano. Suit une mélodie lyrique et expansive, parsemée de petits épisodes avec des rythmes pointés sautillants, qui se termine par un crescendo dans une reprise du tutti orageux.

 

Les applaudissements insistants font revenir Beatrice Rana cinq fois sur scène. Son bis, la quatrième Romance sans paroles de Felix Mendelssohn, conclut la première partie de la soirée en beauté.

 

Une parfaite Dixième symphonie de Chostakovitch par Mikko Franck

 

Après l’entracte, Mikko Franck et le l’Orchestre de Radio France s’attaquent à l’une des symphonies les plus emblématiques de Dimitri Chostakovitch. Sombre, âpre et farouche, la Symphonie n° 10 est un témoignage éminemment historique et profondément intime. Car la partition de la Dixième symphonie de Chostakovitch, tout comme celle du Premier concerto de Tchaïkovski, cache, elle aussi, le nom d’une femme aimée.

 

 

Staline est mort le 5 mars 1953, après avoir terrorisé son peuple pendant 31 ans. Pour Chostakovitch, l’une des cibles privilégiées du dictateur et de ses sbires, la disparition du « petit père du peuple » a été un évènement majeur. Il n’avait pas écrit de symphonie depuis la dénonciation officielle de sa Symphonie n° 9, et de sa mise au ban par Jdanov en 1948. Sa musique n’était plus jouée et il a perdu son poste d’enseignant à Moscou. Pour survivre, il était contraint d’écrire des chants héroïques pour les chœurs et des partitions pour des films patriotiques. Mais, à cette même période, Chostakovitch était éperdument amoureux d’Elmira Nazirova, l’une de ses anciennes élèves qu’il avait rencontrée en 1947 au Conservatoire de Moscou.

 

Âgée de 25 ans à la création de la Dixième à Leningrad en décembre 1953, Nazirova était une pianiste et compositrice azérie. Chostakovitch a visité Bakou deux fois en 1952 et la relation a évolué vers une intimité intellectuelle, des longues promenades et des échanges autour de Beethoven et Mahler. En août 1990, la veille de son départ pour Israël où elle décédera en 2014, Nazirova révèle au public les lettres que Chostakovitch lui avait adressées. Au fil de son écriture nerveuse, le compositeur lui exprime un amour intense, pur et désespéré. Dans la lettre du 21 août 1953, Chostakovitch explique à son ancienne élève qu’il avait incorporé le nom d’Elmira (E-La-Mi-Ré-A) à côté de sa signature (D-Es-C-H) dans le thème du troisième mouvement, la musique qu’il avait entendue dans son rêve.

 

Comme toute l’œuvre de Chostakovitch, sa Dixième symphonie est porteuse de multiples messages et intimations. Sa première symphonie après huit ans de silence est, certes, une cinglante condamnation du stalinisme et un « portrait musical du dictateur », comme Chostakovitch l’aurait décrit à Volkov dans Témoignage, mais la n° 10 est aussi une expression des sentiments cachés du compositeur. Au-delà de la signification des deux signatures dans le troisième mouvement, le motif E-La-Mi-Ré-A est également proche des cris des singes hurleurs dans le Chant de la Terre de Mahler. Aida Huseynova, amie et confidente de Nazirova, y identifie le commentaire ironique du compositeur qui « révèle l’essence de la relation entre Chostakovich et Nazirova. »

 

L’interprétation de l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la baguette Mikko Franck, aborde la partition avec un soin du détail et une lecture à plusieurs niveaux. Le récit de Franck est cohérent et captivant, tendu comme un arc et grisant du début à la fin. Dès les premières mesures, le public est tenu en haleine par le solo languissant de la clarinette, qui devient une déchirante lamentation du basson et s’installe dans une ambiance sombre et menaçante du contrebasson et des percussions. Assis sur le bord de son siège, le spectateur anticipe avec frémissement la terreur de la première déferlante des cors qui répètent encore et encore, le motif de trois notes descendantes.

 

Le deuxième mouvement est un galop féroce avec des rythmes répétés sans relâche, des attaques sauvages et un tempo effréné qui suggère une destruction incessante et cauchemardesque. L’Orchestre de Radio France joue cet Allegro dévastateur avec une émotion parfaitement tenue. Accompagnée d’une indéniable prouesse technique. Mikko Franck sait mettre les musiciens en valeur et ils le lui rendent bien.  Le motif d’une version distordue de Dies Irae, porté par les vents dans l’agitation, ainsi que de nombreuses autres nuances de ce terrifiant « portrait de Staline », sont remarquablement relevés dans cette interprétation résolument habitée.

 

Les violons ouvrent le troisième mouvement comme une gavotte élégante, mais rapidement, Chostakovitch subvertit le mètre pour imposer un rythme mal emmanché qui dégringole dans une ambiance de fête de village. Le cor intervient avec une fanfare soutenue de cinq notes, la première apparition d’Elmira, à laquelle les cordes répondent avec mélancolie. La petite harmonie décalée ajoute à l’anxiété grandissante, le thème de quatre notes – la signature de D-Es-C-H – émerge et les cordes la répètent avec insistance. La séquence de cinq (Elmira) et quatre (Chostakovitch) notes alterne juste avant la fin déroutante du mouvement. Tandis que le cor rappelle les initiales d’Elmira, le piccolo répond D-Es-C-H trois fois. Le compositeur se réserve le dernier mot dans ce dialogue fragile et inachevé.

 

Le finale démentiel, pétri d’ironie, de désespoir, de triomphe et de défiance, scandant la signature de Chostakovitch, est une fabuleuse démonstration de virtuosité, de puissance et de fureur que l’Orchestre de Radio France et Mikko Franck incarnent parfaitement. Le public les remerciera d’une salve d’applaudissements chaleureux et amplement mérités.

Visuels :  © Caroline Doutre